Alger vue par les Frères Lumière |
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Titre de la collection
Collection EPTV
Date de première diffusion
01/01/1914
Résumé
Auguste et Louis Lumière sont deux ingénieurs français qui ont joué un rôle primordial dans l'histoire du cinéma et de la photographie. Il est souvent fait référence sous le nom "les Frères Lumière". Parmi leurs premiers essais de tournages, il existe ces quelques séquences des ruelles d’Alger datant de 1896.
Chaîne de première diffusion
EPTV - 1st national channel
Forme audiovisuelle
Documentaire
Générique
- Auguste Lumiere - Réalisateur
- Louis Lumiére - Réalisateur
Contexte
Alger vue par les Frères Lumière
Julien Gaertner
Du premier tournage à Lyon au mois de mars 1895, à ceux qui eurent lieu à Alger l’année suivante, le trajet est extrêmement court. En effet, l’invention des Frères Lumière s’exporte à toute vitesse. Dés 1896, leurs opérateurs, parmi lesquels Félix Mesguich, se lancent dans des voyages à travers le monde, de la Russie aux États-Unis. Mais le Maghreb est une des premières destinations de ces opérateurs et c’est probablement à Félix Mesguich que l’on doit ces toutes premières prises de vue animées d’Alger. Le chef-opérateur est d’ailleurs né en Algérie en 1871 et il sera, avec Alexandre Promio, l’un des principaux protagonistes de l’expansion du cinématographe.
C’est en 1896 que des premiers tournages suivis de projections sont organisés à Alexandrie, à Tunis par Albert Samama Chickly, mais aussi à Alger et Oran. Cette même année, une salle de cinéma ouvre ses portes à Alger, la première en Afrique du Nord. Une salle alors exclusivement fréquentée par un public européen.
Sur ces premières images animées, les spectateurs sont invités à regarder des scènes du quotidien. Car le cinématographe est avant tout, à sa création, un outil scientifique chargé d’enregistrer le réel, capable de disséquer le mouvement. Ces premières images n’ont encore rien de l’exotisme qui remplira bientôt les salles de métropole grâce aux succès de films comme L’Atlantide (J. Feyder, 1921) ou Pépé le Moko (J. Duvivier, 1937), mais elles rapportent une certaine réalité des colonies à la métropole. Les scènes de la vie quotidienne sont saisies sur le vif. L’entrée des bains publics, le souk où quelques colons croisent des autochtones au travail, la place de la mosquée ou encore le tramway, la voie ferrée et le port, autant de lieux de vie projetés sur grand écran et qui s’animent pour la première fois sous les yeux des spectateurs. Cependant, le chef-opérateur ne se contente pas de poser sa caméra sur un pied au milieu d’une foule relativement indifférente à cet étrange appareil. Il se déplace avec elle, offre des vues plus larges de la ville et du port. Les travellings en voiture ou en bateau que propose Félix Mesguich dans ces images, esquissent déjà les prémisses de la mise en scène et de la narration cinématographique.
Car cet outil scientifique qu’est le cinématographe ne va pas tarder à devenir, paradoxalement, la plus grande fabrique de rêves du monde moderne, et notamment dans les colonies d’Afrique du Nord où fleurira ce genre qui sera a posteriori baptisé cinéma colonial. Le cinématographe sera resté peu de temps au service de la science. Il devient cinéma puis cinoche, mettant en scène un homme imaginaire qui nous accompagne depuis.
Bibliographie :
- Félix Mesguich, Tours de manivelle, Éditions Grasset, 1933
- Rachid Boudjedra, Naissance du cinéma algérien, Éditions Maspéro, 1971
- Mouny Berrah, Jacques Lévy, Claude-Michel Cluny (dir.), Les cinémas arabes, Cinémaction, Éditions du Cerf/Institut du monde arabe, n° 43, Paris, 1987