Cyril Isnart

 

Jérusalem, ville sainte partagée par plusieurs confessions et plusieurs entités politiques,  est un de ces hauts lieux qui conjuguent des valeurs religieuses exacerbées, des conditions de conservation du patrimoine historique très particulières et un usage intense de dizaines de sites que les touristes, pèlerins et habitants fréquentent sans discontinuité. Le plan de restauration mis en place par une association non gouvernementale palestinienne destinée à la population de Gaza et du Liban, Welfare Association, touche autant aux infrastructures collectives de la vie quotidienne des habitants qu’à la restauration des monuments ou des équipements publics comme les bibliothèques et les musées. Les chantiers utilisent des méthodes locales traditionnelles et constituent de véritables lieux de formation pour les ouvriers qui peuvent expérimenter directement leurs nouvelles connaissances et accéder à un travail qualifié. De plus, le programme privilégie la restauration d’habitations pour tenter de régler le problème de logement dont souffre les Palestiniens dans le périmètre de Jérusalem.

Le programme de restauration a débuté en 2000, en fondant une base de données architecturales couvrant plus 3.500 édifices ainsi que le Achitectural Heritage Preservation Institute, une structure qui permet de diffuser l’information de la base de données et d’organiser des chantiers pratiques de formation aux techniques de restauration, comme des ateliers plus théoriques faisant intervenir des experts internationaux. Les activités de la Welfare Association s’étendent également à Naplouse, où l’expérience de Jérusalem a été transplantée afin de revitaliser le centre ville historique de manière durable pour la population.

Le patrimoine historique de Jérusalem constitue l’une des voies possibles d’action de reconnaissance du pouvoir politique palestinien, la stratégie de la Welfare Association dans le domaine culturel ayant sans doute ouvert la voie à l’inscription de la basilique de la Nativité sur la liste du patrimoine mondial des sites en danger de l’Unesco en 2012 et révèle ainsi les usages politiques et diplomatiques que le patrimoine peut revêtir au début du XXIe siècle, au-delà de sa valeur historique et de son rôle de catalyseur de la dynamique économique.

 

Site du projet Welfare Association de Jérusalem : http://ocjrp.welfare-association.org/en

Liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco : Birthplace of Jesus: Church of the Nativity and the Pilgrimage Route, Bethlehem :  http://whc.unesco.org/en/list/1433

Andézian, S. 2011. Noël à Bethléem. Le sacré à l’épreuve du politique, Paris, Riveneuve éditions.

Wasserstein B. 2002, Divided Jerusalem: The Struggle for the Holy City, Yale University Press, (2nd ed.).