Le côté humain de Naguib Mahfouz |
|
Titre de la collection
Littérature et écrivains
Source
Bibliotheca Alexandrina (EG)
Date de première diffusion
01/02/2007
Résumé
La cinquième édition de la Foire Internationale du Livre de la Bibliothèque d'Alexandrie accueille l'écrivain Mohamed Selmaoui.
Il dédicacera le livre "Naguib Mahfouz: la dernière étape", lors d'une conférence.
Dans ce livre, il traite de la vie de Naguib Mahfouz.
Sociétés de production
-
Bibliothèque d’Alexandrie - Production propre
Chaîne de première diffusion
Bibliotheca Alexandrina
Forme audiovisuelle
Conférence
Thème principal
Langues et littératures
Générique
- Selmaoui Mohamed - Participant
Lieux
- Egypte - Basse Egypte - Alexandrie
Contexte
Le côté humain de Naguib Mahfouz
Richard Jacquemond
Quelques mois après la mort du grand écrivain égyptien, le 30 août 2006, la Bibliotheca Alexandrina rend hommage à Naguib Mahfouz. C’est ici l’écrivain Mohamed Salmawy qui évoque la personnalité du défunt, à travers une série d’anecdotes vécues. En 1971, Mahfouz, qui vient de prendre (à 60 ans) sa retraite de fonctionnaire, intègre le grand quotidien égyptien Al-Ahram comme éditorialiste, un statut par lequel le journal (et, derrière lui, le régime) s’attache les grandes figures intellectuelles du pays. Mohamed Salmawy, alors jeune diplômé de lettres anglaises, débute presque en même temps sa carrière au sein du même quotidien et écrit ses premières nouvelles, qu’il fait lire au « maître ». En 1988, c’est à lui que Mahfouz demande de se rendre à Stockholm à sa place pour y lire, en arabe puis en anglais, son discours de réception du Nobel. Après l’attentat dont il est victime en 1994 (voir le contexte de l’archive « Naguib Mahfouz, le peuple et la civilisation égyptienne » – INA00058), Mahfouz n’est plus en mesure d’écrire sa tribune hebdomadaire pour Al-Ahram, qui prendra désormais la forme d’un entretien rapporté par Mohamed Salmawy. Ce dernier, malgré une carrière aux obligations multiples (il a fondé en 1993 Al-Ahram Hebdo, hebdomadaire en langue française, qu’il dirige jusqu’en 2010, et est élu en 2005 secrétaire général de l’Union des écrivains égyptiens), demeurera proche de lui jusque dans ses derniers jours. Il évoque ici avec émotion les visites qu’il lui rend à l’hôpital où il s’éteindra après 45 jours de coma (à lire dans Naguib Mahfouz, le dernier train).
Sa vie durant, Mahfouz a entretenu de multiples amitiés dans des milieux littéraires et intellectuels égyptiens où la sociabilité n’est pas un vain mot, tenant ici et là différents « salons » fréquentés par des intimes ou des pairs de sa génération et, au fil des années, des écrivains plus jeunes. Sa bonhommie et son ouverture d’esprit sont devenues tout aussi proverbiales que sa discipline de vie rigoureuse et ses traits d’esprits, dont ses pairs faisaient à l’occasion les frais (lire ses entretiens avec Gamal Ghitany et Ragâ’ al-Naqqâch). L’image qu’en donne ici Mohamed Salmawy, conforme à cette représentation, tend à figer l’homme dans la figure du « génie » (le mot revient souvent dans sa bouche), resté-néanmoins-jusqu’au-bout-modeste-et-humain, figure d’autant plus imposée que la disparition du grand homme est encore toute récente. Le fait est que cette représentation quelque peu hagiographique de Mahfouz s’était imposée dès son vivant, le Nobel ayant fait de lui, à partir de 1988, un véritable héros national, à qui l’attentat de 1994 vint ajouter l’aura du martyre.
A sa mort, le régime décida de lui faire des funérailles d’Etat : derrière le cercueil ceint du drapeau, le président Moubarak et une poignée d’officiels en habit de cérémonie, tandis que les milliers d’anonymes désireux de se joindre au cortège étaient tenus à distance par d’épais cordons de policiers. Grand amateur de nokat (blagues), Mahfouz aurait aimé celle qui circula alors : « Qui a assisté aux obsèques de Naguib Mahfouz ? – Le voleur et les chiens » (Le voleur et les chiens est le titre d’un de ses romans les plus connus).
Bibliographie :
Mahfouz par Mahfouz : entretiens avec Gamal Ghitany, trad. Khaled Osman, Paris, Sindbad, 1995
Naguib Mahfouz, Pages de mémoires. Entretiens avec Ragâ’ al-Naqqâch, traduite par Marie Francis-Saad, Arles, Actes Sud/Sindbad, 2007
Mohamed Salmawy, Naguib Mahfouz, le dernier train, trad. Mona Latif-Ghattas, Paris, L’Harmattan, 2009