Une soirée poésie par le poète Mahmoud Darwish |
|
Titre de la collection
Soirées
Date de première diffusion
01/07/2008
Résumé
A l’occasion du centenaire de la municipalité de Ramallah en 2008, une soirée a été organisée en hommage au poète palestinien Mahmoud Darwish au Palais de la Culture.
Sa dernière collection de poèmes a été présentée, accompagnée par la troupe musicale « Jabran » qui avait l’habitude de l’accompagner au cours des soirées de poésie.
Cette soirée fut la dernière vu qu’il est décédé un mois plus tard ; on dit qu’au cours de cette soirée il avait prédit sa mort à travers le poème « le joueur de dés » ; après cette soirée il s’était rendu aux USA pour des soins et c’est là qu’il mourut alors qu’il subissait une opération.
Sociétés de production
-
Ramallah - Production propre
Chaîne de première diffusion
PBC - Palestine T.V.
Forme audiovisuelle
Concert
Personnalités
- Darwish Mahmoud
- Trio Jebran - Musiciens
Thème principal
Spectacles vivants
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Langues et littératures
- Arts, cultures et savoirs / Musiques et chants
Générique
- Equipe Television Palestinienne - Réalisateur
Lieux
- Palestine - Cisjordanie - Ramallah
Informations complémentaires
Dernière soirée du poète Mahmoud Darwish un mois avant son décès.
Contexte
Une soirée poésie par le poète Mahmoud Darwich
Richard Jacquemond
Cette soirée poétique est probablement la dernière donnée par Mahmoud Darwich au public palestinien : nous sommes à Ramallah le 1er juillet 2008, cinq semaines avant son décès, le 9 août, dans l’hôpital de Houston (Texas) où il était venu se faire opérer du cœur. Né en 1941 dans un village de Galilée, plusieurs fois arrêté par les autorités israéliennes dans les années 1960, Darwich a vécu l’exil palestinien de 1970 jusqu’à son installation à Ramallah en 1995, au moment où, à la suite des accords d’Oslo, cette bourgade sans histoire va devenir la capitale politique de l’embryon d’Etat palestinien (l’archive est tournée à l’occasion des cérémonies du centenaire de la fondation de Ramallah, un paradoxe sur une terre qui abrite quelques-uns des plus vieux centres urbains du monde). C’est là aussi qu’il sera enterré le 15 août 2008, après trois jours de deuil national et des obsèques officielles suivies par des dizaines de milliers de ses compatriotes.
Le nombreux public doit, comme le lecteur de l’archive visuelle, patienter une demi-heure occupée par des discours officiels avant de voir le poète monter sur scène, accompagné par l’excellent trio Joubran (voir leur site :
http://www.letriojoubran.com/). Le cadre très officiel de cette soirée (au début de l’archive, on voit Darwich, flanqué de Yasser Abd Rabbo, ex-ministre de la Culture, et de Salam Fayyad, alors chef du gouvernement de l’Autorité palestinienne, pendant l’exécution de l’hymne national) est trompeur : le public est venu pour écouter Darwich. La poésie arabe moderne a rompu avec le cadre formel de l’ancienne poésie arabe, mais elle n’a pas perdu sa dimension lyrique : c’est dans la déclamation orale (et dans la chanson, quand elle est mise en musique) qu’elle donne sa vraie mesure et qu’elle est le plus appréciée du public, et c’est particulièrement vrai dans le cas de Darwich. Au long de quatre décennies, ses apparitions publiques dans tout le monde arabe, mais aussi en France et ailleurs, auront déplacé des centaines de milliers d’auditeurs.
Cette immense popularité, Darwich l’a construite d’abord en tant que « poète de la résistance palestinienne » (voir contexte de l’archive « Le poète palestinien Mahmoud Darwich » - SNR00353), mais il fut d’abord et avant tout un poète. Si lui-même s’est engagé politiquement, tout au long de sa vie, sa poésie transcende cet engagement et doit être lue d’abord comme telle. C’est encore plus vrai de sa poésie des dernières années : dans une évolution assez banale, elle se fait, au fur et à mesure que le poète avance en âge, plus dépouillée, méditative, mais aussi (c’est peut-être moins banal) plus libre, dense, bref, plus forte que jamais. Les poèmes qu’il lit ce soir de juillet 2008 à Ramallah, parmi les derniers qu’il aura écrits, sont de cette veine : « Dans la gare d’un train tombé des cartes », « Scénario prêt à jouer », « Le lanceur de dés » (traduits en français dans Le lanceur de dés (2010). Extrait du dernier :
Qui suis-je pour vous dire
ce que je vous dis
(…)
J'ai la chance de dormir seul,
d'écouter ainsi mon cœur,
de croire en mon talent à déceler la douleur
et appeler le médecin,
dix minutes avant de mourir,
dix minutes suffisantes pour revivre
par hasard et décevoir le néant.
Mais qui suis-je pour décevoir le néant ?
Bibliographie
Mahmoud Darwich, Le lanceur de dés et autres poèmes, trad. Elias Sanbar, photographies d’Ernest Pignon-Ernest, Arles, Actes Sud, 2010