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Histoire de l'Islam en France : le Moyen Age (1ère partie)
INA00337
Notice
Histoire de l'Islam en France : le Moyen Age (1ère partie) |
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Titre de la collection
IslamRéférence
INA00337Source
INA (FR)Date de première diffusion
15/06/2003Année de production
2003Résumé
Au Moyen Age, les musulmans ont été présents plus de quatre-vingt ans, au VIIIe siècle après J.-C., dans le Sud-Ouest de la France, où ils ont même entretenu des relations diplomatiques avec les chefs politiques chrétiens de l'époque. Interview de Philippe SENAC, professeur des universités, qui évoque l'installation des musulmans dans le Sud-Ouest au VIIIe siècle, leur avancée en France avant d'être repoussés par Charles MARTEL, les relations entre les princes francs et les souverains arabes. Interview du professeur Pierre GUICHARD qui explique que les Arabes sont entrés dans cette région vers 720 et évoque le caractère symbolique de la bataille de Poitiers en 732. Dalil BOUBAKEUR, recteur de la Grande Mosquée de Paris, évoque l'invasion de la Narbonnaise par les musulmans.Type
videoSociétés de production
- France 2 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F2Forme audiovisuelle
MagazinePersonnalités
- Senac Philippe
- Guichard Pierre
- Boubakeur Dalil
- Bresc Henri
Thème principal
Mondes arabe et musulmanThème secondaire
- Arts, cultures et savoirs
- Héritages historiques / Chrétientés latine et orientale
Générique
- Le Guern Marie Annick - Réalisateur
Période d'événement
- De 500 à 1000
Lieux
- France - Sud Ouest
- France - Centre et Ile-de-France - Paris
Langue d'origine
FrançaisDurée
29m5
Transcription
- (Silence)
- La mémoire collective a surtout retenu de la période du Moyen Age sa dimension conflictuelle entre monde chrétien et musulman,
- pourtant au delà des affrontements, le Moyen Age a surtout été une période de découverte réciproque.
- Loin de la fracture entre Islam et Chrétienté,
- la première partie du Moyen Age a permis des alliances et des rencontres, et puis, on l’oublie très souvent,
- les musulmans se sont installés d’une manière durable dans le sud d’une partie de la France actuelle
- L’Islam est né au début du 7ème siècle, et ensuite il s’est propagé en Afrique du Nord, en Espagne, et les premières mentions d’incursion en Gaule datent du tout début du 8ème siècle,
- c'est-à-dire environ pour Narbonne l’année 719, l’année dans laquelle probablement la ville a été prise, elle est tombée aux mains des musulmans.
- On pense que la date exacte n’est pas tout à fait certaine, que les musulmans sont entrés en Septimanie,
- c'est-à-dire dans le Languedoc méditerranéen actuel dans les environs de 720,
- probablement entre 719 et 721.
- A ce moment là l’Espagne musulmane, qui vaut peut être mieux appelé Al ‘andalous, pour garder le nom que les arabo-musulmans du Moyen Age lui donne,
- cette province d’Espagne est une province du calife Omeyyade de Damas, qui arrive à la fin de sa période de conquête et qui s’est étendu jusqu’à l’Espagne,
- et a soumis en moins superficiellement l’ensemble de la péninsule ibérique.
- La bataille de Poitiers et la mort de Roland à Roncevaux,
- ces deux événements nourrissent largement la mémoire collective et la représentation des musulmans dans l’histoire de France.
- Les travaux des historiens permettent aujourd’hui de mieux appréhender leur réalité.
- Dès l’année 720, les musulmans se sont présentés en Narbonnaise, dans la région de Narbonne, dès 720, la première mosquée a été construite,
- toute cette région conquise par les musulmans, qui était précédemment une région wisigothique,
- après la bataille de Vouillé qui avait refoulé l’ensemble des Wisigoths vers le Midi de la France et vers l’Espagne,
- elle restait cette région qu’on appelait la Septimanie du nom latin :
- septimalegio Romana, la septième région de la légion romaine,
- qui était donc la Septimanie qui va de Barcelone, Toulouse, Narbonne, Montpellier jusqu’aux confins de la Provence.
