Sauver l'Acropole |
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Titre de la collection
Mandat Unesco
Date de première diffusion
01/01/1977
Résumé
Documentaire de sensibilisation, consacré à l'état de détérioration de l'Acropole, aujourd'hui en danger à cause des effets du temps et de la pollution.
Le récit retrace d'abord le mode de vie et les coutumes de la Grèce antique à travers des images d'objets et de gravures. Puis, sont évoqués les différents éléments à l'origine de cette dégradation, le commentaire s'appuyant sur des images de temples, monuments et d'Athènes d'aujourd'hui. Enfin, Melina MERCOURI interprète un extrait de Médée d'Euripide (grec, sous titré en français).
Sociétés de production
-
Unesco - Production propre
Chaîne de première diffusion
INA
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Sites archéologiques
Thème secondaire
- Héritages historiques / Antiquités
- Tourisme et sites culturels / Sites touristiques
- Arts, cultures et savoirs / Arts plastiques / Sculpture
- Paysages et Environnement / Risques et catastrophes / Industriels
- Tourisme et sites culturels / Urbanisme et cités / Capitales
Générique
- Bhownagar Jehangir - Réalisateur
Langue d'origine
Français
Informations complémentaires
Mandat Unesco confié à l'Ina
Contexte
Sauver l’Acropole
Philippe Jockey
Ce documentaire de 25’, produit par l’UNESCO en 1977, est réalisé quatre ans seulement après la chute du régime des colonels en Grèce, dictature qui s’est emparée du pouvoir en 1967, à la faveur d’un coup d’État. Il traduit la sollicitude inquiète d’une institution internationale de tout premier plan pour le symbole même de la civilisation occidentale, l’Acropole d’Athènes et pour le premier de ses monuments, le Parthénon. Le logo de l’Unesco qui ouvre le film, une façade stylisée de temple grec, est d’ailleurs une allusion claire à ce dernier. Redécouvert dès le XVIIIe s. par les voyageurs qui parcourent alors la Grèce à la recherche de son glorieux passé, le Parthénon cristallise depuis toutes les attentions et suscite toutes les sollicitudes des nations européennes. La pollution domestique, automobile et industrielle engendrée par l’explosion démographique qui caractérise la Grèce à compter des années 1960 et conduit plus d’un cinquième des Grecs à s’installer à Athènes, menace depuis lors son intégrité. Elle attaque en effet l’épiderme du marbre pentélique, en altère l’aspect extérieur et le noircit, agression ultime pour le symbole même de la Grèce blanche, de ce « miracle grec » célébré par Renan dans sa fameuse « Prière sur l’Acropole » (1865-1876-1883). Car ce thème général qui a valeur de slogan, « sauver l’Acropole », est loin d’être neuf. Il est au cœur du discours des nations européennes depuis la fin du XVIIIe s. Il a servi à justifier le dépeçage de ses décors sculptés, dispersés dans les plus grands musées européens (Louvre et British Museum). On en retrouve ici l’un des principaux ressorts : l’exaltation de la civilisation grecque classique, confondue ici avec la seule Athènes de Périclès (Ve s. av. J.-C.) et ses productions littéraires, philosophiques et artistiques. Cet athénocentrisme, porté par l’homme d’État athénien lui-même dans l’un de ses discours les plus célèbres, rapporté par l’historien grecThucydide et prononcé au tout début de la Guerre du Péloponnèse qui l’opposait à Sparte (431-404 av. J.-C.), occupe la majeure partie de ce documentaire. Il exprime, à travers la célébration des productions athéniennes cette fascination occidentale que d’autres ont préféré qualifier de « mirage grec ». La présentation de la politique active de préservation des vestiges sculptés de l’Acropole par les Grecs eux-mêmes, à travers l’exemple des moulages des Caryatides de l’Erechthéion, signale une étape décisive dans l’histoire contemporaine de la restauration des monuments antiques et grecs en particulier. Elle est caractéristique, notamment de la place nouvelle qui y est accordée aux hommes de l’art, sculpteurs et mouleurs, mis en scène, au cœur de l’action, dans le film. On peut aussi reconnaître dans ce court-métrage l’expression métaphorique d’un souhait qui prête sa voix à une organisme international incontesté : voir les Grecs prendre eux-mêmes en charge leur destin, ici patrimonial, naguère politique, quand, quatre ans seulement avant, ils avaient renversé les colonels. Ce thème est encore d’actualité et les travaux de restauration sur l’Acropole plus actifs que jamais aujourd’hui.
Bibliographie :
Sophie Basch, Le Mirage grec. La Grèce moderne devant l'opinion française.
(1846-1946), Paris, Paris, 1995.
Sophie Basch (dir.), La métamorphose des ruines, École française d'Athènes (coll. Champs helléniques modernes), Athènes, 2004.
Philippe Jockey, Le mythe de la Grèce blanche, Paris, Belin, 2013.