Norig Neveu

 

 

Ce reportage appartient à une série de documentaires présentant les cent auteurs arabes les plus marquants. Le documentaire présente la vie de Mahmoud Darwich au travers d’une interview du poète jordanien Jaris al-Samawy. Ce dernier insiste sur l’importance de la Palestine au sein de l’œuvre de Mahmoud Darwich. Sa poésie est en effet emblématique de la lutte du peuple palestinien. Lui-même se désignait comme le « poète des vaincus » mais aussi de l’amour.

Mahmoud Darwich est né en 1941 à al-Birwah, un village de Galilée qui fut rasé après la création de l’Etat d’Israël en 1948. Après s’être réfugiés au Liban, lui et sa famille se réinstallèrent clandestinement en Palestine, à Dair al-Assad puis à Haïfa, où Mahmoud Darwich publia son premier recueil de poésie, Oiseaux sans ailes en 1960.

A la fin de ses études Mahmoud Darwich publia ses poèmes dans la presse locale, notamment dans le journal al-Jadid dont il devint le rédacteur en chef. A partir de 1961, il adhéra clandestinement au parti communiste israélien et fut emprisonné à plusieurs reprises. La publication de son recueil Rameaux d’olivier en 1964, dans lequel figure le célèbre poème Identité, lui valut une reconnaissance internationale en tant que voix de la résistance palestinienne.

Sa vie est marquée par de nombreux exils. Il quitta ainsi la Palestine en 1970 et se rendit à Moscou, au Caire puis à Beyrouth. Il rejoint alors l’Organisation de Libération de la Palestine et créa la revue littéraire al-Karmel dont il devint rédacteur en chef. Au cours de la guerre civile Mahmoud Darwich quitta le Liban pour s’installer au Caire, à Tunis et enfin à Paris. Elu membre du comité exécutif de l’OLP en 1987, il quitta cependant l’organisation en 1993 pour protester contre les accords d’Oslo et l’attitude, selon lui trop conciliante, de l’OLP. Il retourna alors s’installer en Palestine où il obtint une autorisation exceptionnelle de résider dans la ville de Ramallah. Des obsèques nationales y furent organisées après son décès en 2008, alors que la Jordanie lui décerna les honneurs. 

Mahmoud Darwich laisse une œuvre considérable qui regroupe plus de vingt volumes de poésie et sept livres de prose. Traduite dans de nombreuses langues, cette œuvre est représentative des problématiques de la lutte palestinienne: la nostalgie, l’exil, le désarroi... Elle présente aussi des témoignages directs comme le récit Une mémoire pour l'oubli qui relate la vie de l’auteur lors de l’offensive israélienne à Beyrouth en 1982, visant à chasser l’OLP de la ville. Mahmoud Darwich est également célèbre pour sa maîtrise de la langue arabe dans laquelle est composée l’intégralité de son œuvre, et qu’il chérissait. 

Mahmoud Darwich reste probablement le poète moyen-oriental le plus célèbre. Un grand nombre de ses poésies ont été interprétées par des musiciens, dont Marcel Khalife qui dirigea, en 1984, un opéra poétique écrit par Darwich lui-même.

 

Bibliographie :

Marie-Hélène Avrilet Sobhi Boustani, Poétique et politique : la poésie de Mahmoud Darwich, Bordeaux, Presse universitaire de Bordeaux, 2010.

Mahmoud Darwich, Chronique de la tristesse ordinaire, Paris, Du Cerf, 1989.

Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l’oubli : le temps, Beyrouth, le lieu, un jour d’août, 1982, Arles, Actes Sud, 1994.

François Xavier, Mahmoud Darwich dans l'exil de sa langue, Marseille, Autres temps, 2004.

Anette Mansson, Passage to a new world: exile and restoration in Mahmoud Darwish’s writings, 1960-1995, Uppsala, Uppsala University Press, 2003.