Le port mythique du Pirée |
|
Titre de la collection
Ports mythiques de la Méditerranée
Date de première diffusion
2009
Résumé
Principal port d'Athènes, centre industriel de Grèce et point de départ des voyageurs vers les îles de la mer Egée, c'est à Thémistocle que l'on doit le choix du site du Pirée pour installer le port d'Athènes, au Ve siècle Av. J.-C., faisant de la capitale grecque une puissance maritime.
Popularisé par la chanson interprétée par Mélina Mercouri, "Les enfants du Pirée" composée par Mános Hadjidákis pour le film "Jamais le dimanche" (1960), le port du Pirée a vu naître les rythmes populaires du rebétiko, dans les années 1920.
Sociétés de production
-
COPEAM - Coproduction
- ERT Radio - Coproduction
Thème principal
Grands ports
Générique
- Petraki Marianna - Journaliste
- Chikhanis Gilbert - Journaliste
Lieux
- Grèce - Centre - Le Pirée
Langue d'origine
Français
Contexte
« Le Pirée »
Gilbert Buti
Avant d’avoir servi de décor à un fameux long métrage (Jamais le dimanche, Jules Dassin, 1960) et être présenté rapidement comme le berceau d’un genre musical (le rebetico), Le Pirée a été et reste le port d’Athènes, le premier port de la Grèce actuelle.
Les Athéniens s’y établirent à la fin du VIe siècle avant notre ère, délaissant la proche rade de Phalère. Le site rocheux du Pirée offrait trois mouillages renforcés par des digues : le plus large, Kantharos, avait une fonction surtout marchande, tandis que les deux autres, Munychie, fortifié par Hippias, et Zéa, abritant les trières (galères à trois rangées de rameurs), servaient aux bâtiments de guerre et à la construction navale. Les fortifications construites à l’époque de Thémistocle (Ve siècle) et détruites par les Perses lors de la première guerre médique furent reconstruites peu avant l’édification des Longs Murs qui relièrent Le Pirée à Athènes (milieu du Ve siècle avant notre ère) et l’aménagement de la ville selon un plan en damier (modèle d’Hippodamos de Milet) Il avait une fonction d’entrepôt pour l’Attique et toute la Grèce à l’exception des céréales qui ne devaient pas quitter le territoire de la cité d’Athènes. La guerre du Péloponnèse, les épidémies, la guerre civile, la perte de navires marchands affaiblirent les activités portuaires. Les échanges maritimes déclinèrent à partir du IIIe siècle au profit de ports voisins à commencer par Délos. Quand la ville fut détruite par Sylla en 86 avant notre ère elle n’était qu’une bourgade bien que le port resta en fonction. La ville connut ensuite de multiples occupations (Wisigoths, Varègues, Ottomans…) et perdit son dynamisme commercial.
Le Pirée ne retrouva de l’importance qu’à la suite de l’indépendance de la Grèce (1830). En 1834, il redevint le port d’Athènes et vit sa population progresser rapidement ; elle passa de moins de 500 habitants en 1840 à 50 000 en 1895 et à près de 100 000 à la suite de la venue de population ayant quitté l’Asie mineure – notamment la région de Smyrne – à la suite de la « Grande catastrophe » comme est qualifié le traité de Lausanne signé avec la Turquie en 1923. Cette venue n’est peut-être pas sans lien avec l’introduction du rebetico, ce genre musical répandue ensuite dans le monde entier.
Les bombardements aériens durant la Seconde Guerre mondiale provoquèrent de lourdes pertes dans la flotte et les installations portuaires et la reconstruction fut l’occasion d’un réaménagement de l’espace portuaire. Aujourd’hui totalement intégrée à l'agglomération athénienne, la commune, en léger recul démographique (196 400 en 1981 et 175 700 habitants en 2001), est néanmoins la troisième ville de Grèce. Jumelée avec le port de Marseille depuis 1984, Le Pirée a connu un remarquable développement dans la seconde moitié du XXe siècle. Il est aujourd’hui la plateforme de toutes les lignes de navigation qui desservent la Grèce continentale et la Grèce insulaire, ce qui lui vaut la première place européenne pour le trafic de passagers (plus de 20 millions transportés en 2005).
Après les Jeux olympiques de 2004, le port de nouveau modernisé n’est utilisé que pour les bateaux de passagers. Le fret commercial et les conteneurs – Le Pirée est devenu le premier port de conteneurs de la Méditerranée orientale – nécessitent des espaces qui ont été trouvés à Keratsini et Ikonion ; les infrastructures pétrolières allant plus loin encore, à Aspropyrgos et Éleusine.
Depuis 2008, l'embarcadère n° 2 du port est passé sous le contrôle d’une société chinoise (Cosco) ; Pékin semblant vouloir en faire une tête de pont en Europe, d’aucuns n’hésitent pas à qualifier Le Pirée de « port chinois en Méditerranée. »
Bibliographie :
R. Garland, The Piraeus, Londres, 1987.
P. Schmitt-Pantel et C. Orrieux, Histoire grecque, Paris, 2004.
C. Mossé et A. Schnapp-Gourbeillon, Précis d’histoire grecque, Paris, 2009.