Contexte
C.A.N : victoire Egypte
Stéphane Mourlane
En 2008, l’Egypte remporte face au Cameroun sa sixième Coupe d’Afrique des Nations (CAN), la principale compétition de football sur le continent africain. Les « Pharaons » sont depuis leur premier match officiel, disputé en 1920 face à l’Italie, et depuis l’affiliation de fédération égyptienne à la FIFA en 1923, l’une des principales équipes africaines. Ils sont notamment les premiers représentants africains à participer à une Coupe du monde, lors de la deuxième édition en Italie, en 1934. Si les Égyptiens ne se qualifient ensuite qu’une seule fois pour la Coupe du monde (à nouveau en Italie, en 1990), ils se sont qualifiés pour 21 des 26 Coupes d’Afrique des nations depuis la création de cette compétition en 1957.
C’est d’ailleurs un Egyptien Abedelaziz Abadallah Salem qui, avec le Soudanais Abdel Halim Mohamed, est à l’origine de la Confédération africaine de football (CAF) au sein de la Fédération internationale de football association (FIFA) et qui prévoit « d’organiser un championnat africain régulièrement ». L’épreuve, organisée tous les deux ans, représente à son origine, dans le contexte du mouvement des indépendances, un mode d’affirmation national et l’espérance d’une unité africaine. Elle permet l’affirmation et l’insertion du football africain dans le football international, tout en accentuant le processus de mondialisation que connaît ce sport au cours du XXe siècle. La CAN offre en outre une caisse de résonance aux enjeux politiques et culturels qui structurent, selon une ligne parfois chaotique, l’histoire de l’Afrique contemporaine.
Le palmarès de la CAN dessine une géopolitique du football africain principalement subsaharien. L’Égypte détient cependant le record de victoires (1957, 1959, 1986, 1998, 2006, 2008 et 2010), grâce à une plus longue tradition dans la pratique du football, héritée de la colonisation anglaise, et dans la fréquentation des compétitions internationales, dès les années trente. En revanche avec la participation de 34 nations différentes aux phases finales, qui réunissent 8, puis 16 équipes à partir de 1996, alors que la CAF compte, en 2008, 53 fédérations affiliées, la compétition donne à voir la diversité du football africain.
L’édition de 2008 est organisée au Ghana. Réunie au Caire en 2004, la CAF a préféré ce pays qui a remporté trois fois le trophée (1963, 1965 et 1982) à la Libye, également candidate. C'est la quatrième fois que le Ghana accueille la CAN après 1963, 1978 et 2000 (conjointement avec le Nigéria). Comme les autres États auparavant, l’État ghanéen, soucieux de son image, prend en charge à chaque fois la plus grande partie des coûts liés notamment au frais d’infrastructures. La compétition est vue, il est vrai, par près de 5 milliards de téléspectateurs à travers le monde. Les quatre stades sont ainsi rénovés.
L’Egypte a déjà affronté le Cameroun lors du premier tour : les « Pharaons » se sont imposés face aux « Lions indomptables » 4 buts à 2. Première d’un groupe composé également de la Zambie et du Soudan, l’Egypte élimine en demi-finale la Côte d’Ivoire tandis que le Cameroun domine le pays organisateur. Lors de la finale disputée àl'Ohene Djan Stadium d’Accra, la rencontre apparaît équilibrée : le Cameroun a remporté quatre fois la Coupe (1984, 1988, 2000, 2002) et dispose dans son effectif de nombreux joueurs de renom à l’instar de Samuel Eto’o (meilleur buteur de la compétition), qui évolue dans les meilleures équipes européennes. Ce sont pourtant les Égyptiens les moins connus des médias internationaux qui gagnent le match. Hosny Abd Rabo, joueur du Ismaily Sporting Club, après un passage de deux ans à Strasbourg, est élu meilleur joueur du tournoi.
Bibliographie :
Paul Darby, Africa, football and FIFA. Politics, colonialism and resistance, Londres, Cass, 2002, 256 p.
Paul Dietschy, David-Claude Kemo-Keimbou, Le football et l’Afrique, Paris, EPA, 2008, 383 p.
Faouzi Mahjoub, Le football africain : trente ans de Coupe d’Afrique des nations, Paris, Jeune Afrique, 1988.