Le discours du président Gamal Abdel Nasser au palais d’Al-Qobba |
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Titre de la collection
Collection ERTU
Date de première diffusion
1965
Résumé
L’ancien président parle des difficultés auxquelles l'Égypte est confrontée, de la période critique à venir et de l’unité de la nation arabe et de ses retombées sur l'Égypte.
Chaîne de première diffusion
ERTU - Channel 1
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Enjeux historiques contemporains XIXe-XXIe s.
Générique
- Nasser Gamal Abdel - Participant
Lieux
- Egypte - Basse Egypte - Le Caire
Contexte
Le discours du président Gamal Abdel Nasser au palais d’Al-Qobba – 16 mars 1965
François Siino
C’est un discours grave et assuré que prononce Gamal Abdel Nasser le 16 mars 1965 au palais d’Al-Qobba. La veille, il vient d’être plébiscité par le peuple égyptien qui l’a reconduit à la tête du pays avec un score approchant les 99% des votants. En cette année 1965, le nassérisme est à son apogée. Figure centrale du groupe des « officiers libres » qui a pris le pouvoir en juillet 1952, renversant la monarchie du roi Farouk, Nasser a rapidement écarté Mohammed Naguib, premier président de la nouvelle république d’Egypte. Dès 1954, il est le véritable maître du pays dont il devient en 1956 à son tour le président. La politique qu’il met en œuvre fait rapidement de l’Egypte l’emblème d’un Tiers-Monde en voie de décolonisation qui revendique haut et fort une émancipation non seulement politique, mais économique et culturelle. Sur la scène interne, cette politique se traduit par la nationalisation de l’industrie, la réforme agraire et le lancement de grands projets dont le barrage d’Assouan sur le Nil est un parfait symbole. Sur le plan international, il est l’un des piliers du mouvement des non-alignés né de la conférence de Bandung (1955) et le héros de la crise de Suez lors de laquelle il a transformé une défaite militaire en victoire politique. Dans le monde arabe, malgré la brève durée de l’expérience d’union avec la Syrie (qui donne naissance à une éphémère République arabe unie entre 1958 et 1961), il est l’inspirateur du courant nationaliste panarabe, et de nombreux mouvements se réclamant directement du nassérisme apparaissent au Maghreb et au Machrek. Enfin, il est aussi le modèle d’une formule politique étatique et autoritaire qui se généralise dans la région, de l’Algérie à l’Irak, réprimant violemment toute forme d’opposition ; en Egypte, ce sont notamment les Frères musulmans et le parti communiste qui en feront les frais.
Le discours prononcé en ce 16 mars 1965 est on ne peut plus conventionnel. Ce n’est pas le tribun qui, en juillet 1956, haranguait les foules, debout et en plein air, pour leur annoncer la nationalisation du canal de Suez. A partir d’un plan large qui le donne à voir assis à un bureau officiel, le cadre se resserre jusqu’à ce que le ra’is (président) occupe tout l’espace de l’image. Ce président à la présence envahissante se veut une incarnation de l’Etat, mais aussi du peuple tout entier dont il vante le courage et dont il réclame une présence de tous les instants à ses côtés. Le discours annonce une nouvelle étape décisive, mais on y retrouve en réalité bien des thématiques déjà affirmées dans la Charte nationale de 1962 : le versant social et émancipateur de l’Etat qui, sous la bannière du socialisme arabe entend édifier un société plus juste ; le registre nationaliste qui appelle à la vigilance face aux impérialismes et réaffirme la nécessité inéluctable de l’unité arabe. Nasser refuse de considérer les résultats du vote comme un blanc-seing absolu qui lui serait donné, mais dans la voix mesurée et ferme, on peut aussi entendre qu’il n’est guère laissé au peuple égyptien d’autre choix que celui du consentement.
Bibliographie
Al Dib Fathi, 1985, Abd El Nasser et la révolution algérienne, Paris, L’Harmattan.
Balta Paul et Rulleau Claudine, 1982, La vision nassérienne, Paris, Sindbad.
Cloarec Vincent, Laurens Henry, 2005, Le Moyen-Orient au xxe siècle, Paris, Armand Colin.
Lacouture Jean, 1971, Nasser, Paris, Editions du Seuil.