Les nuits du ramadan avec Reinette L'Oranaise |
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Titre de la collection
Midi 2
Date de première diffusion
25/01/1998
Résumé
Reinette L'Oranaise se produit au café de la danse à Paris ; elle chante la nostalgie d'Oran. C'est l'une des dernières interprètes juives de la musique arabo-andalouse. A travers la musique, elle peut exprimer des sentiments difficiles à exprimer oralement.
Sociétés de production
-
France 2 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F2
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Musiques et chants
Thème secondaire
- Héritages historiques / Judaïsmes
- Héritages historiques / Mondes arabe et musulman
Générique
- Medioni Maurice - Participant
Langue d'origine
Français
Contexte
Les nuits du ramadan, Reinette l’Oranaise
Y.Gastaut
Créée en 1991 pour Antenne 2 qui deviendra l’année suivante France 2 par le producteur et animateur Djelloul Beghoura l’émission Les Nuits du Ramadan donne l’occasion au grand public français de se familiariser avec la culture arabo-musulmane. Inscrite dans la durée, elle témoigne de la progressive ouverture de la télévision française à la « diversité ». Cette émission correspond à l’organisation du festival des « belles nuits du ramadan » à Paris depuis 1997 à l’initiative de Loïc Barrouk puis dans plusieurs villes de France.
Ce bref reportage du 25 janvier 1998, évoque la seconde édition de ce festival organisé dans un décor de caravansérail au Café de la danse et qui fait la part belle à la musique dite « françarabe », née au sein la communauté juive d'Afrique du Nord aux temps de la colonisation. Il met en lumière Reinette l’Oranaise, l’une des principales figures de la musique arabo-andalouse et du chaâbi, donnant à cette occasion l’un de ses derniers concerts. De son vrai non Sultana Daoud, Reinette el Wahrania plus connue sous le surnom populaire de Reinette l’Oranaise (1915-1998) est une chanteuse populaire partie prenante du folklore oranais.
Née dans l’Atlas algérien à Tiaret d'un père rabbin d'origine marocaine et d'une mère juive d'Algérie, tous deux naturalisés français après les décrets Crémieux de 1870, Sultana est atteinte de cécité à l'âge de deux ans à la suite d'une variole mal guérie. Très jeune, par l’intermédiaire de sa mère, elle fréquente Messaoud Médioni dit Saoud l'Oranais, un juif séfarade et chanteur violoniste du style hawzi qui tient un café à Oran réputé pour être le rendez-vous de tous les mélomanes, musiciens et les vedettes locales. Le maestro (dont le neveu Maurice El Médioni, pianiste, né en 1928 et lui aussi grande figure de la musique arabo-andalouse, intervient dans le reportage), convaincu du talent de la jeune fille, l’initie à son art et décide de la surnommer Reinette. Elle intègre progressivement son orchestre tout en se familiarisant avec les instruments de musique tels la darbouka, le mandole et l’oud.
Forte de cette expérience, Reinette commence une longue et brillante carrière à l’âge de 26 ans : elle devient une chanteuse réputée en se produisant régulièrement sur Radio-Alger qui diffuse les meilleurs artistes du répertoire andalou. Devenue « Reinette l’Oranaise », elle accompagne notamment le maître du chaâbi, Hadj El Anka tout en exerçant son art musical à l'occasion de fêtes juives et musulmanes. Les années quarante et cinquante à Oran et dans toute l’Algérie correspondent au temps de la consécration pour l’artiste.
Puis, avec l’Indépendance, comme la plupart des Juifs, Reinette quitte l'Algérie en 1962. La décolonisation ne lui est pas favorable car, loin d’Oran dans un appartement de la banlieue parisienne à Romainville, elle connaît une forme d’exil, de solitude et d’oubli. Il faut attendre deux décennies pour qu’au milieu des années quatre-vingt, sous l’impulsion de quelques fidèles admirateurs, Reinette l’Oranaise remonte sur scène et connaisse à nouveau le succès dans une société française qui, plus ouvertes aux sonorités venues du sud de la Méditerranée, redécouvre entre autres la musique arabo-andalouse.
Inspiratrice d’une nouvelle génération de chanteurs comme Sapho (interviewée dans le reportage), Reinette l’Oranaise devient de son vivant une légende de la chanson judéo-arabe, consacrée sur les deux rives : en 1989 elle nommée Chevalier des Arts et des Lettres puis en 1995, elle obtient le prix de l'Académie Charles Cros tout en étant considérée en Algérie comme une référence incontournable. Elle meurt à Paris le 17 novembre 1998 et repose au cimetière israélite de Pantin.
Discographie-Filmographie
- Reinette l'Oranaise - Trésors de la chanson judéo-arabe, CD, Mélodie Distribution, Michel Lévy / Bruno Barre.
- Reinette l'Oranaise - Mémoires. CD, Mélodie Distribution, Michel Lévy / Bruno Barre
- Reinette l'Oranaise, le port des amours réalisation Jacqueline Gozland, production Les films de la passion, 1991 - Edition DVD Arte Editions / Harmonia Mundi - 2009