- (Silence)

- Comme des bibliothèques aux multiples rayons que l’on classe, déplace, aménage, lentement nos identités se recomposent.

- Je t’aime, moi non plus.

- Je m’appelle Rabbia Belbouab, j’ai 63 ans.

- Je viens de la Petite Kabylie, je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans et demie, en 1954.

- Je suis rentrée directement à l’école, en fait j’ai pris assez rapidement conscience que à l’école c’était la France et à la maison c’était l’Algérie.

- Moi j’avais opté pour l’éducation à l’école.

- (Silence)

- Le jeudi donc je disais que j’allais faire du sport avec l’école et j’allais au cinéma.

- Mon père disait : "Mais ça c’est pas mes enfants en fait. C’est pas l’éducation que j’ai donné à mes enfants."

- Mais il aurait voulu qu’on soit Algériens à l’extérieur également.

- (Silence)

- Je voulais pas être Algérienne en fait, ça me posait des problèmes.

- (Musique)

- C’était aux alentours des années 90-93.

- Mes filles avaient trouvé une location et elles m’ont invité à aller en Corse.

- Et là, en arrivant il y a quelque chose qui s’est réveillé en moi.

- D’abord les odeurs, la sensation de cette chaleur, de ce soleil brûlant.

- J’ai eu un réveil, je me croyais en Algérie.

- (Musique)

- Il faut que je revienne ponctuellement en Algérie, c’est un truc que j’avais laissé de côté, même oublié.

- (Musique)