Le guembri : instrument de musique traditionnel |
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Titre de la collection
Collection EPTV
Date de première diffusion
03/08/2010
Résumé
Le guembri est un instrument de musique à cordes pincées des Gnawa. On le trouve en Afrique du Nord et au Mali principalement où il a été apporté par les esclaves venant de Guinée. Il est aussi joué par les Touaregs et les Berbères. C'est un dérivé du n'goni africain.
Il est composé d'un manche rond de bois parfois tourné et parfois polychrome qui s'enfonce dans une caisse de résonance monoxyle, dont la table de résonance est faite avec une peau de dromadaire tendue.
Accompagné de qraqeb (castagnettes en métal) et d'un gros tambour, le guembri est joué par le maâlem (le maître) pour guider la transe des adeptes, lors de rituels nocturnes appelés lila mêlant la fête et l'action thérapeutique. Celle-ci est supposée permettre d'évacuer les divers maux dont souffre l'adepte
Chaîne de première diffusion
EPTV - A3
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Musiques et chants
Générique
- Houlala Sid Ahmed - Réalisateur
Contexte
Le Guembri, instrument de musique traditionnel
Yvan Gastaut
Ce court extrait, diffusé en août 2010 dans un magazine à vocation éducative de la télévision algérienne produit par Sidi Ahmed Houlala, présente un musicien jouant du guembri, Mohamed Kanou.
Instrument de musique traditionnel à cordes pincées, le guembri était utilisé par les musiciens gnaouas (terme dérivé de « Guinée »), descendants d’esclaves et de migrants venus d’Afrique noire, dans leurs chants rituels. Fixés principalement au Maroc tout au long des siècles depuis les débuts de la traite arabe au Moyen âge, les Gnaouas ont, à travers la musique, représenté une minorité culturelle. Ce n’est que depuis la fin du XXème siècle, au diapason de la prise en compte de cette présence sub-saharienne au sein des sociétés maghrébine que les œuvres des Gnaouas sont devenues populaires non seulement au Maroc mais aussi dans l’ensemble du bassin méditerranéen.
Le guembri est un instrument à trois cordes fabriquée à l’origine en boyaux de chèvres et aujourd’hui plutôt en fil de pêche en nylon. Souvent fabriquée à partir d’une carapace de tortue, la forme allongée de sa caisse de 20 à 40 cm dont la table de résonance est recouverte de peau de dromadaire tannée et tendue est inspirée des pirogues africaines. Son manche en bois, long et arrondi, se termine par une « sersèra » ou sistre, sorte de hochet qui ondule avec les vibrations des cordes produisant un son très particulier. Le guembri est joué par un « maâlem » (maître) qui pince les cordes tout en frappant en même temps sur la peau, en vue d’obtenir un double registre de « basse » et de « percussion ». Accompagné de « qraqeb », sorte de castagnettes en métal et d’un gros tambour, le « maâlem » se charge de guider la transe des adeptes, lors de rituels nocturnes.
Dans la musique gnaoua, le « sintir » ou « hajhouj » apparaît comme un guembri de plus grosse taille tandis que le gumbass est une autre variante assemblant la caisse d’un guembri et le manche d’une basse électrique.
Instrument spécifique aux troupes gnaouas, le guembri est resté longtemps à l’écart des autres harmonies utilisées au Maroc. Mais avec le succès de la musique gnaoua, certains groupes comme Nass Al Ghiwan ou Jil Jilalai ont adopté le guembri dans leur orchestration.
Désormais utilisé par des musiciens maliens, guinéens, mauritaniens, marocains, algériens, français, mais aussi dans les groupes touareg ou berbères, le guembri symbolise cette culture de l’hybridation méditerranéenne. Ses formes peuvent varier en fonction des contextes comme en Algérie avec le guember constitué d'un manche en bois et deux cordes ou en Europe sous l’appellation « luth-tambour ».