La Méditerranée façonnée par les sciences humaines en France

Introduction

Depuis quelques années, la Méditerranée est étudiée par les chercheurs comme un « concept »[1] plutôt que comme une entité naturelle et géographique intangible. Aussi, l’imaginaire est-il au moins aussi important que les réalités dans cet espace dit « méditerranéen » dont les contours ne sont pas strictement fixés. En effet, tantôt « mer », tantôt « continent »[2], la Méditerranée n’a pas toujours existé : le mot « Méditerranée », comme le montre l’historienne Anne Ruel, est issu d’un adjectif, « méditerrané »[3] qui n’apparaît pas avant le XVIème siècle et ne s’applique qu’à qualifier de manière indistincte, comme le fait encore Jean-Jacques Rousseau en 1762, « ce qui est au milieu des terres et séparé des continents »[4]. En 1769, le naturaliste Georges-Louis Leclerc de Buffon entreprend même d’énumérer tout un ensemble de mers méditerranées dans le monde[5].


[1] Voir « Débat sur le concept de Méditerranée » in L’Espace géographique, tome 24, n°3, 1995, pp.209-222.
[2] Robert Ilbert, « Méditerranée : mer ou continent ? » ; entretien donné à la revue Terres Marines, n° 4, 1992.
[3] Voir Anne Ruel, « L’Invention de la Méditerranée », in Vingtième Siècle, n°32, octobre-décembre 1991. pp. 7-14. En 1708, le Dictionnaire universel, géographique et historique de Thomas Corneille présente comme une Méditerranée la « mer qui commence au détroit de Gibraltar et qui parcourt plus de mille lieues jusqu’au royaume de Syrie [...] On lui a donné le nom de Méditerranée, à cause qu’étant au milieu de toutes les terres de l’Ancien Monde, elle les divise en trois parties, qui sont l’Europe, l’Asie, l’Afrique ».
[4] Jean-Jacques Rousseau, Emile ou de l’éducation, Francfort, 1762, tome 4.
[5] Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle, preuve de la théorie sur la terre, Paris, imprimerie nationale, 1769, tome 2.

Introduction

Partie 1

Partie 2

Partie 3

Conclusion

Bibliographie

Résumé

Depuis quelques années, la Méditerranée est étudiée par les chercheurs comme un « concept » plutôt que comme une entité naturelle et géographique intangible. Aussi, l’imaginaire est-il au moins aussi important que les réalités dans cet espace dit « méditerranéen » dont les contours ne sont pas strictement fixés. En effet, tantôt « mer », tantôt « continent » , la Méditerranée n’a pas toujours existé : le mot « Méditerranée », comme le montre l’historienne Anne Ruel, est issu d’un adjectif, « méditerrané » qui n’apparaît pas avant le XVIème siècle et ne s’applique qu’à qualifier de manière indistincte, comme le fait encore Jean-Jacques Rousseau en 1762, « ce qui est au milieu des terres et séparé des continents » .

Auteur

Gastaut YVAN
Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Nice-Sophia Antipolis, URMIS