- (Silence)

- Je me souviens ...

- de la méditerranée, sur une idée originale de Maryline Crivello.

- Je me souviens au collège, mes amis m’appelaient Snoopy.

- Il y a même un professeur qui me disait, allez Snoopy, au tableau !

- Il avait un regard très positif.

- C’était son surnom car elle n’avait pas de nom de famille.

- (Musique)

- Les copains disaient « on va t’appeler Snoopy, c’est plus sympa, on verra pas que t’as un sigle comme ça ».

- (Musique)

- Sara, tes grand-parents sont arrivés à Marseille le 1er novembre 1962.

- Avec mon grand frère et ma grande sœur.

- Elle n’avait que deux mois.

- Bien que nés en Algérie, ils étaient considérés comme Marocains.

- Durant l’occupation française, pour distinguer facilement les Marocains des Algériens, les Marocains étaient répertoriés sans nom patronymique.

- Ils sont ensuite venus habiter à Aubagne ou plusieurs personnes venaient de Tlemcen.

- Mais nous nous étions la seule famille SNP.

- Si j’avais su qu’à Marseille il y en avait d’autres, je me serais sentie beaucoup moins seule.

- Ma mère l’a mal vécu.

- Vous ne pouvez pas percevoir de bourse scolaire.

- Mon père ne pouvait pas avoir de passeport.

- Pendant des années, il n’a pas pu voir son père.

- (Silence)

- Mes frères et sœurs refusaient de s’appeler SNP, alors mon grand frère se faisait appeler Amar, le prénom de mon grand père.

- Aicha et Karima avaient décidé de porter le prénom de mon père, Larbi.

- Sur la boîte aux lettres, il y avait les 3 :

- SNP, Larbi et Amar.

- Je leur disais :

- « Mais les gens vont croire qu’on n’est pas de la même famille ».

- Il me répondaient :

- « Ca ne fait rien , c’est un sigle, pas un nom, on ne le portera pas » .

- J’avais peur pour eux, une fausse identité.

- La directrice avait puni ta tante à cause de ça.

- « Mais pour qui tu te prends ?

- Changer ton nom ?

- »

- (Silence)

- En 1985, on a enfin pu s’appeler Bousabaa.

- Il a fallu suivre une procédure administrative lourde entre l’Algérie, le Maroc, et la France.

- Lorsqu’on a pu s’appeler Bousabaa, je te raconte pas la fête à la maison.

- (Silence)

- Il y a des gens qui se battent pour qu’il y ait la paix dans le monde, d’autres contre une maladie,

- notre famille a du se battre pour la reconnaissance du nom de nos ancêtres :

- Bousabaa, la tribu des 7 oiseaux.

- Des 1860, les autorités françaises imposent l’état civil en Algérie.

- Les Algériens doivent donc adopter un nom tandis que la communauté marocaine d’Algérie se voit imposer la dénomination « Sans nom patronymique ».

- Fatia a repris le nom de Bousabaa avant son entrée au lycée.

- Mère d’une fille de 15 ans, elle port aujourd’hui le nom de Benafia, un nom qu’on peut traduire par « les gens du feu

- Larbi Bousabaa, père de 9 enfants, reproche avec humour à ses filles de ne pas avoir gardé leur nom patronymique.

- (Musique)