Le port mythique de Bastia |
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Titre de la collection
Ports mythiques de la Méditerranée
Date de première diffusion
2009
Résumé
Le vieux port de Bastia, ville fondée par les Génois, est une oasis aux couleurs vives et aux parfums poivrés. La mer est ici regardée avec respect, fascination et humour. Au nord-est de la Corse, le port est une ouverture historique sur la Toscane, l'Hexagone et le Maghreb.
Habitants obéissant à des rites immuables, pêcheurs en déclin et plaisanciers qui les remplacent, voient les saisons défiler tandis que l'horloge du temps emporte les nostalgies.
Sociétés de production
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COPEAM - Coproduction
- France Bleu Frequenza Mora - Coproduction
Thème principal
Grands ports
Générique
- Luciani Jean-Paul - Journaliste
Langue d'origine
Français
Contexte
Le port mythique de Bastia
Gilbert Buti
La création de Bastia résulte de la volonté du gouverneur génois Leonello Lomellini de créer, au nord-est de la Corse, à Terra-Vecchia, un point fortifié pour surveiller la circulation maritime le long de la côte orientale de l’île. Telle est la fonction de la grosse tour ou Bastilla construite en 1380, sur un promontoire rocheux, au-dessus du petit port de Cardo. Cette tour donne son nom à la petite cité qui était le seul point de la côte où l’on pouvait naviguer « à vue » pour atteindre les rives italiennes. Entouré de murailles à partir de 1476, le petit bourg fortifié qui compte moins d’une centaine d’habitants, devient le siège du gouverneur de Corse, puis d’un évêque en 1570 et reçoit, en 1637, alors que la population atteint presque 2000 habitants, le titre de Capitale del regno de Corsica.
Centre politique, militaire et religieux (églises et couvents), la ville se développe autour du petit port fréquenté par des patrons de bateaux cap-corsins et ligures, ainsi que par des pêcheurs napolitains. Si les Génois ont la haute main sur les activités financières, les Bastiais contrôlent des taxes sur les transactions commerciales comme la gabella (sur les entrées et sorties) ou le scuto al botte (sur la mise en tonneau du vin) et dominent progressivement les activités marchandes insulaires. Dans le cadre d’une pluriactivité, ils associent les travaux agricoles, notamment la viticulture, et le cabotage en allant distribuer les vins du Cap corse dans les cités de Ligurie et de Toscane en échange de produits manufacturés. Sa situation sur la mer tyrrhénienne en fait un enjeu stratégique. Alors qu’une part de la bourgeoisie urbaine met en cause la domination génoise, la ville n’est pas épargnée par les rivalités européennes : elle est ainsi prise par les Anglais en 1745-1746, puis assiégée par les Piémontais, prise par les Français en 1769 et bloquée par les Anglais en 1794.
Principal port de la Corse au XIXe siècle, Bastia, qui dispose de petits chantiers de construction navale, n’a qu’une modeste activité commerciale malgré la présence de négociants et d’armateurs, comme le comte Valery. Toutefois la seconde moitié du siècle, qui voit la construction de la jetée du Dragon (1860) et création du nouveau port dans le bassin Saint-Nicolas (1880), connaît un regain d’activités maritimes ; ces aménagements ne font cependant pas disparaître les fortunes de mer ainsi qu’en témoigne l’échouement de plusieurs bâtiments comme le Louise. Le mouvement portuaire enregistre un intense cabotage dominé par les tartanes qui assurent la diffusion et la redistribution de produits du terroir – vins, céréales, myrthe, textiles – alors que l’École d’hydrographie forme des patrons et capitaines qui trouvent à s’employer dans les Compagnies de commerce ou Messageries basées à Marseille et à Gênes.
L’aménagement de l’espace portuaire s’affirme au XXe siècle : avec son phare, ses quais et ses docks, le port marchand de Bastia devient aussi un port de passagers – car ferries au départ de Marseille, Toulon, Gênes et Livourne – dont l’essor est largement lié à celui du tourisme en Méditerranée. La pêche, qui jouait encore un rôle important au milieu du XXe siècle avec près de 150 pêcheurs inscrits, traverse aujourd’hui de graves difficultés ainsi que l’atteste la forte réduction du nombre d’embarcations, et que progresse, parallèlement, celui des navires de plaisanciers venus d’ailleurs. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale Bastia a connu, comme Ajaccio, le doublement de sa population (près de 45 000 habitants). Depuis 1976, avec la bi-départementalisation de l’île, elle a retrouvé son rôle de préfecture (retiré en 1811) et la modernisation de ses infrastructures avec l’ouverture, en 1983, d’un tunnel passant sous deux éléments majeurs de son histoire : le vieux port et la citadelle.
Bibliographie :
Michel Vergé-Franceschi, Histoire de Corse, Paris, Éditions du Félin, 1996.
Antoine-Laurent Serpentini (sous direction), Dictionnaire historique de la Corse, Ajaccio, Albiana, 2006.
Collectif, Bastia. Regards sur son passé, Paris, Berger-Levrault, 1983.