Nora Demarchi        

 

 

On raconte que la porte de la mosquée fut portée à Tlemcen de l’Espagne à travers la Méditerranée, et peut être ceci est le meme parcours entrepris par le saint patron de la mosquée, le penseur sufi Abou Madyane (Sidi Boumedienne pour les algériens) qui à la fin de son parcours de vie décida de s’installer à Takbalet, un village près de Tlemcen où il a été enterré en 1197. Professeur, auteur, poète soufi, il est né à Seveille en 1126 et il est le fondateur de la principale source initiatique du soufisme du Maghreb et de l’Andalousie.

Le terme soufisme dérive probablement du terme souf, laine, et soufis, « habillé  en laine », est le nom qui a été donné aux premiers mystiques de l’islam. Ces ascètes dans un premier temps n’étaient pas organisés de manière bien déterminée : ils cherchèrent d’abord à vivre dans une espèce d’érémitisme, vivant seuls ou en se ressemblant autour de maitres renommées. Les maitres mystiques se virent cependant bientôt entourés d’une foule de disciples, ce qui nécessita l’organisation d’un encadrement spirituel. C’est ainsi que se créèrent au douzième siècle ap.J.C. des confréries à la physionomie bien établie. Le soufisme se adjoint à la doctrine et à la praxis islamique, sans nécessairement les contredire, certains éléments conceptuels, liturgiques, mystiques et d’organisation. Le chef de la confrérie est le cheikh. Il doit son rayonnement et sa force d’attraction à ses expériences mystiques et à la profondeur de son enseignement. Chaque confrérie a sa règle et se dénomme par conséquent tarîqa, c’est à dire « voie », « méthode ».

Situé dans le faubourg d’El Eubbad à Tlemcen, le mausolée de sidi Boumedienne a été construit par le successeur almohade d’Al-Mansour, Muhammad an-Nasir, honorant la mémoire du saint. Ce monument, devenu un lieu de pèlerinage, a été restauré et embelli par le sultân Abu al Hasan qui, en 1339 après J.C. lui adjoignit une mosquée. Celle ci fait partie d’un complexe qui comprend également une médersa, un petit palais, une zaouïa et un hammam. Le rôle de la mosquée et de la medersa fut très important pour ce qui concerne l’apprentissage de la langue arabe et de la religion musulmane.

A’ la fin du XX siècle après J.C. les infiltrations d’eau avaient ruiné certaines parties de la mosquée mais dernièrement les travaux de restructuration sont terminés. C’est surement grâce à la grandeur artistique de ce complexe, évident témoignage de l’âge d’or de l’art islamique, que Temclem a été choisie de la part de l’organisation islamique pour les sciences et la culture et d’éducation pour devenir capitale de la culture islamique en 2011.

 

 

Cornell, V.J. 1996: The Way of Abu Madyan: Doctrinal and Poetic Works of Abu Madyan Shu’ayb al-Husayn al-Ansāri, Golden Palm Series, Cambridge.

J. Chevalier, 1974: Le soufisme ou l’ivresse de Dieu dans la tradition de l’islam, Paris.

Grabar, O. 1989: Arte islamica: formazione di una civiltà, Electra, Milano.

John D. Hoag, 1991: Architecture islamique, Gallimard, Paris.