Reportage sur la place Jamaâ Lafna de nuit |
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Titre de la collection
Informations principales
Date de première diffusion
01/01/2008
Résumé
La place Jamaâ Lafna à Marrakech, est classé patrimoine mondial par l’UNESCO.
La nuit, la place connait une activité particulière, avec, à chaque recoin, la formation de groupes divers, musiciens populaires ou acrobates, sans compter les restaurants en plein air qui proposent des plats typiquement marocains tels que la Hrira et du thé à la menthe.
Vue générale de la place/ groupes de musique populaire./ commentaires des touristes.
Chaîne de première diffusion
SNRT - AlAoula
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Sites touristiques
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Musiques et chants
- Arts, cultures et savoirs / Spectacles vivants
- Economie / Marchés et artisanat
- Société et mode de vie / Espaces publics et sociabilités
Générique
- Ait Lamine Zeina - Journaliste
Lieux
- Maroc - Intérieur - Marrakech
Informations complémentaires
Contexte
Jamaa El Fna, la nuit
Abdelmajid Arrif
La Place Jamaa Lafna à Marrakech (Maroc) est un espace public d’une interaction culturelle et humaine très riche et unique au point qu’elle a intégré depuis 2001 la liste des sites labellisés par l’Unesco Patrimoine oral de l’humanité.
Le public marrakchi ou composés de touristes marocains et étrangers circulent entre les différents cercles qui l’animent de spectacles renouvelés quotidiennement et qui lui donnent à chaque fois une coloration différente et un paysage sonore et humain diversifiés.
Le reportage insiste sur la dimension nocturne des activités de spectacles de la Place. Effectivement, si la place donne une image de stabilité par ses activités et son identité urbaine, elle est en réalité changeante et connait des rythmes et des formes d’activités diverses inscrites dans des temporalités spécifiques. Le déroulé de ses activités obéit à des présences nocturnes et diurnes et à des formes de ritualisation qui scandent sa journée.
L’oralité et ses formes expressives plus intimistes, contes par exemple, s’exerce préférentiellement le jour où le verbe est moins bousculé par la musique et ses instruments tonnant la nuit. « La musique a couvert la parole de ses bruits », me disait Nini, conteur entre autres de la place.
Le ballet des préparatifs des restaurateurs vers 17h ouvre vers le coucher du soleil et le plaisir de la nourriture qui s’accompagne d’une forte présence de troupes musicales dont la mise en concurrence pour « attraper » le passant s’exprime par une sonorisation de plus en plus puissante. La densité humaine est plus importante la nuit.
C’est l’éclairage des étals des restaurateurs mélangé aux fumées des grillades qui annoncent la nuit et lui donnent un air particulier aux déambulations des spectateurs et aux cercles des performers. Un paysage sensible propice au plaisir des sens qui tranche avec la lumière du jour.
Le régime de spectacle et des présences obéit à quelques variations temporelles, jour/nuit, dont les ressorts ne sont pas immédiatement perceptibles derrière la densité de l’écran d’échanges monétarisés avec les touristes. Il n’est pas insignifiant d’observer la présence le jour de spectacles aux racines religieuses et confrériques (charmeurs de serpents, majdoub…) rendues discrètes aujourd’hui et son effacement la nuit au bénéfice des musiciens, saltimbanques et restaurateurs.
Jamaa Lafna est un territoire où le verbe et les corps dessinent une géographie toute en rotondité, cercles mouvants où le plaisir du spectacle s’éprouve dans le côtoiement, la compacité et la densité du corps social qui expose en public les lignes de fractures qui le traversent et les violences symboliques qui le travaillent. Une place qui réunit des publics qui expérimentent les écarts de conditions et font du différentiel de situation le limon de leurs activités et échanges. Place du plaisir, de la découverte, de l’invention de l’exotisme, du malentendu, des relations monétarisées que le spectacle voile et que les heures reculées de la nuit dévoilent en favorisant des rencontres improbables entre des personnes aux statuts sociaux éloignés et en levant le voile sur des destins précaires.
Bibliographie
Place jemaa el fna, Patrimoine culturel immatériel de Marrakech, Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, Rabat, Maroc