- Dans un premier temps, c’est l’Aquitaine qui a été touché avec une bataille assez violente, en l’an 721 à Toulouse,
- et puis ensuite les raids se sont poursuivis comme je viens de vous le dire en direction de la vallée du Rhône
- où là ils sont montés très très haut, jusqu’à, selon certains textes en particulier un fragment de cartulaire,
- ils ont atteint la ville de Sens, il me sembla que c’est à moins de 100 km de Paris.
- Dans un deuxième temps la vallée du rhone a été abandonnée suite à la pression franque qui entamait, et c’est la région de l’Aquitaine
- qui a été sévèrement touchée avec le célèbre raid de 732, qui a fait l’objet d’un succès historiographique considérable.
- L’Emir a été conseillé de monter beaucoup plus haut, notamment vers Saint Martin de Tours, qui était l’objectif de l’armée arabe
- parce que Saint-Martin de Tours, Abbaye extrêmement célèbre au Moyen Age, recélait des richesses qui intéressaient Abderrahmane Al-Ghafiqi,
- donc le voilà monté non pas vers le Poitou, mais vers la Touraine, il avait pris Poitiers, elle a été prise par les arabes,
- et c’est en Touraine donc, menaçant Saint-Martin de Tours, que Charles Martel à Paris, a été appelé au secours.
- Pour les musulmans, le nom de cette bataille de Poitiers, qui n’est pas Poitiers, s’appelle Balât al-shuhadâ, la bataille du pavé des martyrs, qui a été retenue par les historiens arabes,
- disant que Abderrahmane Al-Ghafiqi Emir des arabes est monté jusqu’en France, pays des francs, que après une bataille au pavé des martyrs, n’a pas été plus loin,
- que cette bataille n’a pas été déterminante pour la poursuite de la montée arabe en Gaule ou en France,
- si bien que à l’arrêt de cette bataille, lui a été tué effectivement et que ses troupes sont revenus,
- et comme l’a dit Anatole France, c’est là que la civilisation arabe s’est arrêté.
- Il n’est pas sur que la bataille de Poitiers nécessite une attention particulière dans la mesure où pratiquement n’a pas mis fin aux raids musulmans en Gaule
- parce que ces raids se sont poursuivis, Narbonne n’est tombée aux mains des chrétiens qu’en l’année 759,
- ce qui montre bien qu’il y a un décalage assez sensible, mais elle avait quand même dans la durée une importance manifeste
- dans la mesure où au 19ème siècle, on a redécouvert l’événement, on en a fait une victoire de la Chrétienté sur l’Islam.
- C’est un peu un mythe fondateur de… d’une conscience de l’Europe, d’une Europe latine, chrétienne, qui s’appuie en partie sur cette idée de la bataille de Poitiers,
- mais c’est surtout au 19ème siècle qu’on fera de la bataille de Poitiers un événement très important, pour fonder au fond la nation française,
- dans toute une mythologie, une connaissance historique capable d’appuyer et de consolider un nationalisme.
- Ce qui me semble également important pour expliquer l’écho particulier dont la bataille de Poitiers a fait l’objet est le fait qu’au 8ème siècle,
- c’est le premier texte que nous avons qui la rapporte avec précision, c’est un auteur qui est de la région de Cordoue,
- le texte s’appelle l’anonyme de Cordoue précisément parce qu’on connait pas le moine le claire qui l’as rédigé,
- c’est le fait que Poitiers est un lieu où dans la chronique apparait la première fois le mot d’européen, ce qui fait que Poitiers serait une sorte de frontière culturelle entre deux mondes,
- et il est très intéressant d’observer que sous la plume d’un homme du sud d’un méridional, pour qualifier ceux qui luttent contre les arabes,
- il utilise en latin le mot europenses, la première mention connue, comme si, et c’est ce qui justifie le titre de l’ouvrage de certains historiens,
- c’est à Poitiers, d’une cette manière, que serait née l’Europe Médiévale.
- Les arabes d’Espagne installés e Septimanie, ils étaient les héritiers des Wisigoths, ils gardaient la Septimanie comme les Wisigoths ont toujours gardé la Septimanie,
- mais il n’y avait ni installer de colonies de peuplement ni de grosses garnisons, la seule garnison importante est Narbonne,
- elle tient un peu plus longtemps, 6 mois de siège quoi.
