Tipaza |
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Titre de la collection
Collection EPTV
Date de première diffusion
08/05/2005
Résumé
En punique, Tipaza signifie lieu de passage. Son passé antique lui confère le rôle d'une ville historique et archéologique. Elle est située sur la côte, au pied du mont Chenoua, à l'extrémité des collines du Sahel. Cette ville portuaire fut choisie par les Phéniciens, sur la route des Colonnes d'Hercule, pour établir un de leurs fameux comptoirs. Les vestiges de l'époque démontrent l'importance de Tipaza qui connut un essor remarquable sous le règne du souverain numide Juba ll. Elle fut l'une des plus belles villes résidentielles de la côte méditerranéenne et ses ruines témoignent de son ancienne splendeur. La présence de la mer, des reliefs du Chenoua et de la Dahra lui donnent un paysage particulier et un fort intérêt touristique.
Chaîne de première diffusion
EPTV - 1st national channel
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Antiquités
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels / Sites archéologiques
Générique
- Abdelaziz Rahim - Réalisateur
Lieux
- Algérie - Centre - Tipaza
Contexte
Tipaza
Philippe Jockey
Tipasa (ou Tipaza), immortalisée par la nouvelle d’Albert Camus Noces à Tipasa, publiée en 1938, était dans l’antiquité une cité portuaire d’une importance considérable, marquée par l’empreinte successive des civilisations punique, romaine et chrétienne, au fil de son histoire. L’étymologie supposée mais contestée de son nom, « passage » ou « lieu de passage », traduit cette situation historique complexe. Comptoir phénicien établi sur la côte maurétanienne vers la fin du VIe s. av. J.-C., simple échelle liée au cabotage, la ville, située aujourd’hui à 60 kilomètres d’Alger, est situé à proximité immédiate de Cherchell (ou Cherchel), l’antique Caesarea. Le roi numide Juba II (50 av. J.-C. – 23 apr. J.-C.), ramené en triomphe par César en 46 av. J.-C., alors qu’il était encore un enfant, élevé à Rome au sein de l’élite, fit de cette ville la capitale de son royaume, reçu d’Auguste lui-même en 23 avant J.-C. Juba II laissera dans l’histoire le souvenir d’un roi érudit, épris de culture grecque et latine, découverte à Rome. Le Tombeau dit « de la Chrétienne », par erreur, est en réalité le Mausolée de sa première épouse, Cléopâtra Séléné, fille de Marc Antoine et de Cléopâtre VII. Sous l’empereur Claude, Tipasa devint municipe de droit latin et n’accéda au rang de colonie romaine que sous Hadrien. C’est de cette époque que datent les monuments qui composent aujourd’hui le paysage archéologique de la ville. Un paysage redécouvert depuis la fin du XIXe s., grâce à l’exploration archéologique qu’en fit Stéphane Gsell, archéologue français. Son Guide archéologique des environs d’Alger, Cherchel, Tipasa, Tombeau de la Chrétienne (1896), constitue un témoignage important dans l’histoire de la mise au jour de la ville antique et de sa réappropriation progressive par les populations locales. Les fouilles conduites au milieu du XXe s. ont révélé l’existence d’une enceinte défensive, percée de portes fortifiées et dégagé le forum de la ville, sa basilique judiciaire, son théâtre, son amphithéâtre, ses thermes, deux de ses temples, en un mot, tous les éléments caractérisant une ville romaine impériale. Au troisième moment de son histoire, l’époque paléochrétienne, imprima sa marque dans le paysage. La christianisation de la ville se traduisit en effet, entre le Ve et le VIe s. après J.-C., tout à la fois par le remploi de bâtiments à de nouveaux usages chrétiens et la construction hors les murs de trois basiliques cimetériales, entourées de leurs enclos funéraires respectifs. Leur importance et la beauté de leur situation est l’une des caractéristiques du paysage actuel de Tipasa. Le choix de Tipasa par la télévision algérienne ne doit rien au hasard. Classée au patrimoine mondial de l’humanité en 1982, elle devient une destination touristique prisée. Elle illustre et relaie en effet un discours officiel qui établit une continuité entre une Antiquité riche de civilisations diverses et l’État algérien contemporain, héritier légitime de ces traditions successives que nulle instance ne peut revendiquer pour elle seule. Les aménagements modernes, commentés par le directeur du village touristique de Tipasa, sont conçus selon ses propres termes pour accueillir des familles algériennes, voire, le cas échéant, d’origine étrangère, maghrébines ou européennes. Cette assimilation patrimoniale et nationale de la ville romaine antique trouve un écho singulier, dans ce même reportage, dans la publicité faite à cet « art traditionnel qui représente dignement (notre) patrimoine ».
Bibliographie :
Stéphane Gsell, Guide archéologique des environs d’Alger, Cherchel, Tipasa, Tombeau de la Chrétienne, 1896
Serge Lancel et Mounir Bouchenaki, Tipasa de Maurétanie, Alger, Ministère de la Culture, 1990 (2ème édition).