La forêt méditerranéenne française |
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Titre de la collection
D'un soleil à l'autre
Date de première diffusion
22/04/1990
Résumé
Reportage sur la forêt provençale qui couvre 4 millions d'hectares, dont 60% sont détenus par des propriétaires privés.
L' exploitation sylvicole a un niveau de rentabilité faible pour les propriétaires et les efforts d'investissement sont souvent anéantis par les incendies.
Le pin d'Alep est l'essence la plus répandue qui arrive à coloniser les sols les plus appauvris par les incendies ; les feuillus sont plus répandus dans le haut pays varois.
Sociétés de production
-
France Régions 3 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Géographies et paysages
Thème secondaire
- Paysages et Environnement / Ecosystèmes et développement durable
- Economie / Agriculture, élevage
- Arts, cultures et savoirs / Sciences / Sciences du vivant
Générique
- Stampfler Thierry - Journaliste
- Buttner Denis - Journaliste
- Richoillel Lionel - Participant
- De Vals Bertrand - Journaliste
- Riffaud Alain - Participant
Lieux
- France - Sud Est - Forêt méditerranéenne
Langue d'origine
Français
Contexte
La forêt méditerranéenne française
Martine Chalvet
En cette vingtième journée de la Terre (22 avril 1990), événement mondial destiné à sensibiliser le public aux problèmes de l’environnement, le reportage se penche sur l’état de la forêt méditerranéenne en Provence. Après avoir présenté les caractéristiques de cette forêt, le journaliste insiste sur sa fragilité (boisements dégradés, sols appauvris, climat d’une extrême variabilité) et les dangers qui la menacent. Dans le contexte de la désertification des campagnes, de la progression de friches forestières mal entretenues, de la pression foncière, du mitage des collines et des incendies récurrents, le reportage vise à montrer les enjeux économiques, sociaux mais aussi écologiques que représentent l’entretien et l’exploitation des bois.
Or que l’on soit dans le cas du pin d’Alep des Bouches-du-Rhône ou dans le cas du chêne du Haut-Var, un aménagement des bois en vue d’une exploitation qui préserve des incendies et garantisse la régénération des arbres, voire la reconstitution d’un couvert arboré dense, n’est pas rentable. Le morcellement des bois en petites propriétés privées, les risques d’incendies, le coût du débroussaillement ou des techniques de la futaie sur souche et le manque de revenu que l’on peut en espérer ne sont pas favorables à la production sylvicole. Faute de moyens les propriétaires sont tentés par des coupes en taillis qui risquent d’entraver à long terme la régénération des chênes. Rétifs devant les coûts prohibitifs du débroussaillement d’autres propriétaires laissent progresser un couvert fortement combustible. Non rentable, la forêt provençale est entrée dans un véritable cercle vicieux. Elle ne fournit guère de bois, peu d'emploi et son entretien est des plus coûteux. Sa faible productivité est d'autant plus marquée que les capitaux investis peuvent à tout moment partir en fumée, ce qui n’encourage pas son entretien et favorise alors l’accroissement d’un sous-bois particulièrement inflammable. Dans cette situation, le reportage insiste sur la mission des agriculteurs et des propriétaires en tant qu’« aménageurs » et « gardiens du territoire ». Certes, l’exploitation de la forêt provençale n’est pas rentable. « Mais la sauvegarde de ce superbe environnement ne constitue-t-elle pas une raison suffisante pour les aider à maintenir ce patrimoine exceptionnel ? », conclut le reportage.
En cette journée de la Terre, les journalistes veulent également sensibiliser le public et l’informer, quitte à remettre en cause des représentations parfois solidement établies. Les experts interrogés, notamment différents agents de l’ONF et le directeur du Centre Régional de la Propriété Forestière, prennent position. Ils veulent montrer le rôle indispensable de l’exploitation des bois dans l’entretien et la préservation, voire la reconstitution d’un couvert arboré plus dense. Ils affirment que lorsque la forêt est productive, elle est en général bien entretenue, le sous bois est propre et la forêt résiste mieux aux incendies. Dans le nouveau contexte de progression des friches, les agents de l’ONF reviennent ainsi sur les théories des officiers des Eaux et Forêts du XIXe siècle qui ont longtemps lutté contre les droits d’usage et le pâturage en Provence, accusant les exploitations traditionnelles de dégrader, voire même de détruire les bois. En reprenant le thème d’une forêt productive défendue par l’ONF, le reportage s’inscrit aussi en faux contre la valorisation d’une forêt « sauvage », préservée de toute action anthropique. Il s’oppose aux représentations majoritairement partagée par une opinion publique urbaine persuadée que l’action des hommes et des sociétés et notamment l’exploitation des bois détruit la forêt.
Martine Chalvet, L’invention de la forêt méditerranéenne, Aix-en-Provence, Thèse de doctorat d’Etat, 2000.
Alexandre Seigue, La forêt circumméditerranéenne et ses problèmes, Paris, Maisonneuve Larose, 1985.