Les 100 ans de l'Olympisme |
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Titre de la collection
19/20
Date de première diffusion
06/04/1996
Résumé
Il y a 100 ans s'ouvrait à Athènes la plus grande compétition sportive de la planète : les jeux de la première Olympiade moderne.
C'est un aristocrate français, le baron Pierre de COUBERTIN, qui a oeuvré pour la renaissance des Jeux olympiques.
Sociétés de production
-
France 3 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Sport et jeux
Thème secondaire
- Héritages historiques / Antiquités
Générique
- Dorgans Alain - Journaliste
Langue d'origine
Français
Informations complémentaires
Insert d'images d'archives.
Contexte
Les 100 ans de l'Olympisme
Stéphane Mourlane
Les Jeux olympiques de l’ère moderne n’ont qu’un lointain rapport avec la tradition antique. Ils sont en revanche révélateurs des idéaux aristocratiques britanniques qui, au XIXe siècle, constituent le socle de la culture élitaire européenne et, empire oblige, mondiale. Le sport, que la jeunesse privilégiée a commencé à pratiquer dans les établissements scolaires privés dans la première moitié du XIXe siècle, incarne les valeurs de cette élite tout en en assurant la promotion au travers de la société. La baron Pierre de Coubertin, après des séjours outre-Manche, revient convaincu des effets bénéfiques de l’éducation par le sport pour « rebronzer la race ». Secrétaire général de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, il évoque pour la première fois l’idée d’un rétablissement des Jeux olympiques en 1892 sous la forme d’une profession de foi pacifiste et libérale. Lors d’un congrès international du sport amateur, organisé deux ans plus tard, en 1894, en Sorbonne à Paris, il parvient à imposer cette idée. Le Comité international olympique (CIO) voit le jour avec pour charge d’organiser tous les quatre ans des Jeux itinérants. L’amateurisme est érigé en valeur cardinale des idéaux olympiques, codifiés par la suite dans une charte. Le refus de la professionnalisation des athlètes est conçu comme un moyen de préserver un esprit chevaleresque, le culte de l’effort et le contact avec les arts et les lettres (les Jeux olympiques intègrent longtemps des manifestations culturelles). Si les instigateurs de la résurrection des Jeux olympiques entendent contribuer à une meilleure compréhension entre les peuples dans une perspective pacifiste, ils n’en demeurent pas moins attachés à la défense des valeurs patriotiques. Le contexte de tensions internationales sur fond d’affirmation de puissance, de montée des nationalismes et de recompositions territoriales met cette contradiction à l’épreuve.
Dès la première olympiade d’Athènes en 1896, l’internationalisme semble céder le pas devant la passion nationale. La victoire de Spiridon Louys lors du marathon (inventé par un helléniste français, Michel Bréal, en hommage à l’exploit d’un hoplite annonçant aux Athéniens, avant d’expirer, la victoire de leur armée sur les Perses, en 490 av. JC) est considéré comme le symbole d’une Grèce renouant avec le prestige de son passé antique. L’instrumentalisation des Jeux olympiques à des fins politiques et nationalistes ne fait que commencer et connaît un point d’orgue avec les Jeux olympiques de Berlin en 1936 dont Hitler entend faire une caisse de résonnance à la gloire du régime nazi. Le CIO ne parvient jamais à tenir les Jeux à l’écart des vicissitudes des relations internationales : aux lendemains des guerres mondiales les vaincus sont exclus ; les Jeux olympiques de 1952 mettent en scène sur le terrain sportif la guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique ; les boycotts font figure d’armes diplomatiques de rétorsion. Les Jeux olympiques, à la médiatisation croissante, sont également utilisés par des groupes contestataires pour faire entendre leur voix de manière pacifique, comme les sprinters américains brandissent un poing ganté de noir sur le podium pour dénoncer la ségrégation raciale dans leur pays, ou plus violente et tragique, comme l’attaque terroriste d’un commando palestinien qui coûte la vie à neuf athlètes israéliens à Munich en 1972.
Le succès des Jeux olympiques n’est à aucun moment remis en cause : le nombre d’épreuves ne cesse d’augmenter passant de 43 en 1896 à 300 en 2012 lors des Jeux olympiques d’été (les jeux olympiques d’hiver sont instaurés en 1924) tout autant que le nombre d’athlètes (de plus en plus professionnels et auquel se sont jointes les femmes à partir de 1928) : de 241 représentant 14 nations en 1896, les Jeux passent à 10 500 sportifs représentant 200 délégations en 2012 à Londres. En 2008 lors des Jeux de Pékin, 4,5 milliards de spectateurs ont été en mesure de voir et de recevoir des informations relatives aux compétitions : l’idéal d’universalité de Coubertin paraît atteint.
Bibliographie :
Bermon Daniel, Pierre de Coubertin, Paris, Perrin, 2008, 429 p.
Clastres Patrick, Jeux olympiques. Un siècle de passion, Paris, Musée national du Sport et Les Quatre Chemins, 2008, 121 p.
Gafner Raymond (dir.) ; 1894-1994. Un siècle du Comité international olympique. L’idée, les présidents, l’œuvre, Lausanne, CIO, 1994, 3 vol.
Milza Pierre, Jequier François, Tétart Philippe (dir.), Le pouvoir des anneaux. Les Jeux olympiques à la lumière de la politique, Paris, Vuibert 2004, 352 p.