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Abdelkarim Merry Krimau (Maroc)


COP00029
Notice
Abdelkarim Merry Krimau (Maroc) |
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Titre de la collection
Portraits de footballeurs de légendeRéférence
COP00029Source
COPEAM (IT)Date de première diffusion
2007Année de production
2007Résumé
Abdelkarim Merry Krimau est considéré comme l'un des joueurs les plus talentueux de sa génération. Repéré par Bastia lors d'un tournoi junior, il y passera 6 ans. Il effectuera toute sa carrière dans l'Hexagone dans de nombreux clubs. En 1978, il arrive en finale de la Coupe de l'UEFA avec le club de Bastia contre le PSV Eindhoven.Type
audioSociétés de production
- SNRT - Coproduction
- COPEAM - Coproduction
Thème principal
Sport et jeuxGénérique
- Haddouz Abdelhadi - Journaliste
- Regragui Driss - Journaliste
Période d'événement
- 1978
Lieux
- France - Corse - Bastia
Langue d'origine
FrançaisDurée
8m8
Contexte
Contexte
Abdelkarim Merry Krimau
Stéphane Mourlane
Abdelkarim Merry, surnommé Krimau dès son plus jeune âge, est l’un des joueurs marocains ayant contribué au rayonnement du football de son pays dans les années 1970-1980. Né au moment où le Maroc est sur la voir de l’indépendance, le 13 janvier 1955, il grandit à Casablanca à proximité du centre-ville, dans le quartier populaire de Bourgogne. Il fait son apprentissage de footballeur à l’Espérance Casablanca au poste d’avant-centre qu’il ne quitte plus par la suite. Ses qualités de buteur lui valent de porter le maillot de la sélection nationale dans les jeunes catégories.
À l’occasion d’un tournoi international disputé à Bastia par l’équipe marocaine, il est repéré par les dirigeants du club local qui lui proposent de signer un contrat en 1974. Les clubs corses, bien avant leur professionnalisation, au milieu des années 1960, font en effet de l’Afrique du Nord une zone privilégiée de recrutement. Les joueurs proviennent essentiellement d’Algérie, à l’image de Rachid Mekhloufi, héros de Saint-Etienne et de l’équipe du FLN, qui rejoint Bastia en 1968. La présence d’une forte colonie corse en Afrique du Nord, en particulier en Algérie, ainsi qu’une prétendue proximité culturelle, affirmée par les dirigeants insulaires, favorisent cette filière.
Au début des années 1970, la logique du professionnalisme l’emporte et conduit les clubs corses à se renforcer et à offrir des conditions avantageuses : à côté de l’Europe de l’Est et de l’Afrique sub-saharienne, le Maghreb offre un bassin de recrutement d’un grand intérêt. Les contraintes imposées aux joueurs algériens, interdits de signer des contrats à l’étranger et obligés de procéder à leur naturalisation, incitent à se tourner vers le Maroc, qui est le premier pays africain, depuis l’Égypte en 1934, à se qualifier pour une phase finale de Coupe du monde, au Mexique en 1970. Le recrutement de Krimau correspond en outre à l’arrivée de vagues migratoires de nombreux Marocains venus s’employer en Corse et qui s’imposent majoritairement au sein de la communauté maghrébine. Dans une société insulaire marquée par une forte identité culturelle, le footballeur reconnaît avoir rencontré des difficultés d’intégration analogues à celles de ses compatriotes. Son mariage avec une Corse et ses performances sportives accélèrent néanmoins le processus.
Sa participation à « l’épopée bastiaise » qui aboutit à la finale de la Coupe d’Europe en 1978 ancre définitivement Krimau dans la culture insulaire. Héros du 1/8e de finale face au Torino (victoire 3-2 à Turin), il participe, en dépit de la défaite en finale face à Eindhoven, à l’affirmation identitaire de la Corse dans une équipe portant la tête de Maure sur le maillot. En outre, l’équipe bastiaise, dont la moitié des joueurs, comme Krimau, n’est pas originaire de l’île, semble représenter à sa manière une nouvelle communauté corse où les différences se trouvent dépassées et transcendées par une communauté de destin. La question du racisme n’en est pas pour autant réglée et les terrains de football continuent par la suite de s’en faire une caisse de résonnance. Il n’en reste pas moins que Krimau jusqu’à la fin de sa carrière ne cesse d’affirmer son attachement pour l’île de beauté où sont nés ses deux enfants. Les contraintes du professionnalisme le conduisent pourtant à s’en éloigner pour devenir un « buteur nomade » selon la formule du journaliste Faouzi Mahjoub.
