La Méditerranée, pensée comme un ensemble politique et culturel, procède d’une lente sédimentation historique et d’une perception singulière du partage de l’espace. Les représentations du ou des monde(s) méditerranéen(s) dépendent fondamentalement des pays et des périodes que l’on interroge. Du point de vue français et européen, cet espace a acquis ces dernières temps, une place incontournable dans les enjeux politiques, économiques et diplomatiques. Les questions de droits de l’homme ou de conflits internationaux résonnent à l’échelle du monde. La mobilité humaine, migratoire ou touristique, en fait une zone essentielle de rencontres entre le Sud et l’Europe. Les agencements ou les confrontations entre les trois monothéismes (christianisme, islam et judaïsme) ainsi que les civilisations qui ont succédé participent aussi d’une importante dimension symbolique de cet espace.

 

Par ailleurs, des dispositifs internationaux tels que le Partenariat euroméditerranéen (PEM) ou l’Union pour la Méditerranée (UPM) ont cherché à défier les affrontements potentiels de cette mer perçue comme une frontière. Outre les grands enjeux « classiques » mis à jour par la recherche[1], le rôle des médias et des réseaux sociaux n’ont cessé de démontrer leur importance dans cette configuration, à la lumière, notamment, des récentes « révolutions arabes ». Dans ce contexte, deux projets de sauvegarde et de diffusion des archives audiovisuelles des télévisions nationales de la Méditerranée ont vu le jour grâce au PEM. Le projet CapMed  (2000-2005) a permis de sauver les archives télévisuelles de douze pays méditerranéens menacées de disparition en raison de la dégradation des supports. Il a été nécessaire de les numériser pour les sauvegarder et les rendre accessibles dans les milieux professionnels. Ce passage à la numérisation s’est accompagné de sessions de formation de documentalistes ou de techniciens de l’image dans les centres d’archives des télévisions partenaires. Le projet  MedMem. Mémoires audiovisuelles en Méditerranée, lancé en 2009, inauguré à Marseille en octobre 2012 et présenté officiellement à la presse internationale et à l’Union européenne à Rabat et Fès, en janvier 2013, visait à constituer un site internet gratuit et éditorialisé à partir d’une sélection d’archives télévisuelles de pays méditerranéens, sur le modèle des fresques interactives de l’INA, du type Jalons pour l’histoire du temps présent[2]. De part leur démarche, ces projets se situent à l’intersection entre des problématiques mémorielles, institutionnelles, politiques et universitaires. Ils mettent certes en jeu l’émergence d’un espace politique méditerranéen et la prise de conscience d’un patrimoine télévisuel dans cet espace mais participent également à structuration des politiques et des études dites méditerranéennes.

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