Le gouvernorat de Balqa |
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Titre de la collection
Les temps passés
Date de première diffusion
1990
Résumé
Cet épisode de l'émission "Les temps passés" nous fait découvrir le patrimoine des régions rurales de la Jordanie.
Nous rencontrons des artisans, qui continuent de fabriquer des chaussures et des outils agricoles tels que les pioches ou les charrues. Nous nous dirigeons ensuite vers les marchés populaires de Salt, tels que le Marché du Hammam ou le Marché de Eddoukhan (fumée) où nous découvrons les jeux populaires.
Salt est une belle ville qui a gardé son architecture originale, et ses mosaïques, avec ses bâtisses anciennes collées les unes aux autres formant des ruelles étroites. Nous découvrons le lycée de Salt, premier établissement scolaire et l'une des plus importantes bâtisses fondé en 1022, ou les noms des premiers diplômés sont gravés sur ses murs.
Sociétés de production
-
La télévision - Production propre
Chaîne de première diffusion
JRTV - Jordan Television
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Urbanisme et cités
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels
- Société et mode de vie / Espaces publics et sociabilités
Générique
- Abadi Fawaz - Réalisateur
- Guaddah Rekkane - Présentateur
- Majali Ghazi - Auteur œuvre originale
Lieux
- Jordanie - Plateau de Transjordanie - Balqa
Informations complémentaires
Artisanat traditionnel - Marchés populaire de Salt - Jeux de divertissement mobiles - Bâtiments de Salt - Première école
Contexte
Gouvernorat d’al-Balqa
Norig Neveu
Ce documentaire porte sur le patrimoine de la ville de Salt. Située au Nord d’Amman dans le gouvernorat de la Balqa, cette ville regroupe une population de 71 100 habitants. La ville de Salt s’est développée à la fin de l’époque ottomane, lorsque l’administration ottomane s’y réinstalla. L’arrivée de cette administration favorisa l’agriculture locale et l’implantation de marchands venus de Damas et de Palestine. Ces derniers construisirent de riches demeures qui constituent aujourd’hui encore, le patrimoine architectural de la ville (Rogan, 1999). Ces maisons sont représentatives de l’architecture ottomane avec des façades percées d’ouvertures, taillées dans la pierre calcaire jaune de la région. Salt était ainsi un important marché régional qui avait des relations privilégiées avec la ville de Naplouse. Au moment de la création de l’émirat de Transjordanie, la ville fut pressentie pour en être la capitale, c’est Amman qui fut cependant choisie. Ceci entérina alors la perte d’importance économique et politique de Salt.
Ce documentaire s’organise autour d’interviews de personnes âgées interrogées sur le passé de la ville et sa région. Cette démarche folkloriste, héritée d’une tradition européenne, fut en vogue à partir des années 1960 en Jordanie. A cette époque, le jeune Etat indépendant, à la recherche de symboles légitimant son existence, prêta un plus grand intérêt à l’histoire locale et favorisa la création de collections privées d’objets artisanaux (Maffi, 2004).
Plusieurs aspects de la vie économique et culturelle locale sont ici mis en lumière. Le système éducation, tout d’abord, est présenté comme héritier des premières institutions ottomanes datant de la fin du XIXe siècle. L’éducation religieuse, dans cette ville dont une partie significative de la population est chrétienne, était prise en charge par les différentes communautés. Les activités économiques de la ville sont ensuite décrites au travers des professions de commerçants et de forgerons, représentatives de l’importance commerciale de la ville à l’échelle régionale jusque dans les années 1930. Malgré l’importance du commerce au sein de l’économie locale, Salt reste aussi réputée pour son activité agricole, en particulier la production d’olives. Les réformes ottomanes ont permis de développer cette activité dans la région de Salt. Le documentaire se clôt sur l’évocation du mode de vie féminin avec une présentation des habits anciens et traditionnels, en particulier la madraga, robe sans manche imprimée de motifs de couleur. Cette évocation souligne l’importance des femmes comme garantes du patrimoine et de la tradition (Maffi, 2004).
Dans une perspective folkloriste, ce documentaire, s’intéresse au patrimoine culturel de la ville de Salt en s’arrêtant sur les outils, l’artisanat et le patrimoine architectural typiques. Ce documentaire reprend la définition officielle du terme patrimoine puisque, depuis la loi des antiquités de 1923, sont considérés comme patrimoine tous les sites et objets postérieurs à 1700. Cette limite chronologique définit les vestiges et objets dépendant du patrimoine, turâth, par opposition ceux, plus anciens, relevant de l’histoire, târîkh. Bien que la pratique vienne souvent contredire cette définition on voit ici que l’héritage ottoman est effectivement considéré et présenté comme constitutif du patrimoine local.
Bibliographie
Raoud Sa’d Abujaber, Pioneers over Jordan: the frontier of settlement in Transjordan, 1850-1914, Londres, I.B. Tauris, 1989.
Irene Maffi, Pratique du patrimoine et politique de la mémoire en Jordanie. Entre histoire dynastique et récits communautaires, Lausanne, Payot, 2004.
Eugene Rogan, Frontiers of the State in the Late Ottoman Empire, Cambridge, Cambridge Middle East Studies, 1999.