Le Colonel Nasser proclame la Constitution Egyptienne |
|
Titre de la collection
Non Utilisés
Date de première diffusion
01/01/1956
Résumé
" L'Egypte célèbre la proclamation de la constitution" :
Vues générales diverses du Colonel NASSER proclamant la Constitution devant une foule nombreuse et enthousiaste (discours synchrone).
Sociétés de production
-
Misir (MISIR) - Production propre
Chaîne de première diffusion
AF
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Enjeux historiques contemporains XIXe-XXIe s.
Générique
- Presse Filméee - Journaliste
Lieux
- Egypte - Basse Egypte - Le Caire
Informations complémentaires
- Issu de : 56/6945 Misir correspondant des AF au Caire
Contexte
Nasser proclame la Constitution – 26 janvier 1956
François Siino
Le 16 janvier 1956, Gamal Abdel Nasser, vêtu comme à son habitude d’un costume cravate qui ferait presque oublier qu’il est officier de l’armée égyptienne, prend la parole devant une foule immense rassemblée sur la place de la République du Caire. Icône du nationalisme égyptien, du panarabisme et bientôt de l’ensemble du Tiers Monde (avec la nationalisation du canal de Suez qui sera annoncée en juillet de la même année), il proclame la Constitution de la République d’Égypte. Doté d’un indéniable talent d’orateur, il célèbre dans ce discours une étape de la révolution égyptienne qui vient, selon lui, couronner des années de lutte de tout un peuple contre « la tyrannie, l’esclavage et l’arbitraire ».
Quatre ans auparavant, le 23 juillet 1952, le petit groupe des « Officiers libres » a pris le pouvoir, mettant fin à la monarchie et entrainant l’abdication du roi Farouk. Ces jeunes militaires incarnent la version égyptienne du socialisme arabe, idéologie qui fait alors des émules un peu partout au Proche-Orient et dont les principaux ingrédients sont la lutte contre les séquelles du colonialisme et de l’impérialisme, la justice sociale, l’indépendance économique et militaire.
Au sein du « Conseil de la Révolution » qui détient tous les pouvoirs, la tendance la plus modérée représentée par le général Naguib pousse au retour à une vie démocratique et constitutionnelle normale. Mais les plus radicaux des officiers menés par Gamal Abdel Nasser sont peu enclins à un retour du parlementarisme que beaucoup d’entre eux associent à une monarchie corrompue. Après s’être débarrassé de Naguib en 1954, Nasser a les mains libres pour donner à la jeune république égyptienne la forme qu’il souhaite, en l’occurrence, celle d’un régime militaire autoritaire.
Dans ce contexte, la constitution mise en chantier en 1953 ne peut être l’œuvre d’une Assemblée constituante issue du peuple. Elle est l’œuvre d’une Commission directement contrôlée par le Conseil de la Révolution et dont les membres seront plusieurs fois remplacés. Un premier projet de constitution prévoit un régime parlementaire issu d’élections libres, accorde aux femmes instruites le droit de vote et de siéger au Parlement. Il sera rejeté. Le second projet instaure un régime présidentiel fort dans lequel le Parlement ne détient qu’un mince pouvoir consultatif. Les anciens partis ne sont pas autorisés et le régime institue à leur place une Union nationale chargée de veiller à la réalisation des objectifs de la révolution et, accessoirement, à désigner les personnalités admises à présenter leur candidature aux élections législatives.
Le texte que proclame Gamal Abdel Nasser en ce 16 janvier 1956 n’aura cependant pas une très longue postérité puisqu’il sera suspendu par la fusion de l’Égypte et de la Syrie en une République Arabe Unie, le 1er février 1958.
Bibliographie
Aclimandos Tewfik, 2001, « Officiers et Frères musulmans : 1945-1948 »,
Égypte/Monde arabe, Deuxième série, L’Égypte dans le siècle, 1901-2000. En ligne :
http://ema.revues.org/index887.html
Bernard-Maugiron Nathalie, « Les constitutions égyptiennes (1923-2000) : Ruptures et continuités »,
Égypte/Monde arabe (Deuxième série), L’Égypte dans le siècle, 1901-2000. En ligne :
http://ema.revues.org/index868.html
Les architectures constitutionnelles des régimes politiques arabes. De l’autoritarisme à la démocratisation, Sous la direction de Nathalie Bernard-Maugiron et Jean-Noël Ferrié, Égypte Monde arabe, n°2, 2005. En ligne :
http://ema.revues.org/index695.html
Vote et démocratie dans l'Égypte contemporaine, par Sarah Ben Néfissa et Ala al-Din Arafāt, éditions IRD-Karthala