Le luthier |
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Titre de la collection
Passerelle
Date de première diffusion
28/11/2005
Résumé
L’Algérie étant le carrefour où se sont rencontrées plusieurs cultures, il est naturel que l’artisanat de ce pays soit aussi varié et qu'elle ait inspiré un bon nombre d’artisans, amoureux de leurs métiers et luttant pour les sauvegarder. Karim, un jeune Bejaoui, exprime sa passion pour la musique en fabriquant des instruments. Dans son atelier, il raconte son histoire.
Chaîne de première diffusion
EPTV - Canal Algérie
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Musiques et chants
Thème secondaire
- Economie / Marchés et artisanat
Générique
- Bouarour Samia - Journaliste
Lieux
- Algérie - Centre - Bejaia
Langue d'origine
Français
Contexte
Le Luthier
Yvan Gastaut
Le 28 novembre 2005, un reportage du magazine « Passerelle » programmé sur la chaine généraliste Canal Algérie évoque le travail d’un luthier de petite Kabylie dans son modeste atelier. Amour du métier, tradition, transmission d’un savoir faire et d’une culture musicale empreinte de noblesse, fierté : tels sont les maîtres mots de la philosophie de cet artisan qui explique comment un instrument de musique devient patrimoine.
Instrument de musique à cordes pincées, l’oud, qui vient de l’arabe al-oud (« le bois »), est également connu en Europe sous le nom de luth. Symbole du brassage des populations et des cultures méditerranéennes, cet instrument est apparu dans la civilisation Akkad (vers 2300 avant J.C.) et à Babylone (vers 1800 avant J.C.). Présent chez les Assyriens, dans la civilisation égyptienne mais aussi en extrême orient avec des variantes, l’oud, exporté d’Iran dans l’empire Omeyyade (VIIème/VIIIème siècle), a connu un grand succès aux temps de l’expansion de l’islam au Moyen Orient et au Maghreb. A Médine, lieu de rencontre de nombreux musiciens, les joueurs d’oud acquièrent une réputation d’excellence. Avec ses quatre cordes doublées, jouées à l'aide d'une plume d'aigle, l'oud inspire tout particulièrement le calife abbasside Haroun el-Rachid qui, à la fin du XVIIIème siècle, en fait l'instrument-roi d’un monde musulman en plein âge d’or. Le chroniqueur Abu al-farag al-Isfahani raconte, dans Livre des chansons, œuvre monumentale de 20 volumes publiés au IXème siècle,que, dans tous les palais de Bagdad, on pouvait voir de nombreux musiciens d'oud accompagner des poèmes chantés. A la même époque, notamment grâce au poète et musicien Zyriab, grand musicien de la cour de Bagdad chassé par son maître jaloux de sa dextérité, l’oud traverse la Méditerranée et prend sa forme définitive avec une caisse courbée faite de barres de bois en forme de voûte. Il se fixe d’abord dans l’Andalousie sous domination musulmane : Zyriab y fonde une école Cordoue et l’oud devient un instrument majeur de la musique dite « arabo-andalouse ». Les rythmes les plus vertigineux de cette musique sont le résultat de l’harmonie délicate entre oud et poésie.
D’Andalousie, l’oud se diffuse dans toute l’Europe : « laud » en Espagne, « aland » au Portugal, « loth » en France, « lotto » en Italie. Son usage est très répandu notamment à l’époque de la Renaissance en Europe (des palais de Florence jusqu’en Angleterre et en Allemagne),
Depuis, le luth est resté un instrument multiculturel, voire un « instrument-monde » lié à la fête et aux cérémonies, jouant un grand rôle dans la vie culturelle et rassemblant, sous des appellations et formes diverses, les mélomanes du pourtour méditerranéen autour de sonorités variées. S’il reste aujourd’hui couramment utilisé sur la rive sud, son usage a progressivement décliné à partir du XVIIIème siècle en Europe. L’instrument finit presque par disparaître, victime d’une image trop élitiste et de son faible volume sonore. Mais, avec le renouveau de la musique ancienne jouée sur des instruments copiés d'instruments originaux, l'intérêt pour le luth est relancé dans le courant du XXème siècle. Depuis quelques années, il suscite un nouvel élan parmi des musiciens de tous styles et de tous pays. On le trouve dans le rock et la chanson (Sting, Peter Gabriel, Jean-Jacques Goldman, Noir Désir), le raï (Cheb Khaled), la musique cubaine mais aussi chez les maîtres du flamenco comme Paco De Lucia et Luis Delgado ou encore sous la baguette de Jordi Savall et de Christoph Eschenbach.
Bibliographie
- A History of the Lute from Antiquity to the Renaissance, Douglas Alton Smith, The Lute Society of America, 2002, 389 p..
- Luths et luthistes en Occident : actes du colloque organisé par la Cité de la Musique, 13-15 mai 1998, Paris, Cité de la musique, 1999.