Truffes et Tortelli du Piémont |
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Titre de la collection
Ligne verte
Date de première diffusion
24/10/2010
Résumé
Le documentaire porte sur les truffes du Piémont.
Elisa Isoardi questionne les gens sur les caractéristiques de la truffe.
Dans les bois, nous suivons les chiens à la recherche de la truffe. La vidéo montre des paysages de villes et de champs cultivés, ainsi qu'une vue extérieure du Castello di Gabiano.
Elisa Isoardi rencontre des personnes partageant un repas à table, qui donnent des informations sur la Foire de la Truffe du Piémont.
Enfin, nous suivons une recette avec le chef Massimo Mentasti.
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Uno
Forme audiovisuelle
Documentaire
Générique
- Isoardi Elisa - Journaliste
- Rebellini Fabrizio - Participant
- Carbone Mauro - Participant
- Mentasti Massimo - Participant
- Cane Chiara - Participant
Lieux
- Italie - Nord Occidentale - Alessandria
Contexte
Truffles and tortelli from Piemonte
Mayalen Zubillaga
Ce documentaire propose de découvrir la truffe blanche du Piémont (tuber magnatum pico), champignon souterrain extrêmement cher et recherché, que l'on l'appelle aussi « truffe blanche d'Alba », du nom de la ville qui accueille la plus ancienne foire consacrée à ce produit (1929). D'autres foires locales célèbrent le « diamant blanc » de septembre à janvier, par exemple à Murisengo. La truffe blanche a même donné naissance à un centre national d'études (Centro Nazionale Studi Tartufo). Fierté du Piémont, elle est très utilisée dans le marketing touristique de cet espace considéré comme l'une des plus grandes régions gastronomiques italiennes. Il s'agit du berceau de Slow Food, mouvement fondé en 1986 par Carlo Petrini en « réaction à la lugubre gangrène du fast-food généralisé », « pour une mondialisation qui tire les choses vers le haut (…) sans oublier la défense de la biodiversité » (La pensée de midi, 2004). Or, cette démarche puise ses racines dans le passé paysan de l'Italie.
Pourtant, historiquement, une grande partie de la diversité défendue par Slow Food est née de la longue tradition citadine italienne. Dans les campagnes, jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle, pauvreté et disettes marquèrent profondément les paysans, qui se nourrissaient de façon frugale et monotone par nécessité. Au contraire, les conditions pour fonder une grande gastronomie étaient réunies dans les villes : ingrédients venus de la campagne certes, mais aussi et surtout marchés, pouvoir, argent, émulation sociale, mouvements migratoires. Ce n'est que dans la deuxième moitié des années 1950, avec la relance des activités industrielles et le début du « miracle économique », que les Italiens dans leur ensemble découvrirent les joies de l'abondance alimentaire.
Dans le même temps, avec l'exode rural et les migrations internes, une certaine nostalgie du mode de vie rural, des terroirs et des mets d'antan apparut. Au moment où les Italiens connaissaient la prospérité, ils découvraient également la raréfaction des produits sauvages somme la truffe, le poisson d'eau douce ou le gibier. D'ailleurs, dès 1957, la grande chaîne publique RAI réalisa, alors qu'elle n'avait que trois ans, un grand programme en douze épisodes intitulé À la recherche de mets authentiques. Un voyage dans la vallée du Pô, avec l'objectif affiché de chercher la gastronomie « authentique » italienne. Le terrain du journaliste ? Le Piémont, déjà ! Une comtesse y donnait d'ailleurs une recette de fondue à la truffe.
La méfiance envers les pratiques alimentaires importées, l'amour des mets paysans et la nostalgie du passé, malgré leurs petits arrangements avec l'histoire, s'ancraient de fait dans une qualité de produits indéniable sur l'ensemble du territoire. Elles relevaient aussi du passé récent de l'Italie : la gastronomie, reflétant à la fois la diversité et l'unité du pays, vint occuper l'idée de nation délaissée par les Italiens après le fascisme.
Cette tendance se prolongea au cours des décennies suivantes, alors que l'industrialisation grandissante de la nourriture et l'émergence des grandes surfaces conditionnèrent l'apparition d' « objets comestibles non identifiés », marqués par une sorte de « boîte noire entre la fourche et la fourchette », selon l'expression du sociologue Claude Fischler. Dans les années 1990 naquirent plusieurs stratégies de protection et de valorisation du patrimoine culinaire. Aujourd'hui encore, les Italiens revendiquent leur gastronomie comme source de leur identité, avec le mythe d'une cuisine paysanne héritée de traditions séculaires. Ce n'est pas un hasard si la truffe blanche, produit de grand luxe, est présentée ici sous l'angle de la campagne, de la terre et de la tradition.
Bibliographie :
CAPATTI Alberto « De la Guida gastronomica d’Italia au slow food : le rôle pionnier de l’Italie en tourisme gastronomique », Téoros [En ligne], 25-1 | 2006, mis en ligne le 01 janvier 2012, Consulté le 30 mai 2012. URL : http://teoros.revues.org/1307
FISCHLER Claude, « L'alimentation, une consommation pas comme les autres », Sciences humaines, Grands Dossiers N° 22 - « Consommer. Comment la consommation a envahi nos vies », mars-avril-mai 2011.
PETRINI Carlo et PITTE André « Comment retrouver l'art de bien manger ? », La pensée de midi n° 13, 2004.