Vue d'ensemble et détails des grands ouvrages architecturaux réalisés à Rome à l'époque fasciste, notamment le Foro Italico, l'Université Sapienza, des bureaux de poste, des gares et les bâtiments publics du quartier de l' EUR. Photographies en noir et blanc d’architectes italiens et des travaux de construction. Le critique d’art Daverio parle des travaux architecturaux construits à Rome à l'époque fasciste.
Type
video
Sociétés de production
RAI - Production propre
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Tre
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Architecture
Thème secondaire
Arts, cultures et savoirs
Générique
Daverio Philippe - Auteur œuvre originale
Période d'événement
De 1925 à 1950
Lieux
Italie - Centre - Rome
Langue d'origine
Italien
Durée
13m54
Informations complémentaires
Extrait du film "Gare Termini", réalisé par Vittorio De Sica en 1953.
Extrait du film "Boccaccio'70", réalisé par Mario Monicelli, Federico Fellini, Luchino Visconti et Vittorio De Sica en 1962.
Photos en noir et blanc des travaux et de Mussolini visitant les chantiers.
Contexte
Contexte
Les Travaux d’urbanisme et d’architecture à Rome à l’époque fasciste
Jean-Lucien Bonillo
Dans la période de l’entre-deux-guerres, à l’instar des autres pays totalitaires comme l’Allemagne et l’URSS, l’Italie se caractérise par une forte intervention de l’Etat dans les champs de l’architecture et de l’urbanisme. Proche du mouvement futuriste – une des premières avant-garde radicale du début du XXe siècle – Benito Mussolini donnera des gages et des projets à construire aussi bien aux architectes engagés dans le Mouvement moderne rationaliste que dans celui plus académique et attaché à la tradition, porté par le Syndicat national des architectes. Actif dans ce dernier, Marcello Piacentini, inventeur du « stile littorio » (le style du licteur) apparaît cependant comme une sorte d’architecte privilégié du régime à qui échoient les commandes de prestige.
Avec des objectifs aussi bien économiques et sociaux qu’idéologiques Mussolini mène une politique de grands travaux sur deux échelles, que le film fait en partie apparaître :
- Territoriale d’une part avec le projet d’assainissement et de mise en valeur des marais pontins dans le Latium, à environ soixante kilomètres au sud de Rome (une urbanisation structurée par la création de cinq petites villes nouvelles dont la fameuse Sabaudia), le plan d’aménagement du Val d’Aoste conçu sous les auspices d’Olivetti (non réalisé) ; et aussi l’EUR 42 (Esposizione Universale Roma) une ville nouvelle au sud de Rome censée célébrer en 1942 les vingt ans d’existence du parti fasciste.
- Urbaine d’autre part, avec la rénovation des centres historiques des principales villes d’Italie : Rome, Turin, Gênes, Naples, Florence, Brescia… Les transformations de Rome illustrées ici représentent bien entendu un enjeu particulier, la ville capitale symbolisant l’Italie unie mais aussi l’Empire romain qui est un référent privilégié du discours fasciste de grandeur et de conquête. Un propos qui sert l’ambition pan-méditerranéenne du Duce.
En 1925 Mussolini s’identifiant à l’empereur Auguste lance un nouveau plan de modernisation de la ville qui prétend faire de « la troisième Rome (une) cité de marbre ». Le film détaille ces grands travaux programmés en cinq étapes et qui commencent symboliquement par un vaste complexe sportif, le « Foro Mussolini » (rebaptisé Foro Italico après la guerre).
La logique urbaine est la programmation de nombreux équipements qui servent la création de nouveaux pôles de centralité (ils supposent des démolitions dans les centres anciens) et la liaison par de vastes perspectives de ces polarités nouvelles avec celles existantes, à l’image de Saint-Pierre de Rome et du Vatican reliés au centre historique. L’ensemble obéit aux principes de l’urbanistique baroque ou haussmannienne.
Du point de vue architectural, il faut noter la présence forte de la rhétorique du « stile littorio », un néo-classicisme monumental et simplifié qui joue d’éléments tectoniques et de décor classiques : mur, colonne, pilastre, arc… Les peintures et sculptures qui accompagnent les édifices évoquent les traditions romaines, les vertus paysannes et les gloires militaires. Cette architecture était censée servir la propagande d’Etat, illustrer ses valeurs et son idéologie. Pour autant on ne peut pas parler du règne absolu d’une architecture officielle. Le film montre bien comment une grande diversité de tendances architecturales parviendra à s’exprimer dans le cadre de la commande d’Etat pour la nouvelle université.
Bibliographie succincte et indicative
-Cesare de Seta, La cultura architettonica in Italia tra le due guerre, Bari, ed. Laterza, 1972.
-Spiro Kostof, The third Rome 1870 – 1950: traffic and glory, Berkeley University Art museum, 1973.
-Silvia Danesi et Luciano Patetta (dir), 1914 – 1943 Rationalisme et architecture en Italie, CERA/Electa France/Mardaga, 1977 (La biennale de Venise, 1976 pour la 1ère édition).
-Manfredo Tafuri et Francesco dal Co, Architecture contemporaine, Paris, éd. Berger – Levrault, 1982 (1ère édition, Electa, 1976).
-Giorgio Ciucci, Italian architecture during the fascist period: classicism between neoclassicism and rationalism, the many souls of the classical, in The Harvard architectural review, 6, 1988.