Lectures et recyclages contemporains des architectures en Méditerranée

Introduction

Lectures et recyclages contemporains des architectures de la Méditerranée
 
 
 
L’objet de cet article est de montrer comment la sensibilité et le goût, l’idéologie et les mythes, la conjoncture politique et les enjeux professionnels, ont conduit des groupes d’architectes à différents moments de la séquence contemporaine (XIXe et XXe siècles) à s’emparer de la question d’une relecture et d’une actualisation des (autant dire d’emblée certaines) architectures historiques des pays riverains de la Méditerranée.
 
Nous le ferons en partant de l’hypothèse qu’il y a trois moments – trois plages historiques – qui caractérisent ce rapport au patrimoine méditerranéen du milieu disciplinaire de l’architecture, et que dans chacun de ces moments se manifestent des conceptions différentes et parfois même contradictoires du contenu, des formes et de la gestion de cet héritage.
S’agissant des doctrines d’architecture, l’enjeu principal et récurrent est la formulation d’un contenu concret du rapport modernité / tradition. Mais les dimensions économiques et stratégiques, philosophiques et politiques propres à chaque période viendront complexifier et faire évoluer les termes de ce rapport.
 
Ces périodes sont les suivantes :                                                                         
- La première s’étend du milieu du XVIIIe siècle à la première guerre mondiale. Elle voit se confronter le néo-classicisme - une relecture de l’héritage gréco-romain - avec l’orientalisme.
- La deuxième couvre la période de l’entre-deux guerres mondiales. Autour de la notion de « méditerranéité » s’opposent des acceptions nationalistes et réductrices de l’idée méditerranéenne en architecture (latinité en Italie, grécité en Catalogne) et une vision plus universaliste. Cette dernière orientée sur une vision humaniste du « mariage » de l’Orient et de l’Occident sera portée - non sans ambiguïtés - par un groupe d’architectes du Mouvement moderne.
 
- La troisième s’étend des années 50 à nos jours, et se caractérise par un renouveau du thème identitaire pensé comme une dimension locale, plutôt d’échelle régionale. Dans cette période, la pensée universaliste et internationaliste, qui perdure, sera confrontée à des démarches sensibles et des traditions culturelles et constructives spécifiques dans lesquelles l’argument méditerranéen semble définitivement se dissoudre au bénéfice de lieux précis, plus géographiquement et culturellement circonscrits.
 

Précisons enfin qu’il est désormais établi qu’il existe des visions nationales, et donc différentes, de la question qui nous occupe, qui engagent la division entre nord et sud, le partage entre Orient et Occident. Le texte qui suit, autant le dire, aura du mal à échapper à un certain ethnocentrisme, plutôt positionné sur les rives de la Méditerranée nord-occidentale.

Introduction

Néo-classicisme versus oriental...

Grécité, romanité et latinité v...

Architecture moderne adaptée ve...

Bibliographie

Résumé

L’objet de cet article est de montrer comment la sensibilité et le goût, l’idéologie et les mythes, la conjoncture politique et les enjeux professionnels, ont conduit des groupes d’architectes à différents moments de la séquence contemporaine (XIXe et XXe siècles) à s’emparer de la question d’une relecture et d’une actualisation des (autant dire d’emblée certaines) architectures historiques des pays riverains de la Méditerranée. [...]

Auteur

Bonillo Jean-Lucien
Architecte et historien, Professeur à l'ENSA Marseille.