Les colonnes de Delphes |
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Titre de la collection
19/20
Date de première diffusion
14/09/1996
Résumé
L'École française d'Athènes, le plus ancien établissement scientifique français à l'étranger, fête son 150ème anniversaire. Nous rencontrons l'un des découvreurs du site de Delphes, l'archéologue Pierre Armandry. Avec l'aide du mécénat EDF, les chercheurs ont reconstitué la "tholos" de Delphes en images numériques. Pierre Armandry explique les avantages et les limites de ce nouvel outil.
Sociétés de production
-
France 3 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Antiquités
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels / Sites archéologiques
Générique
- Serrand Jean Yves - Journaliste
Langue d'origine
Français
Informations complémentaires
Photos d'archive: la" tholos" en 1938
Contexte
Les colonnes de Delphes
Philippe Jockey
L’École française d’Athènes, établissement fondé en 1846 par décret du roi Louis Philippe, est l’établissement scientifique le plus anciennement établi en Grèce. Son importance est marquée, dans le reportage, par la visite que lui fait en 1996 le premier ministre de l’époque, Alain Juppé, à l’occasion des les cent cinquante ans de sa fondation. Celle-ci suit de peu en effet la déclaration d’indépendance de la Grèce, en 1830, au terme d’une révolution de huit années. Conquise grâce au concours des grandes nations européennes, la liberté retrouvée de la Grèce doit s’accommoder de l’appétit archéologique de ces dernières, qui procèdent, sous l’apparent contrôle des autorités nationales, à une forme de découpage site par site des plus célèbres témoins de la Grèce antique. L’État grec ne peut ici qu’arbitrer et se contente de faire monter les enchères entre Allemands et Français, par exemple, qui se disputent la concession du site de Delphes, en Phocide. Les premiers sont déjà installés à Olympie, dans le Péloponnèse, depuis 1875 et fouillent le sanctuaire du premier des Olympiens, Zeus. Les seconds briguent l’un des plus fameux sanctuaires oraculaires apolliniens du monde grec. Ils en obtiennent finalement la concession en 1892, au prix de négociations commerciales âpres avec le gouvernement grec. Cette victoire sur « l’ennemi » germanique de 1870 va entraîner une exploration archéologique d’une ampleur inédite, communément appelée par les archéologues « la Grande Fouille ». Celle-ci mobilise entre 1892 et 1903 plusieurs centaines d’ouvriers et impose le recours à des wagonnets de mine pour évacuer les milliers de mètres cubes de déblais produits chaque jour. Outre le sanctuaire principal d’Apollon, les fouilles conduites au même moment par l’EFA explorent un second grand espace sacré, moins connu du grand public et dédié cette fois à Athéna, situé en contrebas du premier, sur la terrasse dite de Marmaria. Le site tient son nom de l’accumulation désordonnée des marbres de ses monuments ruinés. Les campagnes de fouilles se succédèrent ici encore d’année en année. Elles mirent au jour les fondations de cinq bâtiments, au nombre desquels la fameuse tholos en marbre évoquée dans le reportage. Datée du IVe s. avant J.-C., de fonction encore incertaine pour les archéologues, qui y voient tantôt un temple, tantôt une hoplothèque (armurerie de prestige), la tholos fut l’objet d’une anastylose dès 1938, comme il est rappelé dans le reportage. Celui-ci met en scène l’un des anciens directeurs de L’École française d’Athènes, Pierre Amandry, spécialiste de Delphes, de son histoire et de son architecture, aujourd’hui décédé. Définie techniquement comme le fait de redresser une colonne sur sa base, l’anastylose va devenir très tôt un enjeu politique autant que scientifique, en raison notamment de son caractère spectaculaire. Elle est en effet le seul monument inscrit dans le paysage de Marmaria, auquel elle confère depuis son identité. Coûteuse, elle requiert le concours de mécènes ou d’institutions publiques. Elle manifeste aux yeux de l’Etat grec qui consent à sa mise en œuvre la sollicitude et la bienveillance de son maître d’ouvrage, l’EFA et par conséquent de l’État français lui-même. L’évocation dans le reportage d’un nouveau type d’anastylose, virtuelle cette fois, près de soixante ans plus tard, et généreusement dotée par une fondation, ajoute au monument une nouvelle série d’images spectaculaires. Elle réintroduit une verticalité perdue le plus souvent sur les sites. Elle témoigne aussi de l’irruption de nouvelles formes de pouvoir, économique cette fois, au cœur de l’archéologie et de son discours. La télévision en était bien encore, à l’aube de la révolution internet, le vecteur privilégié.
Bibliographie :
Coll., La redécouverte de Delphes (1992).
Coll., Marmaria. Le sanctuaire d’Athéna à Delphes (1997).