- La chute de Narbonne a une très grande importance psychologique dans la chrétienté,
- parce que du point de vue des français en suite, ils feront leurs premières épopées, sur la chanson de Roland sur la bataille de Roncevaux,
- mais aussi sur la prise de Nîmes, la prise d’Orange et la prise de Narbonne.
- Ca sera Guillaume d’Orange et Emrid Narbonne.
- D’ailleurs une gloire politique, nationale et militaire.
- (Musique)
- Roland à Roncevaux.
- Voici bientôt 7 ans que Charlemagne est parti pour l’Espagne, il combat les infidèles,
- Charlemagne a conquis toutes les cités sauf Saragosse, encore tenue par l’Emir Marsille qui cherche une ruse pour éviter la honte et le pillage.
- Roncevaux est une défaite, c’est une défaite d’une armée que jusque là a toujours été victorieuse, puisqu’elle s’est enfoncé jusqu’à Saragosse,
- elle a réglé le problème de conflit entre deux émirs musulmans.
- Elle a assuré aussi la pérennité, la survie de la marche d’Espagne autour de Barcelone
- qui est un comté franc, un comté de la France de Charlemagne, et qui restera très tard liée à la France.
- De l’autre côté, c’est une défaite qui est subie d’une manière indigne des mains d’un peuple de sauvages et de barbares de la montagne :
- les basques, qui sont inassimilables par les francs, donc les francs vont développés une épopée qui va magnifier la défaite, en l’attribuant à un ennemi glorieux :
- les sarrasins d’Espagne, mobilisés par toute l’Espagne, pour venir venger Saragosse.
- L’épopée de Roncevaux se dresse sur la présence
- de reliques des combattants de Roncevaux qui ont été distribués dans les abbayes du sud-ouest.
- (Musique)
- En ce qui concerne l’information historique transmise par les auteurs arabes, elle est relativement faible
- dans la mesure où ces auteurs se bornent à présenter en une ligne ou deux lignes une mention de tel ou tel raid, de tel ou tel razzia opérés par tel ou tel gouverneur en Gaule,
- c'est un territoire qu’ils désignent dès le 8ème siècle sous le nom de Ardh Al-kabira, c'est-à-dire la grande terre,
- qui est un territoire qui, sinon, est assez peu mentionné dans les textes arabes.
- Nous sommes également, il ne faut pas l’oublier, aux confins de Dar Al-islam,
- c'est-à-dire aux confins du monde musulman, en revanche parfois, ces auteurs, en particulier, les récits de voyageurs,
- les textes géographiques mentionnent les populations de la France, sous le terme Ifrandj, ils utilisent le terme Ifrandj pour les qualifier,
- mais très souvent il s’agit tout autant des catalans c'est-à-dire les sujets du conte de Barcelone qui sont qualifiés de la même façon.
- Sur ces souvenirs on construit, d’une manière purement littéraire, une épopée qui n’a rien à voir avec la réalité.
- D’ailleurs dans le roman de Roland, les sarrasins ne sont pas des sarrasins réels, se sont des sarrasins imaginaires, qui sont des païens, des géants,
- des sauvages absolus aussi, qui viennent de très loin, ils viennent de tous les pays du monde musulman, qui sont des brutes.
- Roland apparait comme le héros chrétien par excellence, qui n’hésite pas à finir en martyr, à se sacrifier contre l’ennemi musulman,
- en l’occurrence il s’agit à Roncevaux d’avantage de basques, même les sources arabes signalent
- la présence des fils du gouverneur de Saragosse, qui avaient été pris en otage.
- Mais il est vrai que le personnage de Roland va ensuite être redécouvert jusque la au 19ème siècle,
- on travaille essentiellement sur des sources de secondes mains,
- sur la chanson de Roland elle-même, c'est-à-dire sur une légende épique.
- (Musique)
- Les contacts guerriers reprennent à la fin du 9ème siècle, lorsque depuis la région d’Almeria en Espagne,
- une communauté de Marins se lance dans le phénomène de la course et gagne les courses de Provence, les faits sont assez bien connus,
- disons que dans les années 890 à 893, donc cette communauté de marins s’installe à la suite d’un naufrage s’installe dans la région qui correspond au golfe de Saint-Tropez,
- que l’on désigne dans les textes latins sous le nom de fraxiné, ce mot est connu en arabe, il est transcris par un historien qui s’appelle Ibn-Hayyan,
- et qui parle dans le Moqtabas de Farakhechini, qui est une transcription du latin franxinitum, cette communauté s’est installée donc dans le années 890/893,
- dans l’actuel canton de Saint-Tropez, elle s’y est installée, elle y’est restée jusqu’à l’extrême fin du 10ème siècle, très exactement jusqu’à l’année 972,
- et correspond à la phase de reprise par les comtes et les vicomtes de Marseille, et définitivement la présence musulmane a pris un terme à ce moment la.
