Immigrés arméniens à Marseille |
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Titre de la collection
Un siècle d'immigrations en France
Date de première diffusion
17/10/1997
Résumé
Les Arméniens rescapés du génocide débarquent dans le Sud de la France au début des années 20.
Lors d'une fête de l'Amicale des Arméniens, Stéphane KELIAN rappelle que l'industrie de la chaussure à Romans avait besoin de ces artisans. Il évoque la fierté de cette amicale qui conserve les traditions.
Souvenirs de Maryam MARKOYAN, rescapée du génocide.
Hilda TCHOBOYAN précise que des émissaires venaient chercher des Arméniens dans les camps de réfugiés en Grèce.
Sociétés de production
-
France 3 - Coproduction
- Mémoires vives productions (MEMVI) - Coproduction
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Migrations
Thème secondaire
- Economie / Marchés et artisanat
Générique
- Kelian Stéphane - Participant
- Tchilinguirian Jean - Participant
- Markoyan Maryam - Participant
Lieux
- France - Sud Est - Valence
- France - Sud Est - Romans
- France - Sud Est - Decines-Charpieu
Langue d'origine
Français
Contexte
Immigrés arméniens à Marseille
Maryline Crivello
Entre septembre 1922 et fin 1927, 50 000 rescapés du génocide débarquent au cap Janet à Marseille. Sur cent Arméniens débarquant sur le port, quarante restent à Marseille et s'entassent dans les camps Victor-Hugo, Mirabeau et Oddo. Beaucoup se fixent dans des quartiers de la banlieue. Ils se regroupent par régions d'origine : à Saint-Antoine, les habitants de Sivas ; à Saint-Loup et Sainte-Marguerite, les habitants d'Adana et de Cilicie ; enfin, à Beaumont, ceux de Van et à Saint-Jérôme, ceux de Césarée. Ils travaillent dans le commerce et l'artisanat, mais aussi dans l'industrie. L'insertion en France est le seul horizon ouvert, puisqu'ils sont le plus souvent enregistrés comme apatrides. Dans les années 1980, Marseille compte 50 000 français d'origine arménienne (10 % de la population). C'est la plus grande ville arménienne de France, mais la diaspora est présente dans presque toutes les petites villes de la région, en particulier là où on travaillait le cuir (Draguignan, Barjols, etc.) et les centres industriels. Dans les quartiers de la périphérie marseillaise comme dans ceux du centre ville, de nombreuses associations, le plus souvent à vocation culturelle, entretiennent une culture spécifique. On recense, ainsi, pêle-mêle, une équipe de football qui fête ses 80 ans, des troupes de scouts, des chorales, des clubs de danse, une maison arménienne de la jeunesse et de la culture. Les églises servent aussi de ciment identitaire. À partir de 1965 et le 50e anniversaire des terribles événements de 1915, une partie des générations nés en France s'éveille à la conscience identitaire et revendique la reconnaissance du génocide subi. Durant la "décade terroriste", des organisations se livrent à des attentats un peu partout dans le monde. Ainsi, l'ASALA, l'Armée Secrète Arménienne pour le Salut de l'Arménie, revendiquera le meurtre de 42 diplomates turcs. En France, cette organisation est responsable de diverses actions armées contre des représentants de la Turquie. En 1981, plusieurs attentats se sont produits à Paris : le 4 mars, Reşat Morali, attaché à l'ambassade turque, et Tecelli Ari, conseiller pour les affaires religieuses, ont été mortellement blessés alors qu'ils prenaient leur voiture, le 24 septembre, toujours à Paris, deux terroristes arméniens ont occupé le bâtiment du Consulat général de Turquie, prenant en otages 56 personnes avant de se rendre à la police.
Le reporter rencontre des Arméniens de la cité phocéenne pour comprendre leurs réactions devant ces actes. Ils sont partagés face à cette violence qui paraît aller crescendo. Les uns la condamnent et, craignant l'amalgame, déplorent que le problème arménien soit ainsi posé. Les jeunes se montrent plus favorables et pensent que la violence reste le seul moyen de sensibiliser l'opinion publique sur le problème de la reconnaissance du génocide arménien. On se trouve alors en pleine période du réveil de la mémoire, que l'indépendance de l'Arménie ex-soviétique en 1991 va stimuler encore. La revendication mémorielle se traduira dans la région par de nombreuses inaugurations de plaques commémoratives ou de monuments, en particulier à Aix, dès 1983, à Vitrolles en 1987, puis, dans la décennie 1990, à La Ciotat, Draguignan, Bouc-Bel-Air, Septèmes-les-Vallons, etc. C'est à ce moment-là - en 1998 - que l'Assemblée nationale votera une loi par laquelle la France reconnaît ce génocide. En avril 2006, Marseille inaugurera son Mémorial du génocide, situé boulevard du 24 avril 1942, dans le 12e arrondissement, mais déjà, le 24 avril 1999, le Jardin du 24 avril 1915 avait été inauguré sur l'emplacement du camp Oddo, ainsi qu'une plaque rappelant l'existence de ce camp.
Bibliographie :
Lydie Belmonte, La petite Arménie. Histoire de la communauté arménienne à Marseille à travers le boulevard des Grands Pins à Saint-Loup, Marseille, Paul Tacussel, 1999.
Myriame Morel-Deledalle, Claire Mouradian, Florence Pizzoni-Itié (dir.) Loin de l'Ararat... Les petites Arménies d'Europe et de Méditerranée, Les Arméniens de Marseille, Paris, éd. Hazan/Musées de Marseille/MUCEM, 2007.
Laurence Ritter, La longue marche des Arméniens : Histoire et devenir d'une diaspora, éd. Robert Laffont, 2007.