De 1980 à 1989, il connaît en effet huit clubs (Lille, Toulouse en 2e division, Metz, Strasbourg, Tours, Le Havre, Saint-Étienne et le Matra Racing) où il ne reste le plus souvent qu’une seule saison. Instable géographiquement, sa carrière est également chaotique sur le plan des performances, alternant des bonnes saisons avec de nombreux buts, et des prestations plus moyennes. Il est toutefois un joueur reconnu, notamment après sa participation à la Coupe du monde 1986 où le Maroc est le premier pays africain à franchir le premier tour, éliminé de peu en 1/8e de finale par la RFA (0-1, but inscrit à la 89e minute). Il fait ainsi partie de la cohorte de vedettes recrutée à prix d’or par l’industriel Jean-Luc Lagardère pour redonner du lustre à deux vieux clubs parisiens, qu’il a fusionnés, le Racing club de France et le Paris football club, pour en faire le Matra Racing au nom de l’une de ses entreprises. Malgré l’appel à un entraîneur renommé, le Portugais Arthur Jorge, auréolé d’une victoire en Coupe d’Europe avec Porto, les résultats ne sont pas à la hauteur du passé glorieux d’avant-guerre. Après deux saisons, Krimau y achève en 1989 une carrière au cours de laquelle il a disputé 337 matchs en championnat de France de première division et inscrit 103 buts. Il a joué à 13 reprises pour le Maroc, pays où il est désormais installé après avoir présidé le club de Corbeil en région parisienne.
Bibliographie :
Sportifs marocains du monde. Histoires et enjeux actuels. Acte du colloque international de Casablanca, 24-25 juillet 2010, Paris-Casablanca, Seguier-La Croisée des Chemins, 2011, 203 p.
Ghizlanzoni L., Les lions de l’Atlas, Football au Maroc, Milan. Edition Lak International, 1994.
Rey Didier, « Les footballeurs originaires du Maghreb en Corse», Migrance, n°29, 2008, p. 98-109.
Transcription
- (Silence)
- Footballeurs de légende, footballeurs de légende.
- Aujourd’hui, le Maroc avec Merry Krimau.
- Un portrait signé Abdelhadi Haddouz et Driss Regragui, pour Rabat Chaine Inter.
- Pour nous au Maroc Merry Krimau fait partie de la première vague de footballeurs
- qui ont décroché des contrats professionnels particulièrement en France, au début des années 1970.
- Merry Krimau est-ce que vous pouvez nous parler de vos débuts ?
- Mes débuts de football c’est à l’âge de 6 ans - 7 ans, dans les quartiers,
- et je suis revenu à Bougoun j’avais 8 ans, et on a démarré comme ça.
- Mais ça n’empêche qu’à l’époque j’avais envie de faire footballeur professionnel, c’était dans mon mental,
- parce qu’à l’époque j’étais un enfant de 8 ans, j’allais déjà au stade.
- Moi je n’avais envie que de devenir footballeur professionnel et j’ai tout fait pour faire ça.
- Vous aviez été plutôt chanceux avec un premier tournoi à l’étranger,
- vous aviez été premier buteur, meilleur joueur.
- J’étais meilleur buteur, meilleur joueur,
- et on a ramené meilleur gardien, meilleure défense, meilleure attaque.
- On a tout ramené avec Khalfi et c’est grâce à Khalfi que je suis devenu footballeur professionnel ou même le départ de ma carrière.
- (Silence)
- Parlez nous de ce tournoi de Bastia et comment vous avez été recruté par le club corse ?
- Le tournoi se passe l’été et le Maroc est toujours invité d’ailleurs tous les ans.
