Après 30 ans au pouvoir, Moubarak chassé par la rue |
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Titre de la collection
AFP Video
Date de première diffusion
11/02/2011
Résumé
Le président Hosni Moubarak, chassé vendredi par la rue après dix-huit jours d'une contestation populaire sans précédent, a gouverné l'Egypte sans partage pendant trois décennies.
Sociétés de production
-
Agence Française de Presse (AFP) - Production propre
Chaîne de première diffusion
INA
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Enjeux historiques contemporains XIXe-XXIe s.
Générique
- Belaid Djilali - Journaliste
Lieux
- Egypte - Basse Egypte - Le Caire
Langue d'origine
Français
Contexte
Après 30 ans de pouvoir, Moubarak chassé par la rue
François Siino
Une dizaine de jours après que la révolution tunisienne ait provoqué la chute d’une dictature en place depuis deux décennies, c’est au tour des Égyptiens de descendre dans la rue. Le 25 janvier 2011, l’appel à manifester lancé par de jeunes internautes égyptiens rencontre un succès immédiat. Contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie, la capitale, Le Caire, est d’emblée au centre du mouvement de contestation, notamment sur le lieu qui va devenir emblématique du mouvement, la place Tahrir (libération). Cette mobilisation se caractérise par une absence de leader repérable, le rôle marginal de la classe politique classique, mais aussi par l’émergence rapide d’un mot d’ordre commun : la chute du régime.
Ce régime, c’est celui du président Moubarak, en poste depuis près de 30 ans. Comme le rappelle le reportage, c’est à la suite de l’assassinat d’Anouar Al-Sadate par des islamistes en octobre 1981 qu’Hosni Moubarak accède au pouvoir après une carrière dans l’armée. L’état d’urgence qui est alors décrété ne sera plus jamais levé. Comme ailleurs dans le monde arabe, le régime politique égyptien combine libéralisme économique et coercition politique, ce qui se traduit entre autres par des liens très étroits entre les milieux d’affaires et les hauts responsables politiques soupçonnés de corruption et d’enrichissement frauduleux. Un tel système génère tout à la fois le désespoir des classe moyennes et pauvres qui ne peuvent plus compter sur l’aide de l’État pour compenser des inégalités criantes ainsi que la frustration d’une génération éduquée, diplômée mais bloquée dans ses aspirations par un verrouillage politique de la société.
Arguant des nécessités de la lutte antiterroriste décrétée par les pays occidentaux, Moubarak, en fidèle allié des Etats-Unis, maintient un strict contrôle de l’expression politique, autorisant arrestations et détentions illégales, pratique de la torture. Les derniers signes en date du durcissement du régime en 2010 ont été l’assassinat en juin d’un jeune blogueur (Khaled Saïd) et le trucage notoire des élections législatives de novembre 2010 qui excluaient toute opposition du Parlement. Mais peut-être plus que tout, la perspective de voir son fils Gamal prendre sa succession a sans doute contribué à fédérer l’ensemble des protestations sociales et politiques.
Il ne faudra que 18 jours pour que la principale revendication des manifestants – le départ de Moubarak - soit satisfaite. Entre temps, celui-ci aura tenté de convaincre les protestataires de sa volonté de quitter le pouvoir à la fin de son mandat en nommant Omar Souleimane (chef des services de sécurité) vice-président et en renouvelant le 31 janvier 2011 le gouvernement. Mais ces concessions sont doublées d’une répression violente exercée par la police, les services de sécurités ainsi que des baltagis (hommes de main du régime) qui causent la mort de plusieurs centaines de personnes. Le dernier discours du président égyptien, le 10 février 2011, dans lequel il annonce son maintien à la tête du pays jusqu’aux prochaines élections attise encore la révolte. L’armée, institution puissante et jouissant d’une forte légitimité lâche alors Hosni Moubarak, contraint dès le lendemain à quitter le pouvoir.
Bibliographie
Ben Nefissa Sarah, Destremeau Blandine, 2011, Protestations sociales, révolutions civiles, Paris, Armand Colin.
Pagès-El Karoui Delphine et Vignal Leila, 2011, « Les racines de la « révolution du 25 janvier » en Égypte : une réflexion géographique », EchoGéo [En ligne], 27/10/2011. http://echogeo.revues.org/12627