L'immigration clandestine en Méditerranée

Introduction

 

L’immigration clandestine en Méditerranée

(fin XXe-début XXIe siècles)

La Méditerranée représente une zone géographique où la mobilité des hommes reste très forte : Fernand Braudel la considérait comme « un espace-mouvement ». Malgré les mesures coercitives et les moyens logistiques mis en place par les États méditerranéens pour filtrer les flux de migrants, une bonne partie de ces derniers échappe à tout contrôle. Dès lors les analyses fondées sur les statistiques officielles s’avèrent peu fiables : il n’existe pas de chiffres précis de l’immigration illégale qui par définition ne se recense pas. L’attraction exercée par les pays riches du bassin méditerranéen, véhiculant le mythe d’un idéal de société, dynamise la mobilité des individus.
 
 
Orientée principalement du Sud vers le Nord, elle pousse des « indésirables » à contourner les barrières naturelles, juridiques et policières. L’immigration illégale prend ainsi deux formes : irrégulière et clandestine. Les vicissitudes sécuritaires et morales posées par cette situation alimentent les débats passionnés autour de la régularisation des sans-papiers, de l’insécurité, de la religion, de la préférence nationale et de l’identité nationale. Ces thématiques récupérées avec profit par les mouvements d’extrême droite, occupent une place importante dans les opinions publiques européennes et plus particulièrement lors des campagnes électorales ou à l’occasion de faits divers tragiques.
Ayant compris qu’ils ne peuvent lutter d’une façon unilatérale contre l’immigration illégale, les Européens mobilisent leur diplomatie afin d’associer les pays d’émigration ou « de transit » à leur politique restrictive. Le prix à payer pour cette association consiste à subir des formes de chantage politique des pays du Sud comme la Libye, à leur accorder des aides matérielles pour renforcer les moyens de la police aux frontières, à financer des projets de développement et à alléger les restrictions imposées à certaines catégories de migrants (hommes d’affaires, étudiants, stagiaires...). Malgré ces mesures, les images médiatiques d’interceptions de chalutiers, zodiacs et autres embarcations transportant des migrants illégaux, celles des macabres découvertes de clandestins noyés et de l’arrestation de réseaux de trafiquants font régulièrement la « une » de l’actualité. Notice
 
 

Pour mieux comprendre l’immigration clandestine dans ses dimensions juridiques, diplomatiques et humanitaires, une première approche, à partir de ses points névralgiques dans l’espace méditerranéen, semble indispensable.

Introduction

Un axe central, entre Tunisie e...

La Libye, une situation ambival...

Partir ou transiter par le Maroc

La Turquie, une plaque tournante

Résumé

La Méditerranée représente une zone géographique où la mobilité des hommes reste très forte : Fernand Braudel la considérait comme « un espace-mouvement ». Malgré les mesures coercitives et les moyens logistiques mis en place par les États méditerranéens pour filtrer les flux de migrants, une bonne partie de ces derniers échappe à tout contrôle. Dès lors les analyses fondées sur les statistiques officielles s’avèrent peu fiables : il n’existe pas de chiffres précis de l’immigration illégale qui par définition ne se recense pas. ...

Auteur

Ben Khalifa Riadh
Maître-assistant en histoire, Université de Tunis, Institut supérieur des Sciences appliquées en humanités.

GASTAUT Yvan
Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Nice-Sophia Antipolis, URMIS.