- Par la suite, les raids se sont poursuivis mais d’une façon beaucoup plus sporadique, la ville de Narbonne a été touchée dans les années 1010/1020,
- et les raids ensuite ont cédés la place à ces entreprises de corsaires, qui sont connues en Provence ou sur les côtes landossiennes sous le nom des barbaresques.
- (Musique)
- Au delà des faits guerriers, cette période a surtout constitué la première expérience concrète de découverte mutuelle entre musulmans et populations du sud de la Gaule.
- En ce qui concerne alors les rapports diplomatiques, ils sont assez bien connus, ils nous sont connus surtout par les sources carolingiennes,
- et la on a des références assez précises, à la venue d’ambassadeurs, mais de plusieurs sortes, les ambassadeurs…
- on sait qu’à Aix la Chapelle ou à la cour de Charlemagne, dans les différents lieux où il a pu se tenir, il est venu à plusieurs reprises des ambassadeurs d’Haroun Al-Rachid
- en particulier du calife de Baghdâd, le calife Abbasside, il est venu aussi des ambassadeurs de chefs arabes, d’Al ‘andalous,
- mais très souvent la plupart du temps qui étaient hostiles aux omeyyades, et qui sont venus à Aix la Chapelle, auprès du souverain franc
- pour trouver son appui pour lutter très souvent contre Cordoue, contre l’émir de Cordoue.
- Derrière cette chronologie guerrière ou diplomatique, il y a eu parfois des alliances,
- des alliances même matrimoniales qui se sont développées entre les deux univers culturels,
- alliance militaire, c’est le cas du Patrice de Marseille Morante, qui parvient avec l’aide du gouverneur de Narbonne
- qui s’appelle Youssouf, à maintenir son autorité dans la région d’Avignon dans la région de Narbonne, dans la région de Marseille pendant plusieurs années.
- Les musulmans occupent Avignon, je crois que c’est en 725, sans qu’on puisse le savoir, et semble-t-il avec l’accord du chef politique le plus important de la Provence d’alors,
- qui était Patrice de Provence, qui sera ensuite destitué ou éliminé par les francs, puis ils ont reconquis la basse vallée du Rhône.
- Les souverains francs et en particulier les carolingiens, ont entretenus des relations plus pacifiques avec les souverains musulmans,
- en particulier avec les califes abbassides.
- C’est une aventure qui a durée près d’une soixantaine d’années et qui a débutée en 765,
- lorsqu’à l’initiative vraisemblablement du souverain Pontife, par un message transmis par l’Abbé de Saint-Denis Fulrad,
- Pépin Bref a envoyé une première ambassade en direction de Bagdad, ces rapports se sont développés à l’époque de Charlemagne, entre 797 et 807.
- A l’époque de Charlemagne, on a des relations qui sont régulières d’ambassade, vers 800, avec Cordoue,
- des relations régulières de rachat des captifs, et en particulier des captifs siciliens, que Charlemagne fut libérés,
- et des relations quand même en même temps de reconquête, puisque c’est à ce moment là
- que Charlemagne équipe des flottes pour assurer la sécurité de la Corse et de la Sardaigne.
- Dans le cas de ces échanges diplomatiques, je crois qu’il est important d’insister qu’ils sont deux mondes qui se mélangent
- et nous avons mention d’ambassadeur par exemple abbasside, qui se rende dans des lieux très septentrionaux, aux confins d’Austrasie,
- ,des régions qui ne connait absolument pas, et qui ont du excité non pas leur convoitise, mais en tout cas leur curiosité,
- des villes comme Metz, ont servis de lieu d’Asile pour ses ambassadeurs Abbassides, comme Chenonceau dans la vallée de la Loire,
- ou encore des lieux comme la ville de Pise ou Pavie pendant quelques semaines,
- dans l’autre sens, de très nombreux envoyés carolingiens se sont rendu en direction de Jérusalem, de Bagdad, certainement dans des conditions plus difficiles,
- ils n’ont pas l’habitude de ce voyage, des chroniques rapportent que plusieurs de ces envoyés carolingiens ont disparus dans ces régions, ils sont morts au cours de leur voyage.
