Immigrés italiens à Marseille : Anne Sportiello raconte leur histoire
INA00398
Notice
Immigrés italiens à Marseille : Anne Sportiello raconte leur histoire
Titre de la collection
Un siècle d'immigrations en France
Référence
INA00398
Source
INA (FR)
Date de première diffusion
10/10/1997
Année de production
1997
Résumé
A Marseille, Anne SPORTIELLO rappelle que les Italiens sont arrivés après la grande peste de 1780 qui a décimé les marins. Les Napolitains investissent les quartiers et les métiers de la mer et habitent dans le "Petit Naples". Les femmes se mettent au travail et la solidarité règne parmi une population cosmopolite d'Italiens, de Juifs, de Grecs...
Type
video
Sociétés de production
France 3 - Coproduction
Mémoires vives productions (MEMVI) - Coproduction
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Magazine
Personnalités
Sportiello Anne
Thème principal
Migrations
Thème secondaire
Economie / Pêche et activités portuaires
Générique
Lallaoui Medhi - Réalisateur
Période d'événement
De 1900 à 1925
Lieux
France - Sud Est - Marseille
Langue d'origine
Français
Durée
4m30
Informations complémentaires
Insert d'images d'archives du port de Marseille au début du XXe siècle.
Contexte
Contexte
Immigrés italiens : Anne Sportiello raconte
Céline Regnard
Parmi tous les peuples venus s’installer à Marseille, il en est assurément qui ont marqué l’histoire de la ville et de sa population plus que d’autres. C’est le cas des Italiens, dont la nation ne se constitue qu’en 1861. En effet, les natifs de la Péninsule ont toujours été présents à Marseille, de manière permanente ou temporaire, par le biais des activités maritimes, commerciales, mais aussi en raison de la présence d’ouvriers, d’artisans ou de paysans qui venaient, depuis des siècles, trouver un travail dans la ville. Au XVIIIe siècle, déjà, originaires majoritairement du Nord et de l’Ouest, c'est-à-dire essentiellement de Gênes et de la Ligurie, ils représentent 5 à 6% de la population. Mais c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que démarre la grande vague migratoire transalpine. La croissance marseillaise, reposant sur le commerce, sur une industrie de transformation mais aussi sur un fort développement urbain nécessite toujours plus de main-d’œuvre bon marché. Parallèlement, les campagnes italiennes subissent une grave crise agricole et démographique. Des milliers d’Italiens prennent donc le chemin du départ, traversant les Alpes, longeant la côte, puis, de plus en plus à la fin du siècle, embarquant de Naples ou de Gênes. Marseille est une étape incontournable de ce parcours migratoire que plusieurs vagues régionales empruntent successivement. La première est piémontaise et ligure. Dès la fin du XIXe siècle, mais plus encore avant la Première Guerre mondiale et dans l’Entre-deux-guerres, elle sera suivie par une vague toscane, plus modeste, mais surtout par un courant méridional, constitué de ceux que l’on appelle alors, par commodité, les « Napolitains ». Si la misère et la répression politique sont, là encore, les facteurs principaux du départ, cette population n’a pourtant rien à voir avec les Piémontais ou les Toscans. D’un point de vue linguistique mais aussi culturel –certains iront jusqu’à dire « racial »- les méridionaux se distinguent dans la population marseillaise.
À la fin du XIXe siècle, l’ampleur de la vague migratoire est telle, que la population Italienne représente 20% de la population marseillaise, soit près de 100 000 individus. Ce chiffre, qui ne comprend pas les descendants d’Italiens et encore moins la population flottante, laisse entrevoir l’importance de cette présence dans la ville. En effet, parmi ces migrants, beaucoup ne restent pas. Un certain nombre d’entre eux pratiquent des retours réguliers ou définitifs dans leur région d’origine. D’autres sont juste en transit, Marseille devenant le premier port d’émigration français en 1887, forte de ses compagnies transatlantiques de navigation à vapeur, telles les Messageries Maritimes ou la compagnie Fabre qui a pratiquement le monopole sur la traversée de Marseille à New-York. Jusqu’à la Première Guerre mondiale l’immigration italienne est la grande affaire marseillaise. Elle se caractérise par son aspect familial, et par un regroupement régional dans l’espace marseillais.
Par la suite, si le flux ne tarit pas, nourri notamment par les réfugiés durant la période fasciste, d’autres vagues migratoires prennent le relais au fur et à mesure que les Italiens s’intègrent à la population locale. Bien que l’espace marseillais ne soit pas à proprement parler ségrégé, et que l’on retrouve les Italiens dans tous les quartiers industrieux de la ville, le centre-ville cristallise assurément la présence italienne et les imaginaires afférents. En effet, les vieux quartiers de Marseille ont toujours fonctionné comme des sas pour les populations de passage ou en voie d’installation dans la ville. De fait, sur la colline du Panier, et en dépit de la tentative avortée d’Haussmannisation par le percement de la rue Impériale (devenue rue de la République), s’implantent les vagues italiennes successives. L’étroitesse des rues, le délabrement de certains immeubles, et la forte densité humaine confèrent à cet espace des connotations négatives. Dès les années 1880 les manifestations d’hostilité sont violentes (Vêpres marseillaises 1881). L’analogie entre le bâti et la population fonctionne comme un repoussoir global de cette « invasion » décrite par Louis Bertrand. Pourtant, l’intégration à la population se produit au fil des générations, la xénophobie trouvant toujours à s’exprimer à l’encontre des derniers arrivés.
Bibliographie :
Émile Temime (dir.), Migrance. Histoire des migrations à Marseille, 4 tomes, Marseille, Jeanne Laffitte, 2007
Anne-Marie Faidutti-Rudolph, L'immigration italienne dans le Sud-Est de la France, Gap, Imprimerie Louis-Jean, 1964
Sportiello, Les pêcheurs du Vieux-Port. Fêtes et traditions de la communauté des pêcheurs de Saint-Jean, Marseille, Jeanne Laffite, 1981
Giuseppina Sanna,, Il riscatto dei lavoratori. Storia dell'emigrazione italiana nel sud-est francese (1880-1914)