De lieux en liens |
|
Titre de la collection
Je me souviens ...
Date de première diffusion
2010
Résumé
Mikhael Raphael est arrivé en France en 1971, à l'âge de 19 ans.
Il exerce la profession de médecin-cardiologue à Aubagne et nous fait partager quelques souvenirs d'enfance au Liban.
Sociétés de production
-
Satis - Production propre
Chaîne de première diffusion
Other
Forme audiovisuelle
Portrait
Thème principal
Enjeux historiques contemporains XIXe-XXIe s.
Thème secondaire
- Economie / Agriculture, élevage
- Société et mode de vie / Familles et parentés
- Société et mode de vie / Pratiques religieuses
Générique
- Rhoufari Mathieu - Réalisateur
Lieux
- Liban - Plaine de la Bekaa - Ras Baalbeck
- France - Sud Est - Aubagne
Langue d'origine
Français
Contexte
Mickael Rafael
Sophie Gebeil
Le village de Raas Baalbeck se situe au Nord-Est du pays dans la plaine de la Bekaa. Dans cette partie du pays, nombreux sont les villages dans lesquels cohabitent traditionnellement deux communautés confessionnelles : les chrétiens et les chi’ites. Les musulmans chi’ites sont une branche minoritaire de l’islam née durant les conflits d’héritage ayant succédé à la mort du prophète Mohammed. Les chi’ites regroupent les musulmans qui ont suivi Ali, le cousin et fils adoptif du prophète (chi’ia en arabe signifie le parti). S’il est difficile de territorialiser les diverses communautés religieuses du pays, ils sont installés au Nord de la Bekaa, au Sud du Liban ainsi qu’à Beyrouth. Les chi’ites sont également nombreux en Syrie, en Irak et en Iran où ils sont majoritaires. La fête évoquée dans le film est celle d’Achoura qui a une signification particulière pour les musulmans chi’ites puisqu’elle commémore la mort d’Husayn, fils d’Ali, par les troupes du calife omeyyade Yazid 1er en 680 à Kerbala (Iraq actuelle) considérée comme une injustice.
Le territoire libanais caractérisé par ses chaînes de montagne a longtemps constitué un refuge pour les minorités religieuses du monde arabe. Les chrétiens maronites, catholiques, protestants, orthodoxes côtoient les musulmans sunnites (branches majoritaires de l’islam), chi’ites et la communauté druze. Durant la guerre civile (1975-1990), les enjeux politiques (conflit israélo-arabe et présence palestinienne au Liban) ont coïncidé avec les tensions religieuses. Les milices, souvent d’origine confessionnelle, se sont affrontées durant quinze années : ainsi, l’imam chi’ite Moussa Sadr (1928-1978), cité dans le film, a fondé le mouvement armé Amal, tandis que les Forces libanaises regroupaient majoritairement des chrétiens. La milice Amal n’a cependant pas pris parti après la mort de l’imam, celui-ci ayant fait du dialogue islamo-chrétien l’une de ses priorités. Il a ainsi assisté à l’intronisation du pape Paul VI en 1963 et a défendu la notion d’Etat-nation libanais face à la tentation de l’affrontement armé.
Du fait des massacres, des exactions, des barrages, les deux tiers de Libanais ont été contraints de quitter leur domicile durant la guerre et un tiers d’entre eux n’a pas récupéré sa résidence à l’issue du conflit. De plus, les déplacements des populations se sont effectués selon des logiques d’homogénéisation confessionnelle, au détriment de la mixité. Ainsi, les chrétiens de la Bekaa ont principalement migré vers la zone Est de Beyrouth. Cependant ces mouvements de populations ont coïncidé avec une tendance plus profonde, antérieure à la guerre, que constituent l’urbanisation et la déprise rurale. En effet, dès les années 1960, nombreux sont les habitants des zones rurales à rejoindre les grandes villes de la côte en plein essor pour y trouver du travail. L’urbanisation a accompagné le développement du pays qui s’est accentué après la guerre. La société libanaise a ainsi adoptée un mode de vie plus urbain, caractérisé par de nouveaux modes de consommation, l’apparition d’un certain confort domestique et l’usage de l’automobile, au détriment du secteur agricole.
La question de l’identité libanaise évoquée dans le film est un enjeu crucial de la réconciliation d’après-guerre. Favorisée par l’Etat, elle se fonde parfois sur la convergence religieuse comme le montre les mises en scène autour de la fête de l’Annonciation partagée par les chrétiens et les musulmans. La définition d’une identité libanaise spécifique, a accompagné la création du pays en 1943. Dans les premiers temps, elle devait légitimer la création du Liban en opposition au projet d’une grande Syrie rassemblant les deux pays actuels. Que ce soit par attachement à la présence phénicienne durant l’Antiquité, à la musique, au mode de vie ou à l’art, la guerre a fait de cette quête d’identité une injonction : parvenir à vivre-ensemble au-delà des clivages politico-confessionnels internes et des conflictualités régionales multiples.
Géolocalisation sur Googlemaps des lieux cités :
Bibliographie et sitographie :
MERMIER Franck et VARIN Christophe, Mémoire de guerre au Liban (1975-1990), Sinbad, Actes Sud, Paris, 2010
SENAC Philippe, Le monde musulman des origines au XIème siècle, SEDES, Paris, 1999
VERDEIL E., FAOUR G., VELUT S.,
Atlas du Liban. Territoires et société, IFPO – CNRS Liban, Beyrouth, 2007. Disponible en ligne, consulté le 10.12.11, <
http://ifpo.revues.org/402>.
NASSER Liliane Rada, Ces Marseillais venus d'Orient, L'immigration libanaise à Marseille aux XIXe et XXe siècles, Editions KARTHALA, Paris, 2010, 255 pages.