La céramique |
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Titre de la collection
Passerelle
Date de première diffusion
15/01/2007
Résumé
La céramique est une expression artistique témoignant de l’art de vivre des civilisations. Ali Ould Ramoul est l’un des céramistes montrant son intérêt et son savoir-faire dans le travail de l’argile depuis son plus jeune âge. Dans son atelier, il fait part de la passion qu’il porte à ce métier qu’il a étudié en France et a enseigné par la suite en Algérie.
Chaîne de première diffusion
EPTV - Canal Algérie
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Arts, cultures et savoirs
Générique
- Bouali Houria - Réalisateur
Langue d'origine
Français
Contexte
Céramique
Philippe Jockey
Cette brève présentation d’un atelier de céramiste contemporain algérien, installé à Médéa depuis 1978, rappelle combien la céramique est restée aujourd’hui encore aux yeux de beaucoup un authentique artisanat d’art, défini par un certain nombre de traits caractéristiques qui sont présentés au fil de l’entretien par l’artisan interrogé. Le premier d’entre eux est la double transmission de ce savoir faire, du père au très jeune fils et du maître au disciple, comme il est rappelé (« un vrai maître de céramique »). L’amour de son métier est au cœur du discours, relayé ici par la commentatrice. Un second élément réside dans la place faite à la copie d’œuvres existantes dans l’apprentissage des formes, des motifs et des gestes. L’artisan revient ensuite sur le processus de fabrication de ses vases, depuis le choix de l’argile jusqu’à la décoration ultime au pinceau. La cuisson, ses techniques et la température occupent une place centrale dans la célébration de son art. Une technique tout à fait particulière est décrite avec précision même si elle n’est pas spécifiquement nommée, celle du poncif. C’est une pratique ancienne, attestée dès le moyen âge pour la réalisation de peintures murales ou le décor de manuscrits. Elle est attestée très tôt dans la céramique d’art, mais très largement révolue aujourd’hui. Son avantage est de permettre, avec toute la précision nécessaire, la reproduction d’un motif complexe, floral, géométrique ou figuré, par un artisan qui n’est pas expert en dessin. Les motifs à reporter sur le vase sont d’abord tracés au crayon sur un calque, puis ces mêmes tracés sont percés avec une aiguille de petits trous sur toute leur longueur. Le poncif ainsi obtenu est posé sur le vase à décorer, puis tamponné avec une petite bourse en tissu remplie de charbon de bois en poudre. Le motif, ainsi reporté, n’a plus qu’à être repris avec la peinture adéquate. La mention de l’une des couleurs favorites de ce céramiste, le bleu de cobalt, une couleur royale et coûteuse, et l’évocation de son usage en Perse, ne sont pas moins intéressantes. Elles rappellent combien le choix d’un pigment en particulier détermine une série, voire une tradition, comme l’attestent les exemples des faïences de Delft et de Sèvres, auxquelles sont respectivement associés les deux bleus du même nom.
La célébration par la télévision algérienne de cette production d’une qualité remarquable par son caractère artisanal, extrêmement soigné, et objet de discours de la part de celui qui en maîtrise la technique ne doit rien au hasard. Plus que tout autre, peut-être, l’artisanat de la céramique est pérenne, inscrivant ses commanditaires et ses auteurs dans une tradition multiséculaire qui ne peut que contribuer à renforcer leur sentiment d’appartenance à une même communauté, à un même État. L’identité passe par l’adhésion à des valeurs patrimoniales communes. La céramique en est l’un des supports privilégiés et participe de l’exaltation de la « Richesse et de la grandeur de (notre) beau pays l’Algérie », pour reprendre l’expression de la commentatrice de ce sujet.
Bibliographie :
François Delamare, Bernard Guineau, Les matériaux de la couleur, Paris, Gallimard, « Découvertes », 1999.
Nicole Blondel, Céramique, vocabulaire technique, Monum, éditions du Patrimoine, 2001.