L'Académie des Lincei |
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Titre de la collection
Tg2 Dossier
Date de première diffusion
20/06/2010
Résumé
L'Académie des Lincei est le plus grand établissement culturel italien et la plus ancienne académie scientifique du monde, fondée à Rome par le prince Federico Cesi en 1603. Interviews de Tullio Gregory, Lamberto Maffei et Marco Guardo qui évoquent son histoire et son rôle fondamental dans la société culturelle italienne. Explications du choix du nom "Lincei" qui signifie lynx. Illustration de la richesse de la bibliothèque à travers l'exhibition des pièces d'exception de la collection.
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Due
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Arts, cultures et savoirs
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Sciences
Générique
- Bonini Senio - Auteur œuvre originale
Contexte
Académie des Lincei
Stéphane Mourlane
L’Académie des Lincei est la plus ancienne académie scientifique du monde. Elle est fondée en 1603 par Federico Cesi. Ce noble romain féru de botanique, qui fait des Monts Lucrétiliens (Monti Lucretili) au Sud-Est de Rome son principal terrain de recherches, est accompagné dans sa démarche par le mathématicien Francesco Stelluti, l’astronome Anastasio De Filiis ainsi que du médecin et naturaliste hollandais Johannes Van Heeck. Les fondateurs choisissent comme emblème le lynx (lince), dont la vue perçante symbolise les qualités d’observation dont doivent faire preuve les scientifiques. Ils y accolent la maxime « Sagacius ista » signifiant ainsi la persévérance dans leurs travaux. L’inscription de Galilée à l’Académie en 1611 lui confère une certaine renommée, mais lui vaut aussi la méfiance de l’Église. L’Académie, qui soutient ouvertement le Pisan et sa théorie géocentrique face à l’Inquisition, frôle une mise à l’Index. Elle ne résiste toutefois pas à la mort de son fondateur en 1630 en dépit de la qualité reconnue des travaux publiés sous son égide.
Elle est refondée en 1745 à Rimini par un médecin enseignant à l’Université de Sienne, Giovanni Bianchi qui publie des traités de botanique, de zoologie et d’hydraulique sous le nom de Janus Plancus. Mais, une fois encore, l’activité de l’Académie peine à survivre au décès de son instigateur. Après une première tentative de renaissance en 1802, est instituée en 1847 par le pape Pie IX l’académie pontificale des nouveaux Lincei en vue de perpétuer l’héritage de Cesi. La formation de l’État italien qui fait de Rome sa capitale, en 1870, entraîne une nouvelle refondation de l’institution qui devient l’Académie nationale royale des Lincei. Quintino Sella, un ingénieur hydraulique qui s’est fait remarquer à la fois dans le champ scientifique pour ses travaux de cristallographie, ses qualités d’alpiniste – il est le fondateur du club alpin italien – et son parcours politique – il est ministre des Finances dans le gouvernement Ruttazzi en 1862 – est à l’origine de cette académie qui doit asseoir dans le domaine des sciences le rayonnement du nouveau royaume d’Italie. Selon un principe encore actuel, l’Académie est divisée en deux classes, sciences physiques et humanités, qui accueillent chacune 90 membres italiens et autant d’étrangers. Elle s’installe dans un palais romain du XVIe siècle vendu à l’État italien par l’héritier d’une des grandes familles nobiliaires florentines, Tommaso Corsini. Ce dernier lègue en même temps à l’Académie la bibliothèque familiale d’environ 40 000 volumes rassemblés au XVIIIe siècle pour beaucoup par son plus prestigieux aïeul, le pape Clément XII. Ce fonds, qui contient de précieux incunabless s’ajoute à ce qu’il reste de la bibliothèque originelle de l’Académie, dont une bonne partie a été perdue dans le naufrage du navire transportant les ouvrages vers la bibliothèque impériale de Berlin après une acquisition lors d’une vente aux enchères. Il ne cesse ensuite de s’enrichir pour former un ensemble composite mais particulièrement riche couvrant un large spectre de la recherche scientifique.
Dans l’entre-deux-guerres, l’Académie aux orientations plutôt libérales, doit faire face aux prétentions totalitaires du régime fasciste qui entend encadrer et instrumentaliser les milieux scientifiques. En 1929, Mussolini inaugure une Académie d’Italie afin de « coordonner le mouvement intellectuel italien dans le domaine des sciences, de la littérature et des arts, en conservant pur le caractère national, selon le génie et les traditions de la race et de promouvoir l'expansion et l'influence au-delà des frontières de l'État. » (article 2 des statuts). L’Académie des Lincei, dont les membres doivent jurer fidélité au régime fasciste en 1933, est intégrée en 1939 à cette nouvelle institution. Elle ne reprend son autonomie et ses activités qu’après la guerre à l’instigation du philosophe Benedetto Croce, qui compte parmi la dizaine d’académiciens qui ont refusé de prêter serment au Duce, après que ses membres les plus investis dans les instances fascistes ait été évincés. L’article 1 des statuts, rénovés en 2001, indique que l’Académie des Lincei « a pour but de promouvoir, coordonner, intégrer et diffuser les connaissances scientifiques dans leur expression la plus élevée dans le cadre de l’unité et l’universalité de la culture ».
Bibliographie :
Giuseppe Gabrielli, Contributi alla storia della Accademia dei Lincei, Roma, Accademia nazionale dei Lincei, 1989.