- (Musique)
- On a l’impression que comme ailleurs dans la péninsule ibérique, dans le reste de l’ancien royaume des Wisigoths,
- les arabo-musulmans ont réalisé une occupation assez souple, à condition que les populations passaient une sorte de traité de protection,
- des populations locales, en particulier les populations urbaines, on leur laissait une assez grande liberté d’existence,
- conserver leur coutumes, conserver leur pratique de leur religion.
- Vraisemblablement des habitants de ces régions la, se sont à ce moment là convertis à l’islam, on en a davantage de témoignages,
- de preuves de récits historiques, sur ces conversions en Espagne, dans la péninsule ibérique même,
- on a à ma connaissance vraiment très peu de choses sur ce qui a pu se passer en Languedoc,
- ce qu’on sait simplement c’est que les habitants de ces régions semblent avoir trouvés la domination arabe au fond plus acceptable que celle des francs
- qui menaçaient de les envahir pour chasser les musulmans, ou pour reconquérir la Gaule méridionale,
- toute l’action des carolingiens, et on sait effectivement que cette reconquête carolingienne du Languedoc a été assez difficile,
- et que les musulmans ont trouvé des alliés, en particulier dans la vallée du Rhône :
- Patrice de Provence,
- il s’était appuyé sur eux pour lutter contre les francs.
- Donc il y a eu une reconquête franque certainement de ces régions.
- Cela montre encore une fois qu’au-delà des conflits, au-delà des différences, il existe quand même parfois le moyen d’une entente,
- il existe parfois les moyens d’une collaboration militaire beaucoup plus pacifique.
- Encore une fois le fait que ça soit le souverain Pontife qui ait conseillé en 765,
- un roi franc d’entrer en contact avec un calife musulman montre qu’il n’existe pas de barrière religieuse qui soit encore très sensible à cet époque là.
- C’est l’enseignement premier, c’est qu’il existe parfois dans le monde méditerranéen une communauté d’intérêt entre deux civilisations ou plus exactement entre deux régimes,
- que ça soit par exemple les abbassides, que ça soit par exemple les carolingiens, il est vrai également que
- les souverains carolingiens ont multiplié les rapprochements avec des populations musulmanes, des souverains musulmans, d’ Al ‘Andalous,
- que ça soit le chef local comme le gouverneur de Saragosse en 777/778, peu de temps avant la fameuse défaite de Roncevaux,
- ou que ce soit plus généralement dans le cadre de trêve avec l’émir omeyyade lui-même comme à l’époque du règne de Louis le Pieu ou à l’époque de Charles le Chauve.
- Les francs étaient considérés probablement par les chrétiens, auprès les habitants chrétiens du sud de la Gaule comme aussi des envahisseurs,
- auxquels peut être on a pu préférer la domination arabe, qui était plus souple, de plus haut, qui laissait au fond,
- comme ça était le cas dans toute l’histoire musulmane du monde musulman, qui laissait les groupes humains vivre à peu près comme ils l’entendaient,
- à condition de ne pas nuire aux intérêts supérieurs de la communauté musulmane,
- et puis il y a eu certainement beaucoup de passages d’un côté à l’autre, on a des exemples de chefs du nord de l’Espagne du côté musulman
- qui épousent des femmes chrétiennes, enfin chrétiennes de dynastie chrétienne surtout dans le nord de l’Espagne,
- on a des familles, une partie semble-t-il était converti à l’islam, une partie est resté chrétienne, il y a toujours eu des passages d’un côté à l’autre
- de ce qu’on peut appeler difficilement une frontière, d’une sorte de ligne en pointillés de démarcation,
- et l’avancée ou le recul de cette frontière pendant assez longtemps a été pourquoi, pourquoi Gérone et Barcelone sont reprises par les chrétiens,
- pourquoi Saragosse ou Huesca restent musulmanes, on ne sait pas très bien toujours comment l’expliquer au fond.
