Exposition de Togo Mizrahi |
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Titre de la collection
Collection Bibliotheca Alexandrina
Source
Bibliotheca Alexandrina (EG)
Date de première diffusion
01/11/2005
Résumé
Exposition présentant des photos et documents des films réalisés par l’éminent cinéaste égyptien Togo Mizrahi (1901-1986) à la Bibliothèque d'Alexandrie.
Sociétés de production
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Bibliotheca Alexandrina - Production propre
Chaîne de première diffusion
Bibliotheca Alexandrina
Forme audiovisuelle
Montage d'archives
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Cinémas
- Société et mode de vie / Espaces publics et sociabilités
- Arts, cultures et savoirs / Arts plastiques / Peinture
Lieux
- Egypte - Basse Egypte - Alexandrie
Contexte
Exposition de Togo Mizrahi
Julien Gaertner
Des années 1930 à la fin de la seconde guerre mondiale, l’acteur, réalisateur et producteur Togo Mizrahi va s’imposer comme une des figures majeures du septième art égyptien. Né en 1901, l’homme de cinéma juif italien symbolise le cosmopolitisme de l’Alexandrie d’avant-guerre, ville à laquelle il reste fidèle jusqu’en 1938, lorsqu’il décide d’investir les studios Wahbi au Caire. En seize ans de carrière et à tous les postes stratégiques de la création, Togo Mizrahi participe à plus d’une trentaine de films. Il est alors une figure majeure d’un âge d’or cinématographique qui va faire de l’Égypte le fer de lance du septième art dans l’ensemble du monde arabe.
Polyglotte et titulaire d’un doctorat en économie après avoir étudié en Italie puis en France, le jeune homme a vingt neuf ans lorsque sort son premier film Kohayeen,plus tard rebaptisé Al Haweya. Son pseudonyme à l’écran est alors Ahmed Mishriki, l’acteur et réalisateur s’adaptant à la mode d’une époque qui voulait que les artistes prennent un nom dans lequel le public des trois principales religions présentes en Égypte puisse se reconnaître. Togo Mizrahi abandonne cette identité au milieu des années trente, en même temps qu’il renonce aux films sociaux pour se consacrer à ce que le cinéma égyptien produit de plus rentable : la comédie et la comédie musicale. Une production florissante à laquelle sont associées les plus grandes vedettes de la chanson égyptienne et qui vaut au pays le surnom d’“Hollywood sur le Nil“.
Dans sa quadrilogie Al-Mandouban (1934), Shalom al-Dragoman (1935), Shalom al-Riyadi et Al-Ezz Bandala (1937), Togo Mizrahi incarne Shalom, personnage dont l’identité ne laisse cette fois-ci aucune place à l’ambigüité. À côté de ces films, il met en scène plusieurs grandes comédies à succès dans lesquels il fait appel à Faouzi et Ihsane Al Gazayerly, deux acteurs vedettes issus du théâtre égyptien, un art de la scène auquel le septième art national doit beaucoup. Le succès public qui se poursuit grâce à ses collaborations l’acteur Ali el Kassar, célèbre comédien égyptien qu’il met en scène dans une série d’œuvres tirées des contes des milles et une nuits. Ce talent pour la comédie, Togo Mizrahi l’exploite derrière la caméra en passant à la comédie musicale avec la chanteuse Layla Mourad, puis la diva Oum Kalthoum, à laquelle il donne le premier rôle dans ce qui est encore aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films égyptien, Sallama (1945).
À la fin de la seconde guerre mondiale, Togo Mizrahi - peut-être accusé comme d’autres juifs de propagande sioniste, les sources sont contradictoires à ce sujet -, est expulsé d’Égypte. Il part brutalement pour l’Italie et s’installe à Rome, sans jamais revenir dans son pays natal. Avec ce départ auquel succédera la disparition progressive des vedettes de la chanson et du cinéma égyptien, c’est une page qui se tournée pour le septième art dans un pays qui, bien qu’il ne renouera jamais avec cet âge d’or qu’incarne Togo Mizrahi, gardera sa suprématie cinématographique sur le monde arabe.
Bibliographie :
- Viola Shafik, Popular Egyptian Cinema: Gender, Class, and Nation, American University in Cairo Press, 2007
- Viola Shafik, Arab cinema. History and cultural identity, American University in Cairo Press, 2007
- Yves Thoraval, Regards sur le cinéma égyptien 1895-1975, L’Harmattan, Paris, 1977
- Magda Wassef, Egypte, 100 ans de cinéma, Plume/Institut du Monde Arabe, Paris, 1995