- Il est invité par Bastia, c’est un tournoi où il y a tous les clubs
- je me rappelle il y avait l’Angleterre, l’Ecosse,
- et c’est vrai on a gagné contre l’Allemagne 3-1, je me rappelle j’ai marqué 2 buts.
- Le soir on était en train de manger et voilà les dirigeants, le président, qui arrivent
- et disent : « Monsieur Khalfi on veut avoir ce joueur ».
- C’était le rêve quoi, un club qui vient vous chercher, et c’est comme ça que je suis parti.
- Votre carrière a donc commencé en 1974 et en 1975, vous êtes déjà champion chez les amateurs.
- En 1975 je me rappellerai toujours j’étais champion de France amateur.
- J’étais pas toujours titulaire, j’étais un étranger,
- jeune, je n’avais que 18 ans, 18 ans et demie,
- j’étais toujours avec le groupe titulaire, le groupe des 22.
- Mais l’entraîneur Cahuzac c’est vrai que il m’a fait travailler, il m’a fait confiance.
- J’ai appris aussi c’est vrai, je faisais mes études en même temps au collège.
- En 1978 c’est la coupe d’Europe, un grand souvenir.
- C’est le tonnerre, c’est l’explosion, c’est la finale de la coupe d’Europe.
- En 1978 Merry Krimau en Italie personne ne le connaît,
- au Torino les gens disaient mais on ne le connaît pas,
- mais là ils ont connu ce Marocain, j’ai marqué deux buts c’est vrai.
- On peut dire que c’est là que ça c’est déclenché, mais on peut dire que j’ai joué avant.
- Mai 1978, c’est la carrière européenne.
- Après Saint Etienne il y avait Bastia et c’est à Bastia avec Plantelic, Petrovic aussi dans les buts,
- Johnny Rep, Brice Bergen, Lacuesta, Larios.
- Il y avait moi-même, Félix, il y avait des grands noms du football, des Corses aussi il faut dire,
- Orlanducci, Francis Chetti, Claude Papi qui était mort.
- Pendant un an la Corse était devenue européenne.
- C’est vrai que pendant un an la Corse s’est transformée en bleu et blanc.
- Il n’y avait pas un magasin, un bureau, n’importe où, où l’on ne pouvait trouver du bleu et blanc.
- Les gens voyageaient avec nous,
- il y en a même qui pour rigoler faisaient des prêts bancaires pour aller avec nous.
- C’était formidable parce que quand on a gagné contre Turin on était quand même 10 000 Corses.
- Le lendemain on est allé les récupérer, il fallait voir ça, le retour des bateaux qui venaient de l’Italie,
- mais c’est vrai c’est quelque chose que je n’oublie jamais
- parce que une finale de coupe d’Europe, même si on l’a perdue,
- mais c’est quand même une finale, et ça marque.
- (Silence)
- Comment s’est déroulé pour vous l’accueil et surtout l’intégration à Bastia ?
- Pour moi ça a été facile
- mais c’est vrai qu’à l’époque il y avait des Marocains qui venaient du Rif et beaucoup de gens,
- et c’est vrai que a été difficile. C’est des îles
- mais les gens aiment le football et il faut dire la vérité j’ai été accepté par les Corses
- parce qu’à l’époque venir, se marier avec une Corse, vivre avec une Corse c’était difficile pour moi.
- Et c’est vrai que j’ai du mis du temps à être accepté.
- Les gens ont apprécié comment j’étais, l’histoire entre la Corse et le Maroc on la connaît quand même.
- Il y a quand même Mohammed V qui est allé en exil en Corse,
- on a toujours vécu la Corse et les Marocains, les Marocains sont toujours venus en Corse pour travailler.
- Alors après 6 ans à Bastia vous avez bourlingué à travers une dizaine de clubs français.
- Mais oui, à partir de là dès que je faisais 6 ans chaque année je faisais un club, j’ai fait 10 clubs,
- et je me suis arrêté à Paris. A Paris j’ai fait 2 ans avec Artur Jorge,
- j’étais au Havre où j’ai marqué 17 buts, j’étais à Metz où j’ai marqué 23 buts.
