Chansons et musiques populaires autour de la Méditerranée

Introduction

 

Chansons et musiques populaires autour de la Méditerranée : le cas des chanteurs maghrébins en France
 
La chanson populaire est un objet qui a été longtemps négligé par les historiens. Elle apparaît pourtant fondamentale pour retracer les sensibilités collectives dans le cadre de l’histoire culturelle. Diffusées le plus largement possible, ces œuvres souvent mineures apparaissent comme des morceaux de vie, éléments de médiation au sein d’une société, développant un reflet à peine déformé de la réalité[1].
Certaines chansons ont parfois accompagné des moments-clé de l’histoire comme ce fut le cas pour l’Egypte en 1952 (notice medmem,

 
2007, 1ère chaine égyptienne, soirée numéro 1, rôle de l'hymne nationale dans la révolution du 23 juillet 1952. Des compositeurs et des chanteurs racontent quelques anecdotes sur cette chanson qui incite à l'amour de la patrie) ou comme Gandola vila morena de José Anfonso qui était la bande-son et l’indicatif radiophonique de la « Révolution des œillets » au Portugal en 1975. En matière de relations interculturelles, d’exil, de migration, la musique apparaît comme un espace d’expression à plusieurs dimensions. L’historien peut ne retenir que les textes ou la musique, mais il peut s’attacher aussi aux parcours des chanteurs en situation d’immigration, à la réception de leurs œuvres, les lieux de diffusion ou encore les enjeux économiques du marché de la chanson.
La notion même de « chanson immigrée » induit une continuité sur le temps long mettant en scène une problématique historiographique d’actualité : le lien entre colonisation, décolonisation et société postcoloniale. Alain Ruscio[2] ou Claude et Josette Liauzu[3] ont montré comment la chanson coloniale a pu bercer différentes générations de Français de métropole, tapissant les esprits d’images forcément réductrices.
Le choix d’une étude diachronique sur les chanteurs maghrébins au XXème siècle permet d’analyser de véritables « transferts culturels » entre la rive sud et la rive nord de la Méditerranée. Les chanteurs peuvent aller jusqu’à représenter, souvent malgré eux, des agents d’une « diplomatie culturelle » tout autour de la Méditerranée. Les artistes immigrés connaissent, pour la majorité, la situation difficile des migrants avant d’avoir la capacité ou la chance de faire fructifier un talent qui leur permet d’exercer une activité peu commune et de sortir la condition peu enviable de leurs compatriotes pour le plaisir desquels ils se produisent.
Bonne révélatrice des mutations des sociétés méditerranéennes, la variété maghrébine apparaît comme un miroir de la France dans son rapport aux migrants[4] et inversement comme un miroir des migrants dans leur rapport au pays d’accueil : d’abord confinée dans des lieux de relégation, elle connaît par la suite un succès généralisé au cours des années quatre-vingt.


[1] Claude Duneton, Anthologie de la chanson française des origines à 1860 (2 volumes), Paris,Seuil, 1998.
[2] Alain Ruscio Que la France était belle au temps des colonies, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001.
[3] Claude et Josette Liauzu, Quand on chantait dans les colonies, Paris, Sylepse éditions, 2002.
[4] Yahya Djafri, « La chanson, miroir de l’immigration », in Magali Morsy (dir.), Les Nord-Africains en France, Paris, CHEAM, 1984.
 
 

 

Introduction

I- Une génération de pionniers

II- Une géographie et un commer...

III- L’omniprésence du thème de...

IV- Quand la chanson maghrébine...

Conclusion

Résumé

La chanson populaire est un objet qui a été longtemps négligé par les historiens. Elle apparaît pourtant fondamentale pour retracer les sensibilités collectives dans le cadre de l’histoire culturelle. Diffusées le plus largement possible, ces œuvres souvent mineures apparaissent comme des morceaux de vie, éléments de médiation au sein d’une société, développant un reflet à peine déformé de la réalité. ...

Auteur

Gastaut Yvan
Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Nice-Sophia Antipolis, URMIS.