La clinique des Madones |
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Titre de la collection
AFP Video
Date de première diffusion
23/10/2010
Résumé
Des statues fissurées, des toiles déchirées... en tout, plus de 500 oeuvres endommagées par le tremblement de terre de l'Aquila le 6 avril 2009 sont traitées ici. Surnommé "la clinique des madones", le musée de la préhistoire des Abruzzes prodigue ses soins depuis 9 mois, grâce à une dizaine de restaurateurs venus de toute l'Italie.
Sociétés de production
-
Agence Française de Presse (AFP) - Production propre
Chaîne de première diffusion
AFP Video
Forme audiovisuelle
Journal
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Arts plastiques / Sculpture
- Paysages et Environnement / Risques et catastrophes / Naturels
Lieux
- Italie - Centre - L'aquila
Langue d'origine
Français
Contexte
La clinique des Madones
Cyril Isnart
Le séisme qui a détruit la région de L’Aquila, au centre de l’Italie, le 6 avril 2009, a connu une médiatisation intense en Europe du fait de l’ampleur des dommages subis par les habitants, par la proximité géographique de l’épicentre et par la polémique autour de la mise en cause des scientifiques italiens dans leur prévision de risque sismique. Plus de 300 personnes ont trouvé la mort durant cette catastrophe et on estime que plus de 80% des monuments artistiques ont été touché, alors que plus de 10.000 personnes sont restés sans abri pendant plus d’un an et relogées en dehors de leur ville.
L’Italie s’est engagée dans une prise en charge de la reconstruction et du relogement, mais le Musée Paludi de Celano, musée de préhistoire s’est transformé en un gigantesque atelier de restauration d’urgence des œuvres d’art, pour traiter les quelques 1.000 objets endommagés pendant le séisme de 2009. La presse a rapidement surnommé ce centre de restauration « l’hopital des Madones ». Une équipe de 10 restaurateurs professionnels du territoire italien s’est rassemblée à Celona et a inauguré en 2010 une exposition multi-site rassemblant les œuvres restaurées sous le titre « Terra Madre Abruzzo – Madonne Salvate dal Museo Nazionale dell’Aquila ».
Si le patrimoine architectural est sans conteste l’objet d’investissement scientifique et technique fort pendant les phases postérieures à une catastrophe (et c’est le cas à L’Aquila avec une liste de 45 sites à restaurer dans cette seule commune), le travail des restaurateurs du patrimoine mobilier est ici mis en valeur en montrant les gestes techniques minutieux, la précision des diagnostiques, les dommages spécifiques qui résulte d’un tremblement de terre et la capacité d’adaptation et d’innovation dont les restaurateurs doivent témoigner.
L’émotion que les habitants de la région ont subie en vivant la catastrophe, comme en vivant à proximité des lieux détruits, apparaît également très clairement dans les liens qui les unissent à ces objets dévotionnels, dont la puissance surnaturelle reste intacte. Un restaurateur évoque la crainte des villageois de ne pas voir revenir leur Madone dans leur église après la restauration et la voix off rappelle que, tout comme lors du précédent séisme de L’Aquila en 1709, la statue de sant’Emedio de la ville voisine Ascoli (à 100 km de L’Aquila), protecteur contre les tremblements de terre, n’a pas été endommagée.
Une catastrophe naturelle de l’ampleur du séisme d’avril 2009 à L’Aquila ne touche donc pas simplement les infrastructures quotidiennes, comme les habitats domestiques, ou les édifices symboliques du patrimoine artistique, mais montre également à quel point les objets matériels de la dévotion font partie intégrante de l’image du groupe local et qu’ils nécessitent, au moins autant que les couvents et les cathédrales, un soin patrimonial particulier.
Sur L’Aquila
Sur le patrimoine et l’Italie
S. Settis, Italia S.p.A., L'assalto al patrimonio culturale, Einaudi, Torino, 2002
Palumbo Bernardino 2003, L’Unesco e il campanile. Antropologia, politica e beni culturali in Sicilia orientale, Rome, Meltemi.