- Tout le monde me demandait pourquoi je partais mais j’en avais envie.
- J’avais envie et en même temps, j’avais les enfants et les enfants étaient petits.
- S’ils avaient eu 15 ou 16 ans, je n’aurais pas pu bouger.
- On a fait 10 clubs, mais je ne regrette pas parce que ça m’a fait une expérience.
- Voilà si je n’avais pas fait cette carrière là Faria ou même El Ammari ne m’auraient pas pris en sélection.
- Vous avez certainement de nombreuses anecdotes
- comme celle où vous avez joué comme arrière central pour Artur Jorge.
- Artur Jorge c’était un jour où l’on jouait contre Montpellier,
- avant le match, le match était à 20h30 et je rentre dans le bureau
- car chaque joueur était appelé à discuter pour le poste et je vois libero,
- Artur Jorge m’a dit : « J’ai confiance en toi, pas de problème ».
- Mais c’est vrai que c’était une expérience, on a perdu lourdement d’ailleurs,
- mais il ne m’en voulait pas quand même parce que t’es quand même un ancien,
- tu joues à tous les postes. Et c’est vrai qu’avec Artur Jorge je jouais libero,
- je jouais milieu de terrain, j’ai joué arrière et c’était un grand entraîneur
- parce que j’ai fait avec lui deux ans, c’est là où j’ai fait la Coupe de France avec Haaziz.
- (Silence)
- Alors votre premier départ avec l’équipe nationale c’était en 1978 en Tunisie ?
- Premier départ c’était l’équipe nationale on a perdu contre la Tunisie aux penalties
- pour la Coupe du Monde vous vous rappelez en Argentine en 78.
- C’est là d’ailleurs que j’ai connu Faras, Assilah, j’ai connu Seiz.
- Is m’ont impressionné au départ car même si j’étais pro,
- mais ce sont tout de même des joueurs très connus au Maroc.
- Et puis l’inoubliable souvenir de la Coupe du Monde 86 ?
- Un avant centre qui fait une Coupe du Monde
- je crois que son rêve c’est de marquer un but, contre n’importe quelle équipe
- mais bon c’est tombé contre le Portugal mais ce n’est pas un accident c’est pas lié au hasard,
- on était premiers. On a fait d’ailleurs des matchs exceptionnels
- et on pouvait discuter avec le Portugal, arranger un match comme ça, on ne dit rien.
- Mais je crois que la Coupe du Monde s’est très bien passée,
- on a représenté un pays qui n’avait pas d’ambassade au Mexique,
- politiquement parlant les gens ne connaissaient pas le Maroc.
- Ils me disaient : « Monaco ? ». Je disais : « Non, le Maroc, l’Afrique ! ».
- Pour la reconversion vous êtes restés quand même assez loin du football ?
- Mais non ce n’était pas plus loin ma carrière était finie
- et bien sur en France j’ai appris, j’ai eu mes diplômes.
- J’étais aussi en Arabie Saoudite avec Abdellah Blinda
- et je viens de rentrer, ça ne fait que 3 ans.
- Moi j’étais à Paris car j’avais une grande association de footballeurs
- avec Hamlila, avec Hassan Hanini, on faisait beaucoup de travail associatif en France
- alors si on s’engage c’est difficile. On peut s’engager demain
- et on peut pas savoir si le lendemain on va être là.
- (Silence)
- Juste un petit mot pour la Corse bien sûr
- parce que c’est pour moi une famille j’ai mes enfants d’ailleurs
- je salue mes deux filles, Kisfia et Nadia qui sont là bas avec les petits-enfants que j’ai,
- et saluer quand même la Corse et dire que j’espère que bientôt Bastia remontera en première division.
- Ce que je leur souhaite c’est ça et je peux leur dire encore « Baci et Salute ».
- (Silence)
- Footballeurs de légende,
- une coproduction lancée par la Conférence Permanente de l’Audiovisuel Méditerranéen.
- Réalisation technique Simon Guerini dans les studios de Radio Frequenza Mora,
- coordination Pierre Marie.
- (Silence)
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