La vallée du M’zab |
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Titre de la collection
Muséoscope
Date de première diffusion
15/04/2007
Résumé
Classée patrimoine universel, la vallée du M’zab se compose de cinq cités qui furent créées par les Ibadites au 10ème siècle. Elle compose la toile urbaine fondée depuis mille ans et semble être restée intacte, simple et parfaitement adaptée à l’environnement. Son architecture a été conçue pour la vie en communauté. La vallée du M’zab est une oasis qui fait la renommée de Ghardaïa.
Chaîne de première diffusion
EPTV - Canal Algérie
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Société et mode de vie
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels / Urbanisme et cités
Générique
- Boulemaali Radia - Présentateur
Lieux
- Algérie - M'zab - Ghardaia
Langue d'origine
Français
Contexte
La vallée du M’Zab
Martine Chalvet
Daté de 2007, le reportage présente en français le riche patrimoine architectural et urbain de la vallée du M’Zab désormais classé par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial à préserver.
Situés à 600 km au sud de la ville d'Alger, au cœur du désert saharien, les cinq ksour (villages fortifiés) d'El-Atteuf, de Bounoura, de Melika, de Ghardaïa et de Béni-Isguen et leurs palmeraies forment, dans la vallée du M'Zab, une pentapole liée à l’histoire et aux traditions des Ibadites. Chassés de leur capitale Tahert en 909, ces adeptes d’un islam rigoriste se sont installés dans un milieu hostile et ont construit entre 1012 et 1350 un ensemble homogène de cités à l’architecture et à l’urbanisme spécifiques, dotés de trois éléments récurrents – le ksar (village fortifié), le cimetière et la palmeraie.
Pour répondre aux impératifs de repli et de défense, les Ibadites ont édifié des villages sur les affleurements rocheux, protégés par une muraille et dominés par une mosquée dont le minaret fonctionnait comme une tour de guet. La mosquée était d’ailleurs conçue comme une forteresse, avec un arsenal et un silo à grains, dernier bastion de la résistance en cas de siège. Le rempart de Béni-Isguen, qui constitue le premier monument classé au Mzab, le rempart de Ghardaïa, le front du ksar de Bounoura, les tours de gué et les portes d’entrées des cités témoignent encore de cette ancienne organisation défensive. Au-delà des impératifs militaires, les Ibadites se sont aussi adaptés à un environnement semi-désertique grâce à d'ingénieux systèmes de captage et de répartition de l'eau. A proximité des ksars, ils ont créé des palmeraies qui comportent de nombreux ouvrages hydrauliques, barrages d’absorption, galeries souterraines, puits, ruisseaux artificiels ou rigoles, sans oublier un système de surveillance permanente des crues, afin d'éviter les éventuels dégâts et de veiller à la bonne répartition des eaux. A partir de la fin du XIXe siècle, ces oasis sont devenues de véritables cités d’été pour profiter, à la saison chaude, de la relative fraîcheur dispensée par les palmiers et la présence de l’eau. Simples et fonctionnelles, l’organisation des cités et l’architecture de la vallée du M’Zab correspondent aussi aux idéaux religieux, sociaux et moraux des adeptes d’une conception rigoristes de l’Islam. Autour de la mosquée, bâtiment essentiel à la vie communautaire, s'organisent des maisons disposées en cercles concentriques jusqu'au rempart. Chaque maison constitue une cellule cubique de type fixe, illustrant une organisation sociale égalitaire fondée sur le respect de la structure familiale dont elle s'attache à préserver l'intimité et l'autonomie. On retrouve le même état d’esprit dans le cimetière où seules se distinguent les tombes des sages et de petites mosquées. Enfin, dans la palmeraie, le système de partage des eaux repose sur une juste répartition. In fine, par son ordre et son aspect compact, la ville traduit la cohérence et la cohésion de son corps social.
Marque de la civilisation sédentaire et urbaine, des Ibadites, la vallée du M’Zab a conservé les mêmes modes d’habitat et les mêmes techniques de construction jusqu’au XXème siècle. Ce modèle d'habitat a d’ailleurs exercé une influence considérable sur l'architecture et l'urbanisme arabes, y compris sur les architectes et urbanistes du XXe siècle, comme Le Corbusier, Fernand Pouillon et surtout André Ravéreau. Néanmoins, la découverte de pétrole et de gaz dans la région et les transformations générales de l’Algérie ont largement modifié l’organisation sociale et économique de la société tout en bouleversant les traditions anciennes. L’enrichissement de certains, l’arrivée de migrants, la croissance démographique, l’urbanisation, la mise en place d’un système scolaire algérien laïque et d’un service militaire, l’influence de la télévision ont modifié les modes de vie et les paysages. Conscients de ces évolutions, les représentants de l’Etat algérien veulent préserver ce patrimoine culturel et architectural ancien. Dès 1972, la vallée du M’Zab a été classée comme patrimoine national. Depuis 1982, elle est aussi classée par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial à préserver. Actuellement, la gestion et la protection des sites du M’Zab sont d’ailleurs confiées à un organisme particulier : l'Office de protection et de promotion de la vallée du M'Zab (OPPVM).
Bibliographie
- Ben Youcef B., Le Mzab, espace et société, Imp. Aboudaoui, 1992, 292 p.
- Ravéreau A., Le Mzab, une leçon d’architecture, Ed. Sindbad, Hommes et Sociétés, Paris, 1981, 282 p.
- Roche M., Le M’zab. Cités millénaires du Sahara, Etudes et Communication Edition, Paris, rééd 2003, 120 p.