La célébration de Yennayer à Tlemcen |
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Titre de la collection
TV Rama
Date de première diffusion
13/01/2006
Résumé
Court sujet sur la célébration du Yennayer, nouvel an amazigh (berbère) à Béni Senousse, une commune située dans la région de Tlemcen qui reste fidèle aux traditions propres à cette occasion.
A la cité Ayred, un carnaval est perpétué depuis des générations.
Chaîne de première diffusion
EPTV - Canal Algérie
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Fêtes et traditions
Générique
- Hakkar Hakima - Journaliste
Lieux
- Algérie - Ouest - Tlemcen
Langue d'origine
Français
Contexte
Célébration de Yannayer à Tlemcen
Cyril Isnart
Les sociétés berbères du Maghreb et du Sahara sont considérés dans la littérature, et par leurs défenseurs politiques, comme des groupes culturels qui auraient survécu aux contacts historiques des différentes civilisations, depuis l’Empire romain jusqu’à la domination arabe de l’Afrique du Nord. Leurs langues s’inscrivent dans une famille linguistique particulière aux multiples variations et leur organisation politique est caractérisée le primat de la tribu et une forte hiérarchisation des rapports sociaux. Pendant la période de colonisation européenne, l’identité des communautés berbères a été l’objet de manipulation politique et scientifique qui les ont rapproché des Romains et des Normands. C’est dans ce contexte que la plus grande part des écrits ethnologiques sur les fêtes rituelles ont été produit, donnant une large place au comparatisme entre les religions antiques romaines, le folklore médiéval européen et les performances contemporaines des communautés berbères. La fête du nouvel an et la sortie rituelle de masques dans la région de Tlemcen (située à plus de 500 km d’Alger et à la frontière avec le Maroc), décrites dans ce reportage de la télévision algérienne s’inscrit dans cette généalogie interprétative qui privilégie les formules de « cycle agraire », « fête de fécondité », « culte des ancêtres » tout en cultivant l’image romantique de petites communautés villageoises gardant et représentant jalousement des rituels populaires authentiques et comme surgis d’un passé ancestral.
Il est cependant certain que des lignes de continuité existent entre les deux rives de la Méditerranée. La célébration du nouvel an du calendrier julien européen aurait son équivalent berbère avec la fête de Yannayer, qui est le mot qui désigne le premier mois de l’année dans la langue des Berbères (dont on fait dériver l’étymologie de ianuarius le janvier latin), comme le Carnaval médiéval serait un symétrique de la sortie des masques de Ayred qui sont filmés dans le reportage. Chacune de ces fêtes s’inscrit dans le calendrier agraire et solaire et possèdent des séquences et des caractéristiques rituelles proches (présence de masques silencieux, quêtes dans les maisons, vœux de bonne santé, rôle central des jeunes et des enfants, etc.). Les experts et érudits qui sont interviewés, et qui restent malheureusement anonymes, donnent d’ailleurs de nombreux arguments qui penchent en faveur de ces rapprochements comparatifs et insistent sur le rôle central des célébrations collectives dans le calendrier agricole méditerranéen. Le commentaire en voix off jouant sur le pittoresque, l’authenticité et les origines pré-isalmiques de ces rituels tend peut être à effacer des enjeux sociaux , politiques et culturels plus actuels que les Berbères manifestent également à travers leurs performances culturelles.
BERQUE Jacques, 2001, « Qu’est-ce qu’une tribu nord-africaine ? », Opera Minora II. Histoire et anthropologie du Maghreb, Paris, Bouchène.
Pâques Viviana 1975, « Carnaval, fête du mariage et de la mort », Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, n°4, pp. 276-294.
Kilani Mondher 1997 « La théorie des « deux races » : quand la science répète le mythe » in HAINARD J. et KAEHR R., Dire les autres, Lausanne, Payot, pp. 31-45.