Hassan Akesbi (Maroc) |
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Titre de la collection
Portraits de footballeurs de légende
Date de première diffusion
2007
Résumé
Hassan Akesbi, né à Tanger au Maroc en 1935 arrive au mythique Stade de Reims en 1962 avec pour lourde tâche de faire oublier Just Fontaine. Il relève le défi. Il remporte cette année le Championnat de France.
Hassan Akesbi reste le onzième meilleur buteur de tous les temps en Championnat de France : il a marqué 173 buts en 293 matchs.
Hassan Akesbi a porté le maillot de l'équipe du Maroc de 1960 à 1970.
Sociétés de production
-
SNRT - Coproduction
- COPEAM - Coproduction
Thème principal
Sport et jeux
Générique
- Haddouz Abdelhadi - Journaliste
- Regragui Driss - Journaliste
Lieux
- France - Nord Est - Reims
Langue d'origine
Français
Contexte
Hassan Akesbi
Stéphane Mourlane
Hassan Akesbi est l’un des très grands joueurs de l’histoire du football marocain et une figure marquante du championnat de France des années 1950-1960 : en 293 matchs disputés dans les grands clubs du moment, il inscrit 173 buts. Né le 1e mai 1939 dans une famille bourgeoise et éduqué de Tanger, ses origines ne le prédisposent pas à une carrière non seulement de footballeur, mais qui en outre doit le mener en France. Son père, homme savant et fin connaisseur du Coran, ne voit pas dans le ballon rond, que le jeune Hassan Akeski pratique sur les plages de la ville, une perspective de carrière. La famille, d’origine andalouse, est en outre très imprégnée de culture espagnole. Hassan Akesbi ne connaît comme langue, dans sa prime jeunesse, que l’arabe et l’espagnol. En effet, sa ville natale, Tanger, disputée par les grandes puissances depuis la fin du XIXe siècle, dispose d’un statut international depuis 1923: elle est une enclave dans le protectorat espagnol du nord du Maroc. Les Espagnols représentent 30 000 des 42 000 étrangers installés dans une ville qui compte 150 000 habitants en 1950 ; ils disposent d’école, de journaux, d’une radio et … de clubs de football. C’est dans l’un d’eux, le Sevillana Tanger, fondé en 1938 par des Sévillans, qu’Akesbi commence sa carrière à 14 ans et dispute le championnat régional dirigé par la ligue espagnole. Comme de nombreux jeunes de la région, il rêve d’une carrière professionnelle en Espagne ; son club est du reste lié à l’Union sportive espagnole de Tanger qui participe au championnat espagnol de deuxième division. C’est toutefois à Cadix qu’il signe son premier contrat, mais sa mère, désormais veuve, s’oppose à son départ de l’autre côté du détroit. Suivant le vœu paternel, Hassan Akesbi est envoyé poursuivre ses études secondaires à Rabat où il signe, en 1952, au Fath Union Sport (FUS) de Rabat en dépit de l’opposition de ses dirigeants à Tanger. Le FUS est l’un des clubs les plus réputés du Maroc, très lié au parti nationaliste, l’Istiqlal, et au roi, dont le frère assure la présidence d’honneur. Malgré un petit gabarit, 1,73 m, il y révèle ses talents de buteur. Sa réputation se forge notamment au travers des matchs disputés dans le championnat nord-africain, une compétition placée sous l’égide de la fédération française de football, qui rassemble les meilleurs clubs algériens et tunisiens d’abord, puis marocains à partir de 1926. À ce moment, la figure de Larbi Ben Barek rejaillit sur l’ensemble des footballeurs marocains, considérés en France comme les « Sud-Américains de l’Atlas » en raison de leurs qualités techniques.
Akesbi est repéré par le Nîmes olympique où le franco-algérien Kader Firoud entraîne l’équipe professionnelle depuis l’arrêt prématuré de sa carrière de joueur international à la suite d’un accident de voiture. Son arrivée dans le Gard est favorisée par la familiarité avec la culture française acquise lors de ses études à Rabat. Akesbi raconte y percevoir un premier salaire mensuel de 6500 francs et une prime à la signature de 5000 francs à une époque où le salaire moyen annuel d’un ouvrier est d’environ 4000 francs. A cette réussite sociale se conjugue un parcours sportif de premier plan puisque Nîmes est vice-champion de France à trois reprises (1958, 1959 et 1960) et finaliste de la Coupe de France par deux fois (1958 et 1961). Les « crocodiles » doivent souvent s’incliner devant le Stade de Reims qui connaît son âge d’or depuis le début des années 1950. Le club rémois, cinq fois champion (1949, 1953, 1955, 1958 et 1960), et deux finalistes de la Coupe d’Europe des clubs champions (1956 et 1959) s’intéresse à ce joueur marocain qui a marqué avec Nîmes 119 buts. Pour remplacer Kopa, parti en 1959 au Real Madrid, il débourse cinq millions de francs (une somme qui défraye la chronique) pour recruter Akesbi. Aux côtés de Just Fontaine, Akesbi remporte le titre de champion de France en 1962. Mais le Stade de Reims n’est plus aussi dominateur. Lorsque l’entraîneur Albert Batteux est remercié en 1963, Akesbi est prêté à l’AS Monaco qui vient de remporter le titre de champion de France. Sous les couleurs de la principauté, il est à nouveau vice-champion de France en 1964 avant de retourner pour une saison à Reims. Malgré des sollicitations et les pressions amicales du prince Moulay Abdallah, il retrouve le FUS où il évolue jusqu’en 1970. Une fracture l’empêche de se rendre au Mexique où le Maroc dispute cette année là la Coupe du monde, une première dans l’histoire du football africain depuis la participation de l’Égypte en 1934.
Si son parcours de joueur est inscrit dans la mémoire de son pays, on ne peut pas en dire autant de sa carrière d’entraîneur, entamée par la suite.
Bibliographie :
Sportifs marocains du monde. Histoires et enjeux actuels. Acte du colloque international de Casablanca, 24-25 juillet 2010, Paris-Casablanca, Seguier-La Croisée des Chemins, 2011, 203 p.
Dietschy Paul, « Les « Sud-Américains » de l’Atlas : de Larbi Ben Barek à Hassan Akesbi », Migrance, 2008, p. 20-24.
Wahl Alfred, Lanfranchi Pierre, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995, 290 p.
Entretien entre Paul Diestchy et Hassan Akesbi sur le site http://odysseo.org/