Festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira |
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Titre de la collection
Informations du jour
Date de première diffusion
02/11/2008
Résumé
Clôture de la cinquième édition du Festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira.
L’artiste juif marocain feu Samy El Maghribi à été honoré au cours de cette édition, en présence de sa fille Yolande Amzallag, qui a reçu la médaille de l’Ordre du Mérite, des mains du conseiller de Sa Majesté, en mémoire de son père Samy Arafat pour sa contribution à la chanson marocaine .
Extraits de différents spectacles musicaux.
Chaîne de première diffusion
SNRT - AlAoula
Forme audiovisuelle
Direct
Personnalités
- Amzallagh Yolande
- Charchar Abdelkader
- Azoulay André - Conseiller du Roi du Maroc
Thème principal
Spectacles vivants
Thème secondaire
- Héritages historiques / Judaïsmes
Générique
- Messahel Houda - Journaliste
Lieux
- Maroc - Côte atlantique - Essaouira
Informations complémentaires
Contexte
Festival des Andalousies Atlantiques
Y.Gastaut
Ce reportage réalisé pour les journaux télévisés produits par la SNRT (Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision) marocaine par la journaliste Houda Messahel, évoque la cérémonie de clôture de la cinquième édition du Festival International des Andalousies Atlantiques qui s’est tenu durant trois jours à Essaouira entre le 30 octobre et le 1er novembre 2008.
Ce festival est le rendez-vous musical de l’automne à Essaouira notamment sur la place Bab El Manzah, depuis sa création en 2003. La « cité des alizés » célèbre ainsi le métissage des cultures méditerranéennes en mettant spécialement à l’honneur, à partir d’un axe hispano-marocain, l’héritage judéo-arabo-andalou qui nourrit de ses influences sacrées ou profanes les musiques et les danses du bassin méditerranéen.
Cité symbole du cosmopolitisme, Essaouira réunit des influences musicales espagnoles et arabes en valorisant le creuset de traditions héritées des cultures juives, chrétiennes et musulmanes. Porteuse de cette mémoire andalouse, l'association Essaouira-Mogador fondée en 1992 par André Azoulay et des militants associatifs souiri (son premier nom était Association pour la Sauvegarde et la Promotion d'Essaouira, avant de devenir, en 1997, Association Essaouir-Mogador) en lien avec la Fondation Alizés, est à l’initiative de ce festival, indissociable d’autres rendez-vous qui jalonnent l’année culturelle à Essaouira comme le festival Gnaoua et musiques du monde organisé depuis 1998 au début de l’été ou le festival de musique du « Printemps des alizés » depuis 2001, rebaptisé « Musicales d’Essaouira ».
Enfant du pays, né en 1941 au sein d’une famille juive, André Azoulay, journaliste, homme politique et conseiller des souverains Hassan II et Mohammed VI est le principal moteur de la vitalité culturelle de la « cité des alizés » depuis plus d’une décennie. Il est également président élu de la Fondation euro-méditerranéenne pour le Dialogue entre les Cultures, basée à Alexandrie et président délégué de la Fondation des Trois Cultures et des Trois Religions, basée à Séville. Cette dernière, crée en 1998 à la suite de la conférence de Barcelone, est un forum fondé, à partir d’une impulsion donnée par l’Espagne et le Maroc, sur les principes de paix, de tolérance et de dialogue dont l'objectif principal est de promouvoir la rencontre entre peuples et cultures de la Méditerranée. Le Festival International des Andalousies Atlantiques dont la directrice artistique est la chanteuse française d’origine juive séfarade Françoise Atlan, apparaît comme l’une des concrétisations de l’état d’esprit de cette Fondation des Trois Cultures qui soutient financièrement l’événement de même que la province espagnole d’Andalousie.
Mêlant les styles et les genres, faisant la part belle aux musiques traditionnelles mais aussi aux incursions modernes, la cinquième édition du festival offre des spectacles émouvants et envoûtants pour un public venu nombreux.
Après une soirée d'ouverture animée pendant plusieurs heures par une pléiade d’artistes mêlant harmonieusement musique andalouse, gharnati et hawzi mais aussi les mouwachahat et classiques arabes, la programmation est articulée autour d’un hommage à Samy El Maghribi (1922-2008), décédé quelques mois auparavant au Canada.
Né à Safi sous le nom de Salomon Amzallag, ses parents, juifs, s’installent à Rabat en 1926. Le jeune Salomon se familiarise avec la musique arabo-andalouse en fréquentant des musiciens du quartier juif de Rabat. Il apprend à jouer de l’oud en autodidacte. Il se perfectionne en fréquentant le Conservatoire de musique de Casablanca et les cercles des maîtres de musique andalouse. A l’âge de vingt ans, il décide de devenir musicien professionnel en reprenant des musiques traditionnelles. Au tournant des années cinquante, sous le pseudonyme Samy El Maghribi, il compose également des musiques populaires dont les premiers titres lui ont assuré un succès auprès du public : Ay ay ay loukan kanou andi le mnain ; Kaftanek mahloul ya lala ou encore Oumri ma nensak ya mama. Samy El Maghribi élabore un style personnel fondé sur les noubas du gharnati, le mawal marocain, le malhoun et le hawzi, en développant un art des nuances et des modulations vocales.
En 1955, il salue par une chanson de sa composition poétique et musicale le retour d’exil du roi Mohammed V, Alf hnia wa ouhnia : l’artiste avait été auparavant reçu à Saint-Germain-En-Laye pour chanter devant le Sultan. Ayant accès aux palais marocains pendant quelques temps, Samy El Maghribi chante également pour le roi Hassan II avant de quitter le Maroc pour fuir le climat répressif envers les juifs dans le contexte de l’indépendance en 1956, comme nombreux de ses coreligionnaires. Il poursuit sa carrière à Paris où donne de nombreux concerts organisés notamment dans des cafés pour un public de travailleurs immigrés et crée sa propre marque de disque « Samyphone ». Puis, en 1960, Samy El Maghribi s’installe à Montréal : quelques années plus tard, il devient rabbin et se consacre aux chants religieux et aux piyoutims dans une synagogue. Il tente de s’installer en Israël mais il reviendra au Canada où il meurt le 9 mars 2008.
Lors de la cérémonie de clôture du festival, le 1er novembre, Samy El Maghribi est décoré à titre posthume du wissam du mérite national de l’ordre de commandeur décerné par le roi Mohammed VI. La distinction royale a été remise à la veuve du chanteur, Messody Amzallag, accompagnée de son petit fils et de sa fille, l’artiste Yolande Amzallag, par André Azoulay.