- (Silence)

- Second sujet que je propose à Alfred Grosser, les troubles en Arménie.

- Les troubles en Arménie soviétique vont-ils mettre en péril la politique de Mickaël Gorbatchev ?

- Ca c’est de la politique planétaire pourrait on dire.

- A Marseille les choses sont peut être senties différemment, parce qu’elles sont senties au cœur de chacun des Arméniens et ils sont presque 100 000 en Provence.

- (Musique)

- Agop Agobian, réfugié, né en 1913 à Géyvé, petit village arménien de la province de Nicomédie, aujourd’hui en Turquie.

- (Musique)

- En 1915 Agop avait deux ans.

- De toute la famille Agopian déportée et massacrée cette année là il est le seul survivant.

- (Musique)

- Moi j’étais sauvé par des missionnaires américains qui nous ont emmené à côté de Constantinople.

- Et après nous sommes restés là quelques années après on nous a apportés en Grèce dans l’île de Corfou.

- En 1923 on nous a envoyés avec 50 enfants tous ensemble au Canada.

- Je suis resté là 7 ans au Canada.

- On a travaillé sur le fer et en même temps je faisais mes études.

- Et qu’étais devenue votre famille ou du moins ce qu’il en restait ?

- Mon frère il s’est perdu je ne sais pas.

- Je l’ai cherché depuis 40 ans avec les journaux et tout ça et je ne l’ai pas trouvé je sais pas s’il est mort ou s’il est vivant.

- Je sais pas.

- En 1934 Agop retrouve son oncle établit en Ethiopie.

- Il s’y installe à son tour pour 40 ans.

- Mais en 74 l’Ethiopie change de régime.

- Dans la bourrasque Agob perd tous ses biens, il reprend le chemin de l’exil.

- Depuis, il est à Marseille.

- (Musique)

- Hovanes Balikian a 96 ans.

- Son village d’Anatolie, aujourd’hui turc, s’appelait Dusaçar du nom d’une mine de sel.

- A l’âge de 8 ans, Hovanes a vécu l’horreur.

- Ils étaient tous massacrés, et le lendemain ils ont dit venez enterrer vos morts.

- Et les femmes et les hommes étaient tous tués.

- Et les femmes allaient pour enterrer mais elles ne les reconnaissaient pas.

- A un il manque la tête, à l’autre le pied à l’autre il manque tout ils ont fait comme à l’abattoir.

- Et en pleurant ils ont retourné, moi j’étais jeune.

- (Musique)

- Agop et Hovanes, deux vies d’Arméniens de Marseille, deux témoins de douleurs d’un génocide oublié.

- (Musique)