Le port mythique de Cherchell |
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Titre de la collection
Ports mythiques de la Méditerranée
Date de première diffusion
2009
Résumé
Césarée de Mauritanie, actuelle Cherchell, fut l'une des plus importantes cités du littoral occidental de l'Afrique du Nord antique. Port commercial et militaire, aujourd'hui port de pêche et pôle touristique, il garde le souvenir de son phare, construit sur le modèle du phare d'Alexandrie, puis détruit au cours des invasions et reconstruit à la fin du XIXe siècle.
Sociétés de production
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COPEAM - Coproduction
- Alger Chaîne 3 - Coproduction
Thème principal
Grands ports
Générique
- Ouarab Reda - Journaliste
- Hamadouche Yazid Ait - Journaliste
- Lafer Malika - Journaliste
Lieux
- Algérie - Centre - Cherchell
Langue d'origine
Français
Contexte
Cherchell (ou Sharshal)
Gilbert Buti
Cette ville d’Algérie est située sur la côte du massif de Miliana, à une centaine de kilomètres à l’Ouest d’Alger. Son petit port, le plus ancien d’Algérie, abrité des vents d’Ouest par un îlot et des vents d’Est par le cap Tizirine, a été fondé par les Phéniciens. Il passa ensuite entre les mains des Carthaginois. Au IIIe siècle avant notre ère, sous domination romaine, il devint la capitale de Maurétanie ; en 25 avant notre ère le roi Juba II lui donna le nom de Caesarea. La colonie romaine, entourée d’un rempart de 8 kilomètres, connaît une période de prospérité et renferme peut-être 40 000 habitants au IIe siècle de notre ère ; les restes d’un phare, qui rappellerait celui d’Alexandrie, atteste l’activité maritime. Incendiée lors d’une révolte (371), saccagée par les Vandales au siècle suivant et prise par les Byzantins en 535, Cherchell ne retrouve plus l’éclat du passé.
Au début du VIIIe siècle, elle passe au pouvoir des Arabes, mais le port perd de son dynamisme ; il ne tarde pas à être abandonné et comblé ; les environs où des familles bédouines se livrent à l’élevage du bétail, à la culture de céréales, de la vigne et du figuier, sont régulièrement pillés, ainsi par les Normands de Sicile en XIIe siècle. Durant cette période Cherchell est passée au pouvoir des diverses dynasties qui se sont disputées le Maghreb central.
Au XVe siècle des Maures fuyant l’Espagne de la Reconquista s’y sont établis en grand nombre (peut-être 120 000 familles), s’adonnant à la culture, à l’artisanat, en particulier à celle de la soie, au commerce et à la piraterie. Au début du XVIe siècle, Kara Hasan, corsaire turc, fit de Cherchell sa base navale avant d’être éliminé par un chef de guerre, Arudj, qui établit dans la ville conquise une garnison. Momentanément affranchis de l’autorité turque à la suite de la défaite de Kayr al-din (Barberousse), les habitants de Cherchell durent néanmoins reconnaître de nouveau le pouvoir de Constantinople jusqu’en 1528. Sous la conduite d’Andrea Doria, une tentative de Charles Quint, pour prendre la ville et en faire une base d’opérations contre Alger, échoua en 1531.
Durant la période turque Cherchell dépérit. La population ne dépassa jamais 2 500 à 3 000 habitants et n’occupe qu’une partie de la ville antique. Les déprédations de ses corsaires provoquent en représailles, en 1682, le bombardement du port par Duquesne, aux ordres de Louis XIV. L’autorité turque se maintint en s’appuyant sur quelques puissantes familles comme les Ghubrini dont les ancêtres, venus du Maroc à la fin du XVIe siècle, avaient acquis dans toute la région une influence considérable. Au début du XIXe siècle, ils se brouillèrent cependant avec cette famille, mais la disparition du gouvernement turc en 1830 permit aux Ghubrini de reprendre le pouvoir à Cherchell ; ils se heurtèrent bientôt à l’influence d’une autre famille maraboutique, celle des Brakna. En mars 1840, l’attaque d’un navire français par un corsaire de Cherchell décida le général Valée à occuper la ville et à y installer une colonie de cent familles européennes. Le nouvel établissement traverse une période relativement prospère avec la mise en valeur du proche arrière-pays. Le port connut un regain d’activités lié à la pêche, mais surtout aux relations commerciales avec la France (transport de matériaux de construction et de vin par des pinardiers) alors qu’une petite plage est aménagée à proximité pour les loisirs balnéaires.
Cherchell, qui connaît depuis l’indépendance de l’Algérie une forte poussée démographique (22 000 habitants en 1993 contre 2 700 en 1962), a eu une histoire relativement heurtée. Sa prospérité semble toujours avoir été compromise par l’éloignement des capitales successives du Maghreb central, de Tahert à Alger, capitale actuelle, en passant par Tlemcen.
Bibliographie :
S. Gsell, Cherchel-Tīpaza, Alger, 1896.
M. Bouchenaki, Cités antiques d’Algérie, Alger, 1978.
G. Yver, « Sharshal », Encyclopédie de l'Islam, Brill, 2012.