- (Musique)
- Finalement, si vous préférez je crois qu’il faut bien souligner le fait qu’en dehors des quarante années de domination musulmane dans la Narbonnaise,
- avec Narbonne en particulier et puis en dehors de cette période d’environ un siècle qui concerne davantage la Provence, l’appellation d’incursion sarrasine,
- ou d’incursion musulmane résume assez bien les contacts qui se sont produits entre le monde arabo-musulman avant l’an 1000,
- et puis l’occident chrétien, et en aucun cas, il est possible d’associer ce qui s’est produit en Gaule
- avec ce qui s’est produit en Espagne, ou ce qui se produira en Sicile au 9ème , 10ème , et 11ème siècle.
- Il y a une contradiction extraordinaire entre l’absence totale de vestiges de présence musulmane, tant en Narbonnaise qu’en Provence dans la région de la garde-Freinet,
- à part une mosquée à Narbonne, à peu prêt sur, et au contraire la prolifération de la présence littéraire du musulman,
- mais c’est un musulman tout à fait dans la littérature en français bien entendu, ou en occitan, mais c’est évidemment un musulman qui est un musulman littéraire,
- qui n’a pas les traits réalistes quoi, les femmes très belles, très cruelles, et qui peuvent devenir chrétiennes, des hommes courageux mais un peu inhumains,
- violents mais qui peuvent eux aussi se convertir, en quelque sorte la plénitude de l’humanité c’est le chrétien,
- et le musulman des récits de chansons de geste des romans, peut lui-même accéder à cette humanité chrétienne,
- il suffit qu’il veuille se convertir, mais ils sont de très bonnes… ils sont des hommes respectables par le courage, les vertus,
- la sagesse souvent, les vieillards sont toujours des musulmans sages, et rarement des chrétiens, il y a très peu de chrétiens âgés dans les romans de chevalerie,
- c’est toujours le musulman qui est vieux qui a la barbe blanche qui est un homme sage.
- Contrairement à une idée très répandue, il ne semble pas que la chrétienté ait différencié les musulmans des autres ennemis de l’occident chrétien à cet époque,
- puisque dans les chroniques franques, on a pas un vocabulaire distinct, tout le monde est placé sous le même plan,
- ce sont les ennemis de la chrétienté, ce sont les ennemis des francs, ils sont désignés sous l’appellation de nations perfides,
- encore une fois ce n’est pas avant l’an 1000, la fin du 10ème siècle et le début du 11ème siècle qu’une forme de radicalisation est entrain de se mettre en place dans l’occident chrétien,
- peut être sous l’effet du raid contre Saint –Jacques de Compostelle par Al-Hajib Al-Mansour,
- beaucoup plus probablement par l’écho qui a pu avoir la destruction du Saint Sépulcre par le calife fatimide Al-Hakim au tout début du 11ème siècle.
- Un collègue italien qui s’appelle Franco Cardini a écrit un livre pour dire que la croisade ou le jihad ne doivent pas cacher la paix, que l’arbre ne doit pas cacher la forêt,
- que la croisade ou le jihad ou les autres conflits est 10% de l’histoire du moyen âge, et que les relations pacifiques, les relations commerciales,
- les relations culturelles, l’échange des livres, le transfert du savoir, c’est 90% du temps et de l’action des hommes du moyen âge.
- Notre prochaine émission consacrée à l’histoire de l’islam en France traitera de la transmission du savoir à l’occident par le billet des traductions des œuvres arabes,
- entre les 12ème et 14ème siècles.
- Pour en savoir plus sur la façon dont les manuels scolaires présentent la rencontre entre le monde musulman et le monde latin,
- vous pouvez vous référer aux manuels d’histoire de 5ème et de seconde de différents éditeurs,
- nous vous proposons aussi de découvrir quelques ouvrages sur ce thème :
- De la Conquête Arabe à la Reconquête, Grandeur et Fragilité d’al-Andalus, de Pierre Guichard publié par la Fundación El-legado andalusi,
- un chapitre de Pierre Guichard et Henry Bresc dans le Moyen Age l’éveil de l’Europe, sous la direction de Robert Fossi aux éditions Armand Colin,
- enfin les carolingiens et Al-Andalus de Philipe Sénac chez Maisonneuve et Larose.
- (Musique)
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