Pèlerinage traditionnel des gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer |
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Titre de la collection
Reportages régionaux pour le journal national
Date de première diffusion
25/05/1960
Résumé
Rassemblement traditionnel des gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer, venus vénérer Marie Salomé, Marie Jacobé et Sarah la Vierge noire.
Les femmes dansent au rythme du guitariste, les sardines grillent sur le brasero et les chevaux entrent dans la mer...
Sociétés de production
-
Office national de radiodiffusion télévision française - Production propre
Chaîne de première diffusion
ORTF
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Pratiques religieuses
Thème secondaire
- Société et mode de vie / Fêtes et traditions
Générique
- Bellair Robert - Journaliste
Lieux
- France - Sud Est - Saintes Maries de la Mer
Langue d'origine
Français
Contexte
Pèlerinage traditionnel des gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer
Bernard Cousin
Depuis un siècle environ, les Gitans, peuple nomade, ont pris l'habitude de se retrouver tous les ans aux Saintes-Maries-de-la-Mer, lieu hors du commun, bout du monde mangé par la mer et le recul du delta du Rhône, pour célébrer une sainte atypique, la servante noire Sarah. Le bourg camarguais des Saintes-Maries-de-la-Mer se trouve en effet à l'extrémité du delta du Rhône, en front de mer. L'église, un édifice roman fortifié au XIVe siècle, était une étape du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. On y vénérait deux saintes, Marie Jacobé, soeur de la Vierge, et Marie Salomé, mère de Jean l'Évangéliste, qui selon une légende médiévale, fixée en 1212 par Gervais de Tilbury dans sa chronique Otia imperiala, aurait abordé les côtes provençales en compagnie de Lazare, de Marthe et de Marie-Madeleine pour évangéliser le sud de la Gaule. Des fouilles effectuées dans l'église en 1448, à la demande du roi René, ont mis à jour des ossements considérés alors comme étant ceux des deux saintes Marie. Ils ont été conservés dans des châsses, aujourd'hui encore abritées dans " la chapelle haute ", dédiée à saint Michel. Aux saintes Marie a été associée par la suite Sarah, présentée tantôt comme une princesse orientale, tantôt comme leur servante, qui est devenue la patronne des Gitans : "Sarah la kâli". Dans la crypte de l'église, elle a sa statue qui évoque une Vierge noire.
La dévotion ancienne a été revivifiée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe sous l'impulsion du félibre camarguais, le marquis Folco de Baroncelli, inventeurs des traditions qui font toujours la célébrité de la Camargue " gardianne ". Le 24 mai, dans un concours de foule associant les Gitans arrivés de divers horizons et les touristes venus assister au pèlerinage, les châsses contenant les reliques des saintes sont descendues par des treuils de leur chapelle haute. Une grande procession conduit la statue de Sarah, vêtue de tissus brillants et brodés, jusqu'à la mer. Les quatre gitans qui la portent pénètrent dans l'eau jusqu'à mi-cuisse ; puis la statue est ramenée dans l'église. La procession est accompagnée d'une grande ferveur populaire, de cris de "Vive sainte Sarah". Elle est suivie d'une messe nocturne, prolongée par des chants et des danses sur des airs de guitare manouche. Le lendemain une nouvelle procession concerne les effigies de Marie Salomé et Marie Jacobé, dans leur barque. Sorties de l'église, elles sont mises à la mer, pour rappeler la légende qui les a fait accoster en Provence, venant de Judée, puis ramenées au sanctuaire. Le document date d'un demi-siècle. Il rend compte de la foule qui se presse, de l'ambiance qui règne et de différentes phases de ce pèlerinage devenu traditionnel, et qui se poursuit toujours chaque année.