La troupe de danse Bat Sheva |
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Titre de la collection
Collection IBA
Date de première diffusion
24/12/1993
Résumé
"Bat Sheva" est une célèbre troupe de danse israélienne. "Anaphasa" est l'un de ses spectacles les plus connus, dirigé par le chorégraphe Ohad Naharin.
Chaîne de première diffusion
IBA - Channel 1
Forme audiovisuelle
Concert
Thème principal
Musiques et chants
Thème secondaire
- Arts, cultures et savoirs / Spectacles vivants
Contexte
La troupe de danse Batsheva
Yvan Gastaut
La Batsheva dance compagny est une troupe de danse moderne et contemporaine israélienne. Basée à Tel Aviv, elle a été fondée en 1964 par la danseuse américaine Martha Graham (1894-1991) mondialement reconnue comme l’une des plus grandes innovatrices de la danse du vingtième siècle. Avec se troupe new yorkaise, elle avait proposé, dès les années trente, de nouvelles chorégraphies privilégiant l’émotion et de nouvelles techniques fondées sur la respiration, la contraction et la détente du corps avec des œuvres comme Lamentation (1930) ou Cave of the heart (1946).
Elle est soutenue par la baronne française Bethsabéee (Batsheva) de Rothschild (1914-1999), petite-fille du banquier juif installé à Paris Alphonse de Rothschild. Philanthrope et passionnée par la danse qu’elle pratique en amateur à New York au sein de l’école de danse de Martha Graham à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la baronne décide d’abord de financer et de produire les spectacles de celle-ci à travers le monde. Installée définitivement en Israël au début des années soixante, Batsheva de Rothschild contribue, entre autres mécénats comme la création de l’orchestre de chambre d’Israël ou la mise en place de Fondation pour le progrès scientifique et technique aux Etats-Unis et en Israël, à la naissance de la compagnie qui prendra son nom et qui devient la plus importante dans le pays.
En 1967, à la suite de la rencontre entre Batsheva de Rothschild et la danseuse classique Jeannette Ordman, originaire d’Afrique du Sud et installée en Israël, cette dernière devient directrice des répétitions de la troupe. Mais très vite, à cause de ses méthodes de travail différentes de celles de Martha Graham et de mauvais rapport avec les danseurs et danseuses, Jeannette Ordman abandonne cette fonction pour créer sa propre structure concurrente non sans le soutien de sa mécène : la compagnie de danse Bat-Dor qu’elle dirige jusqu’en 1984 et qui arrête son activité en 2006. En 1975, une tentative de fusion échoue ce qui amène la baronne de Rothtschid à retirer son soutien à la compagnie Batsheva. Celle-ci avait affiché sa préférence en faisant construire à Tel Aviv le Bat Dor Dance Center en 1971.
Néanmoins, grâce à sa notoriété engendrant de nouveaux mécénats, la Batsheva compagnie peut poursuivre son activité. En une décennie, la troupe se produit dans le monde entier. Aux Etats-Unis notamment, les danseurs de la Batsheva compagny se produisent lors de tournées organisées à partir de 1970 devant un public conquis par une approche novatrice et énergique de la danse impulsée par Martha Graham qui fait le lien entre son activité à New York et à Tel Aviv. Au prix de chorégraphies audacieuses et pleines de verve et de sensualité, la troupe, composée de danseurs israéliens et étrangers, devient l’une des plus réputées dans le monde au cours des années soixante-dix.
Après quelques vicissitudes au cours des années quatre-vingt, liées à l’éloignement de Martha Graham et un certain essoufflement des techniques et des chorégraphies qui ont fait son succès, la Batsheva compagny connaît un nouvel élan à partir de 1990 sous l’impulsion de son nouveau chorégraphe résident, Ohad Naharin né en 1952 à Mazra, un Kibboutz du nord d’Israël. Danseur à la Batsheva compagny depuis 1974, Ohad Naharin devient l’un des plus éminents chorégraphes contemporains guidant la compagnie avec une vision artistique audacieuse et innovante, fondée sur une énorme dépense d’énergie et sur un esthétisme captivant. Il est l’initiateur d'une nouvelle façon de se mouvoir à travers un langage corporel appelé « Gaga » permettant d'établir selon ses dires, « un flux qui traverse le corps entier et déclenche la fluidité totale » dans un mélange de raffinement et de violence : corps désarticulés se déhanchant à la recherche d'une orientation spatio-temporelle, déroutantes évolutions scéniques, alternance soudaine de rythmes musicaux saccadés et de profonds silences stoppant net la richesse d'un élan gestuel pour laisser des êtres immobilises comme en suspends d’eux-mêmes.
Avec son caractère rebelle et fantasque, Ohad Naharin a chorégraphié plusieurs dizaines d’œuvres, propulsant la compagnie dans une nouvelle dimension qui parachève sa renommée mondiale. La troupe, composée d’une quarantaine de danseurs et divisée en deux entités (la Batsheva compagny et le Batsheva Ensemble qui regroupe des danseurs « juniors » de 18 à 24 ans) se produit en Australie, Amérique du nord, au Japon, en Europe, dans les plus célèbres théâtres et festivals avec un immense succès. En Israël, la compagnie suscite l’enthousiasme d’un public dévoué et fidèle.
Malgré une attitude parfois défiante de la troupe et d’Ohad Naharin en particulier (il vit beaucoup à l’étranger et obtient la nationalité américaine dès 1991) à l’égard de la politique du gouvernement israélien, la Batsheva compagny a parfois été prise pour cible en raison de son ancrage dans l’état hébreu. Ainsi en août 2012, lors de l’ouverture du festival international d’Edimbourg, le spectacle a été perturbé par plusieurs centaines de militants pro-palestiniens conspuant les danseurs et prenant à partie les spectateurs aux cris de « vos tickets sont couverts de sang palestinien ».
Le succès planétaire de cette troupe cosmopolite au message humaniste ne parvient pas toujours à la protéger des conflits du Proche Orient dans lesquels elle est indéfectiblement mêlée.
Référence :