Les immeubles Bauhaus de Tel Aviv |
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Titre de la collection
Collection IBA
Date de première diffusion
08/06/2004
Résumé
Tel Aviv "la ville blanche", a été choisie par l'UNESCO comme site patrimonial pour ses constructions de style Bauhaus. La nouvelle ville israélienne a été construite dans les années 1930 par des juifs allemands et européens réfugiés, qui importèrent le style Bauhaus d'Europe. De belles images d'immeubles et un entretien avec l'ingénieur urbaniste Danny Kaiser.
Chaîne de première diffusion
IBA - Channel 1
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Architecture
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels / Urbanisme et cités
Générique
- Kaiser Danny - Participant
Lieux
- Israël - Centre - Tel Aviv
Contexte
Les "immeubles Bauhaus" de Tel-Aviv
Jean-Lucien Bonillo
Le cœur de la "ville blanche" (un terme qui désigne l'extension de Tel-Aviv entre 1930 et 1960) a été classé par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité en juillet 2003. Cette distinction souligne la cohérence et l'homogénéité d'un important ensemble urbain marqué par l'architecture moderne du XXe siècle. Rares sont les ensembles équivalents dans le monde. On pense à Chandigarh, Brasilia, Le Havre. Bien que réel, le rôle de la fameuse école allemande du Bauhaus (1919 - 1933) sur l'architecture de la Ville blanche va se conjuguer à d'autres nombreux facteurs et influences.
Il y a d'abord un modèle urbanistique qui doit beaucoup aux réflexions de la période du Réformisme (autour de 1900), celui de la « Cité-jardin". Commencée par Richard Kauffmann la planification urbanistique de Tel Aviv est poursuivie par Sir Patrick Geddes à partir de 1925 (son plan est approuvé en 1927) dans un contexte qui est celui du mandat britannique en Palestine, avec le soutien des organisations sionistes anglaises et américaines. Biologiste et botaniste écossais, Geddes est aussi un des "inventeurs" de la discipline urbanistique qu'il définit comme une science pluridisciplinaire, accordant beaucoup d'importance aux dimensions sociales et environnementales. S'adaptant au site collinaire, son plan s'organise selon une composition hiérarchisée de voies d'esprit classique qui définissent des îlots résidentiels (home-blocks). Les blocs construits s'installent à l'alignement des voies qui sont systématiquement plantées d'alignement d'arbres, et sont eux-mêmes cernés de végétation jusque dans les cœurs d'îlots aménagés en jardins publics et privés. Le résultat est une osmose entre constructions collectives et nature, mais on est loin des modèles urbanistiques européens des années 20 les plus radicaux. On pense à ceux des siedlungen allemandes et hollandaises (W. Gropius, E. May, J.J.P. Oud…) en phase avec l’esprit du Bauhaus et aux modèles de "ville fonctionnelle" prônés par Le Corbusier qui déboucheront sur la charte d'Athènes (1933/1941).
De la même manière, l'expression moderne des édifices va se définir dans une voie originale qui repose sur l'adaptation de modèles importés. Geddes lui-même avait recommandé l'usage des toitures terrasses habitables, un des marqueurs les plus forts de l'architecture moderne. Mais à l'inverse il prônait l'abandon des grands pans de verre, caractéristiques du Bauhaus de Dessau et de la "nouvelle architecture", pour des petites ouvertures plus adaptées au climat chaud du pays.
Entre 1930 et 1960, une véritable école architecturale se crée à Tel-Aviv à partir notamment du retour au pays de certains architectes qui dix ans auparavant, dans une période de crise, étaient partis étudier en Europe : en Allemagne (4 ou 5 d'entre eux ont été étudiants au Bauhaus) et en Autriche, en Belgique et en France ainsi qu'en Italie. Cette école se développe à partir de la dynamique collective impulsée par le groupe "Houg" (le cercle) et sa revue "Habinyan" (le bâtiment) crée par Arieh Sharon, Josef Neufeld et Ze'ev Rechter auxquels viendront s'adjoindre beaucoup de confrères. Tous développent le langage commun du "style international" en parvenant à tenir un discours singulier. A égale distance de l'Art-Déco et du rationalisme le plus radical, l'architecture est marquée par la présence récurrente mais non systématique de pilotis, de structures en béton armé et de remplissages de briques enduites de plâtre lissé et blanchi, de volumes simples ordonnés selon des conceptions néo-plastiques (asymétrie des masses, porte-à-faux des balcons filants horizontaux, …). Des formes courbes et cylindriques viennent équilibrer comme un contre-point la rigueur des lignes orthogonales. La tradition les attribue à l'influence d'Erich Mendelsohn, un des meilleurs architectes allemands, parmi ceux nombreux qui avaient fui le nazisme, qui sera pour l'essentiel actif à Haïfa et Jérusalem.
Bibliographie succincte et indicative
- Coll. L’Influence du Bauhaus sur l’architecture contemporaine, actes du colloque, centre interdisciplinaire d’études et de recherche sur l’expression contemporaine, travaux XVI, ed. Université de Saint-Etienne, 1976.
- Payton N., “Patrick Geddes (1854–1932) & the Plan of Tel Aviv, Modern Architecture and Traditional Urbanism,” in edited by Jean-François Lejeune, New City (Modern Cities 3), Coral Gable, University of Miami-School of Architecture, 1996.
- Metzger-Szmuk N., Des maisons sur le sable : Tel-Aviv, mouvement moderne et esprit Bauhaus, Tel-Aviv/Paris, ed. de l’éclat, 2004. Ouvrage bilingue français/anglais.
- Droste M., Bauhaus-1919-1933-Réforme et avant-garde, ed.Taschen, 2006.
- Site Internet de l’UNESCO :