Tripoli extérieur nuit |
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Titre de la collection
Méditerranéo
Date de première diffusion
25/09/1999
Résumé
Magazine consacré à la la vie nocturne à Tripoli : promenade en famille en bord de mer, jeux dans la rue, hommes aux terrasses des cafés, cafetiers s'exprimant en italien...
Sociétés de production
-
RAI - Coproduction
- France 3 Marseille - Coproduction
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Magazine
Thème principal
Espaces publics et sociabilités
Générique
- Sanguinetti Sampiero - Journaliste
Lieux
- Libye - Nord et la Côte - Tripoli
Langue d'origine
Français
Contexte
Tripoli extérieur nuit
François Siino
Si à la fin de l’année 1999 les caméras de Mediterraneo peuvent emmener les spectateurs du magazine déambuler nuitamment dans les rues animées et illuminées de Tripoli, la capitale Libyenne, c’est pour une raison bien précise : cette année marque la fin de l’embargo décrété en 1992 par l’Organisation des nations unies. C’est le début encore incertain d’un retour de la Libye sur la scène internationale, la sortie d’un isolement sévère qui lui a valu de sérieuses difficultés économiques et dans certains secteurs clés comme la santé.
La relation pour le moins complexe qu’entretient la Jamahiriya libyenne à son entourage régional et international remonte en réalité bien avant l’embargo. C’est elle qui a été à l’origine de l’invention, dans les années 1980, par l’administration américaine de Ronald Reagan, du terme de rogue state (État voyou) en raison des menaces qu’elle était censée faire planer sur la sécurité collective et sur les intérêts américains en particulier. En 1986, pour contraindre le guide libyen à renoncer aux attaques terroristes et au soutien qu’il apporte à ceux qui les mènent, l’aviation américaine bombarde Tripoli et Benghazi. Mais c’est surtout à la suite de l’attentat de Lockerbie de décembre 1988 qui détruit en vol un Boeing de la Pan Am au dessus de l’Écosse que la communauté internationale décide de prendre des mesures sévères. Le colonel Khadafi refusant de livrer à la justice internationale les deux hommes soupçonnés d’avoir perpétré l’attentat, un embargo est décrété en 1992 par l’ONU. Il porte sur les relations aériennes, les importations technologiques, militaires, il réduit drastiquement le nombre de diplomates autorisés à rester en poste et impose un gel des avoirs financiers libyens à l’étranger. Les difficultés intérieures et l’isolement international poussent Khadafi à assouplir sa position. Le 5 avril 1999, les deux suspects libyens sont livrés et les sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies sont aussitôt suspendues.
La reprise de contact avec la réalité libyenne que le reportage nous propose reste certes superficielle (l’émission étant par ailleurs diffusée dans plusieurs pays arabes de la région). Nulle allusion n’est faite aux années difficiles que la population vient de traverser et aux causes d’une telle situation. C’est une soirée ordinaire dans une ville méditerranéenne comme une autre ; des foules flânent à pied ou en voiture sur le avenues et les places, des familles viennent prendre l’air du bord de mer et promènent des enfants. Les manèges tournent, les terrasses de cafés sont emplies de consommateurs qui boivent du café, des sodas, fument des narghilés, des enfants jouent au football. Mais c’est peut-être précisément cette banalité quotidienne, cette ambiance familière que le reportage entend mettre en valeur, rappelant non sans justesse qu’en Méditerranée comme ailleurs, sous les étiquettes imposées par la violence des relations internationales, les sociétés se ressemblent beaucoup plus que ce que les affrontements internationaux donnent à croire.
Bibliographie
Burgat François, Laronde André, La Libye, Paris, Presses universitaires de France, 2003
Djaziri Moncef, 1996, État et société en Libye : islam, politique et modernité, Paris, L'Harmattan.
Haimzadeh Patrick, 2011, Au cœur de la Libye de Kadhafi, Paris, JC Lattès.